Colette et Georges Tiret
Le corps humain est le siege de phenomenes electromagnetiques encore inconnus et dont nous ne percevons que certains effets sans en connaitre les causes. Notre ignorance de la vie cellulaire est telle que nous sommes, jusqu’a present, incapables d’expliquer en quoi consiste par exemple le sommeil, phenomene qui pourtant rythme notre existence journaliere, et que nous en sommes reduits a des hypotheses sur le fonctionnement des centres superieurs de notre systeme nerveux. L’homme demeure encore pour nous une enigme. Quant au probleme de la mort, il reste un sujet d’effroi.
Des siecles de recherches biologiques ne nous ont guere permis d’etancher notre soif de connaissance et force nous est de constater qu’en ce domaine tout special les techniques de laboratoire auxquelles nous avons eu jusqu’ici recours se sont revelees insuffisantes et ne nous ont permis que des progres extremement lents. N’est-il pas legitime, des lors, de se demander si nous ne devons pas reviser nos methodes de recherches ? N’y a-t-i1 pas, tout au moins, la possibilite de recourir a d’autres methodes d’investigations ?
C’est a cette interrogation que repond une discipline nouvelle, issue de l’experimentation mediumnique et qui, en tant que doctrine scientifique, Se donne pour objet essentiel l’etude des phenomenes electromagnetiques du corps humain et leur explication pas la recherche des lois qui les regissent. Sa methode d’investigation, essentiellement experimental, consiste a aller directement a la source puiser ses elements d’information dans un tete-a-tete particulierement audacieux, il faut en convenir, avec les forces intelligentes qui se revelent aux cours des manifestations psychiques.
Dans ce but, elle utilise les ressources d’un medium, c’est-a-dire d’un etre dont l’influx nerveux est tel qu’il lui permet, dans certaines conditions requises, d’emettre et de recevoir des ondes electriques en dehors de toute volition, autrement dit de se comporter comme un poste de radio.
Pourquoi se recrier ? Chaque etat presente ses anomalies et, de meme que l’entrainement de l’athlete aboutit a une hypertrophie de sa musculature, etat musculaire second, l’entrainement; du medium lui permet d’acceder a un etat psychique second susceptible de retenir au plus haut point la curiosite avide du chercheur. Dans cet etat second le medium, qui a pousse loin de lui une veritable antenne fluidique, parvient a prendre contact avec un monde different du notre, non soumis aux meme lois de la nature, et peuple d’etres avec lesquels il est possible de communiquer. Ces etres ont une existence reelle sans que cette existence soit concretisee par un corps semblable au notre. Leur forme nous demeure invisible parce qu’elle suppose, dans sa constitution intime, une gamme de vibrations que la retine humaine ne parvient pas a fixer. Quant a leur comportement, il varie a l’infini et parait dependre essentiellement de leur evolution spirituelle.
La difficulte, pour l’humain n’est point du reste de correspondre avec ces entites mais bien de faire un choix parmi elles. Il apparait bien vite a l’experimentateur que celles qu’il a generalement “ au bout du fil ” sont de la plus basse categorie et qu’il ne peut tirer aucun profit spirituel de leur commerce sinon celui de prendre conscience de la realite de la survie. On ne communique aisement qu’avec des entites inferieures, peut-etre parce qu’elles sont les plus proches de nous et errent dans notre atmosphere. C’est ce qui explique la mediocrite et la banalite de la plupart des communications spirites.
Mais si l’experimentateur sait s’imposer l’effort necessaire, s’il peut s’elever spirituellement, autrement dit s’il le merite, il parvient alors a atteindre d’autres couches de l’astral ou vivent des etres plus evolues. Plus ces etres sont evolues, plus il faut s’elever a eux pour obtenir leur audience. Autant les etres inferieurs paraissent desireux de se manifester a nous, autant les entites superieures nous temoignent un eloignement justifie sans doute par la vanite d’un pareil effort.
Cette audacieuse exploration de l’astral, si elle nous fait eprouver les emotions intenses de celui qui s’aventure sur la “ terra incognita ” a egalement le merite de constituer une methode scientifique puisqu’elle repose essentiellement sur l’experimentation et que les resultats apparaissent constants quelles que soient les conditions de temps et de lieu dans lesquelles on opere.
La science psychique n’a pas un siecle d’existence et ces adeptes ont paye a l’origine le lourd tribut de sarcasmes inflige de tous temps aux precurseurs. D’ores et deja cependant, les concepts qu’elle revele aux chercheurs sont de nature a faire craquer le cadre de nos connaissances biologiques. Depouillee de toute religiosite, elle apparait comme une science d’avant garde dont l’objectif essentiel est la decouverte du fait nouveau pour permettre ensuite au biologiste et au physicien d’en controler plus aisement la realite par un travail de laboratoire.
Mais si l’investigation mediumnique aide au progres des sciences en eclairant au loin la route du chercheur, elle est etroitement solidaire des autres branches de la connaissance dont les progres, a leur tour, la fortifient sans cesse. La decouverte des ondes hertziennes et de la television, les etudes recentes sur l’influx nerveux, les speculations sur la desintegration de l’atome, toutes ces pages nouvelles du progres viennent, les unes apres les autres, demontrer l’admissibilite, ou meme la realite suivant le cas, de phenomenes que la recherche psychique, depuis longtemps deja, avait mis en avant.
En un siecle ou la structure de l’atome revele la plus tourbillonnante des energies dans l’infiniment petit de la matiere, il n’est plus possible de nier a priori qu’un champ electromagnetique puisse survivre a la destruction des cellules qu’il enserre — ce qui est le fondement meme de la survie — ou que les neurones de l’encephale puissent emettre et recevoir des ondes electriques — ce qui explique nos rapports radiants avec le monde desincarnes.
Nous commenqons a soupqonner que nous vivons dans un Univers uniquement compose d’ondes, nous commenqons a comprendre que nos sens de la vision, du toucher, ne nous donnent du decor de la vie qu’une image apparente, qu’il n’est plus possible de se refugier dans un materialisme trompeur alors que la matiere, en apparence la plus inerte, n’est qu’une masse grouillante de particules electriques en mouvement. Le merite de la science psychique est de nous faire entrer de plein pied dans ce domaine des radiations et de tendre constamment ses efforts en vue de jeter un pont entre la matiere et l’esprit.
La premiere interrogation que nous sommes amenes a poser, par la force meme des choses, aux entites lors de l’experimentation est de savoir si l’ame represente une realite et si elle survit a la mort du corps. La reponse est invariablement affirmative. Il est par contre tres difficile d’obtenir des renseignements sur la nature “ physique ” de l’ame et sur son comportement dans l’au-dela. Il faut bien comprendre en effet qu’en tant qu’etres incarnes, nous vivons dans un moule a trois dimensions — celles du volume — et que notre intelligence est rivee a la cellule animale.
Nos concepts de la matiere, du temps, de l’espace sont purement relatifs, valables pour notre seul milieu, en un mot a l’echelle meme de notre structure organique. Il faut donc a l’experimentateur une longue perseverance et surtout un grand effort d’abstraction pour parvenir a traduire, dans un vocabulaire imparfait, les reponses qui sont faites a ses pressantes interrogations.
L’on a pris l’habitude, en psychisme, de definir le perisprit comme l’enveloppe fluidique de l’ame. Ce n’est en realite qu’une commodite de langage car perisprit et ame ne font qu’un. Mais nous nous representons mieux l’ame, semble-t-il, en lui donnant ainsi un support physique que nous detachons de son abstraction pour les besoins de la cause.
De toute faqon, l’experimentation mediumnique nous revele que le perisprit survit a la mort du corps et qu’il affecte ordinairement une forme ovale qui rappelle les contours humains.
Tout ce que nous pouvons concevoir de lui est qu’il constitue un champ electromagnetique dote par consequent de deux poles, l’un positif, l’autre negatif Ces poles se situent vers son sommet et sont relies entre eux par les lignes de forces qui apparaissent dans tous les phenomenes d’aimantation.
Consequence du phenomene d’aimantation, un courant electrique d’induction parcourt le perisprit en circuit ferme. Courant ascendant dans la partie positive du champ, descendant dans sa partie negative. Courant giratoire et continu qui vibre ainsi perpetuellement en circuit ferme.
Champ magnetique et giration incessante, nous retrouvons ainsi pour le perisprit ces deux verites premieres qui sont a la base de tous les phenomenes de la nature, depuis l’infiniment petit de la matiere, avec la gravitation des electrons au sein de l’atome, jusqu’a l’infiniment grand du cosmos, avec la valse inlassable des planetes autour d’un proton solaire.
Mais le perisprit represente une valeur sans cesse en accroissement en ce sens qu’il est soumis, au cours de sa vie astrale, a une loi de poussee, d’evolution dont l’ampleur lui permet, simple monade electrique a ses origines, de retourner, apres des millenaries, accru, magnifie au sein de Dieu. Cette loi d’evolution le fait passer alternativement de l’etat etherique a l’etat incarne et vice versa. Ce sont la les deux temps d’un mouvement continu de poussee, de progres qui meut le perisprit au cours du cycle de ses reincarnations.
Il est certain qu’Henri Bergson ne croyait pas si bien dire lorsqu’il comparait la vie a une creation qui se poursuit sans fin en vertu d’un mouvement initial. Et comme nous sommes loin de soupqonner l’interdependance de ces deux milieux dans lesquels fame plonge tour a tour au rythme de la naissance et de la mort des cellules qu’elle anime ! Nous ne percevons de la vie, nous humains, que son reflet, sa projection dans le monde sensible. Ainsi le poisson conqoit seulement la partie immergee de la roue du moulin.
Autre constatation non moins remarquable : au cours de son evolution astrale le perisprit augmente de volume et diminue de densite. Loi paradoxale certes, a premiere vue, que celle ou le volume augmente lorsque la densite s’allege. D’autre part le nombre des cellules electriques s’accroissent avec le volume, les radiations qui emanent du perisprit sont de plus en plus fortes, ce qui equivaut dans le monde desincarnes a une luminosite de plus en plus intense. Nous comprendrons ainsi pourquoi, dans certains de leurs messages, les desincarnes nous declarent ne pouvoir supporter l’eclat de certaines entites qui s’approchent d’eux.
Le croquis ci-contre1, obtenu par l’intermediaire d’un medium an cours d’une seance d’experimentation, illustre parfaitement ce qui vient d’etre dit. Le croquis de gauche (petite forme sombre) represente un perisprit au debut de son evolution dans le cycle humain. Il n’a encore vecu que quelques vies humaines au sein d’une tribu primitive. Tout proche de son ascendance animale, il est mu, avant tout, par des instincts naturels, simples et brutaux. Ce perisprit est petit et lourd, de lui n’emane presque aucune luminosite. Son contour exterieur rappelle tres sensiblement la forme du corps humain qui fut sa derniere incarnation.
Le croquis de droite (grande forme plus claire) represente ce qu’est devenu le meme perisprit apres 800 ou 900 vies successives, c’est-a-dire apres un saut dans le temps qui l’approche de la fin de son evolution. Arrive a ce stade, son champ magnetique est environ quatre fois plus volumineux que precedemment. Sa densite s’est considerablement allegee et il emane de lui une intense luminosite. Sa forme n’a plus aucun rapport avec celle de l’humain ce n’est plus qu’une fluidite ovale, renflee par endroits et qui, du reste, sous la puissance de son desir createur, peut alors prendre toutes les formes, revetir tous les aspects.
Dans le premier cas nous avions donc pour le volume, la densite et la luminosite le rapport suivant : V +D = 1. Dans le second cas, la formule devient : V+ d = L
C’est du reste ce rapport volume - densite de notre champ magnetique qui, selon les desincarnes, determine l’espace sideral dans lequel, automatiquement, notre ame a la possibilite d’evoluer apres la mort, espace qui s’analyse lui-meme en une portion du champ magnetique du cosmos.
Ensemble de vibrations, le perisprit retrouve alors son milieu propre, essentiellement electrique ; il est adapte au milieu. Au contraire, la vie cellulaire ne peut se concevoir en dehors de l’atmosphere protectrice d’une planete en raison du froid intense, voisin du zero absolu, de l’espace et des rayonnements ultra violets et cathodiques destructeurs de tout germe vegetal et animal.
Nous avons dit, plus haut, que le perisprit etait assujetti a une loi d’evolution qui le faisait passer alternativement de l’etat etherique a l’etat incarne et vice-versa. Toujours grace aux donnees de l’experimentation psychique, nous allons, maintenant nous efforcer de decrire ce double phenomene par lequel le perisprit s’incarne au corps pour ensuite se desincarner.
Le phenomene d’incorporation est celui que nous appelons, nous humains, la naissance. Pour le perisprit, au contraire, cette descente dans la chair equivaut a la mort car il quitte alors son milieu propre, etherique.
Sous l’empire de quelle force, de quelle loi naturelle le perisprit est-il ainsi amene a changer de milieu ? Prenons le cas d’une ame moyenne. De par le volume de son champ et de son poids, elle evolue dans l’astral a un niveau intermediate et ses possibilites d’action - immenses par rapport a nous, humains - sont neanmoins limites comparativement a d’autres entites, tant il est vrai que tout est relatif. Ce que nous appelons le temps s’ecoule et le futur, qui est deja cree sous forme d’energie cosmique, fait sans cesse defiler, dans l’espace astral que notre ame hante, les destins auxquels elle peut pretendre.
Elle contemple d’abord avec indifference, inertie, ces schemas sur lesquels, une fois incarnee, elle pourrait broder avec son libre arbitre une vie de plus dans la longue chaine de ses existences anterieures. Un jour pourtant l’interet s’eveille. L’entite se souvient de la terre. Elle pense qu’il y avait malgre tout certaines joies, qu’elle pourrait choisir tel destin ou tel autre et qu’a sa desincarnation elle pourrait ainsi monter plus haut, se trouver mieux placee sur cette echelle astrale dont elle n’occupe, pour le moment, qu’un degre moyen.
Bref, curiosite des choses de la Terre, vieux souvenirs mal reveilles et puis surtout loi devorante du mieux.
Instinct createur puissant, l’equivalent de l’instinct de conservation chez l’etre incarne. Mieux faire, devenir meilleur, loi morale. Reconsiderer l’endroit ou l’on vegete, contempler au-dessus de soi des etres infiniment plus aeriens et souffrir de son poids, en souffrir comme souffre dans la chair un homme blesse, souffrir de son poids, en souffrir comme d’un mal physique. Ressentir son poids : inexplicable pour nous, telle est la loi naturelle de la reincarnation obligatoire.
L’entite veut s’elever, elle n’y parvient pas et son essence s’en trouve meurtrie. La souffrance devient insupportable. Il lui apparait maintenant que ne plus progresser, c’est dechoir. Il lui faut abreger ce supplice a la fois physique et moral.
Vite, Psyche, penche-toi sur ce futur qui s’offre a toi. Es-tu courageuse ? Les plus diverses epreuves se presentent a tes sens aiguises. Certes, c’est ta souffrance que tu vas designer, mais tu le sais, tu as la merveilleuse connaissance. Tu sais que tu iras ensuite plus haut, plus pres de ce foyer divin auquel tu aspires sans cesse. Et qu’est-ce en somme qu’une vie humaine, meme penible ou lamentable ? Un instant dans l’infini de la nature, le temps pour une perle de rosee de devenir etale et d’etre a nouveau absorbee par la terre nourriciere.
Avec sa connaissance, Psyche a accepte, a desire revivre et bientot sa reincarnation va assombrir son universelle intelligence.
Nous avons pris, jusqu’ici, le cas d’une ame deja evoluee. Pour elle le choix du destin constituait un grave probleme sur lequel elle s’est longuement penchee, choisissant avec soin sa condition sociale, ses epreuves, son milieu en harmonie avec ses affinites. Rien de tout cela pour une ame basse au debut de son evolution. La vie etherique ne presente pour elle qu’un interet tres relatif ; son champ magnetique n’est pas epanoui et ne participe qu’imparfaitement aux possibilites de son milieu. Loin des radiations qui baignent les autres perisprits, elle veut sortir de l’opacite dans laquelle elle vegete. Elle n’a guere le choix de son destin. Du reste, l’appel de la chair est tres vif en elle et elle se rue a la vie.
Arrivons-en, maintenant, au phenomene proprement dit de l’incorporation du perisprit lors de la naissance d’un etre. Il convient de distinguer deux phases : la phase prenatale et celle post-natale.
1. La phase prenatale. Le perisprit commence a guetter sa future mere, a hanter son milieu. Vers le quatrieme mois de la gestation, il commence a penetrer, d’une faqon intermittente, dans le corps de la mere, a habiter le fetus, a en surveiller la formation, a s’habituer en un mot a sa future demeure. Il en eduque peu a peu le systeme nerveux, le fait mouvoir et l’on enregistre alors les premiers tressaillements.
Cette phase prenatale s’analyse en un bain fluidique du fetus, de l’exterieur. Mais le fetus est encore trop petit pour contenir le perisprit, d’ou obligation pour le champ magnetique de l’ame de se former en long cordon fluidique, de s’amincir en fuseau dont une extremite, penetrant par les fosses nasales ou la bouche de la mere, parvient au fetus, l’enveloppe, l’oblige a essayer ses fonctions balbutiantes.
C’est une periode ingrate pour l’ame, rebutante meme en raison de la paresse de cette chair presque inerte qui baigne dans des humeurs qui amoindrissent le pouvoir fluidique de cette fraction du perisprit. Le champ magnetique vibre toujours en circuit ferme mais sa continuite est alteree par les agitations de la mere, par son influx personnel, d’ou interferences qui entravent l’action dans le fetus.
De preference l’ame choisit la nuit, ou le sommeil de la mere permet un travail plus facile, plus rapide, plus efficace. Le role du perisprit, dans cette premiere phase, est essentiel : il consiste a veiller a la conformation du fetus et de la plupart des cas les enfants qui naissent anormaux sont ceux qui n’ont pas ete visites assez tot par leur ame indifferente ou qui s’est derobee a sa tache.
D’autre part, c’est par cette intermittente habitation du cerveau que le perisprit connait sa futur demeure et s’habitue au mecanisme complexe des centres nerveux de l’encephale.
2. La phase post-natale. Le perisprit qui est frequemment entre dans le fetus lors des derniers delais le separant de la naissance, est le plus souvent dans le corps du nouveau-ne lors de l’accouchement. Il anime de la sorte cette chair neuve de soubresauts qui aident la delivrance. Ce n’est point obligatoire mais peu de perisprits, parait-il, se derobent a ce devoir.
Si le petit corps n’est pas habite par son ame avant de voir le jour, des la manifestation de la vie, le perisprit s’incarne en lui en penetrant par le nez ou la bouche longuement ouverte car l’enfant crie toujours en naissant. Il envahit alors l’encephale, son habitat le plus intime, puis, glissant sur la double chaine des ganglions du grand sympathique auxquels il “ noue ” son champ magnetique, il se repand dans l’ensemble du systeme nerveux cerebro-spinal.
Mais cette incarnation n’est pas encore definitive et l’ame va profiter des longs sommeils de l’enfant pour quitter ce petit corps vagissant qui ne la tente guere encore. Apres le douzieme ou le dix-huitieme mois au plus tard, elle ne se retire plus que la nuit. Puis, peu a peu, ses possibilites anciennes s’affaiblissent, elle perd le souvenir de sa vie astrale avec les exigences accrues d’une vie cellulaire plus active. L’evasion de sa demeure charnelle ne sera plus, bientot, qu’un phenomene accidentel de sa vie terrestre.
S’en est fini avec ce stade transitoire et vraiment singulier au cours duquel le perisprit, aux frontieres de la vie etherique qu’il ne parvient pas a oublier, s’accoutume progressivement aux manifestations premieres de son existence humaine.
Il va maintenant recommencer une fois de plus, et sans meme s’en douter, les gestes millenaires.
Sur le canevas de son destin il va, de son libre arbitre, broder une nouvelle vie humaine. Et cette broderie sera plus ou moins reussie.
Avant de renaitre, au verso de la vie, il avait choisi son destin de chair. Durant son incarnation il va creer par son comportement, le climat futur de sa vie etherique.
Et nous voici maintenant, au second temps du mouvement evolutif du perisprit, c’est-a-dire au phenomene de desincarnation par lequel, de nouveau, le perisprit va changer de milieu. Apres la naissance, la mort.
Nous sommes amenes, pour ce phenomene inverse du premier, a nous poser la meme interrogation. Sous l’empire de quelle force, de quelle loi naturelle le perisprit est-il ainsi amene a retrouver son ancien milieu ? Nous ne percevons que ce que nos sens nous permettent de deceler. Le probleme de la vie nous echappe parce que nous n’avons pu encore detecter l’apport energetique exterieur qui le conditionne. La force vitale cependant ne peut se manifester, ni meme se concevoir, sans la conjonction des radiations cosmiques et du plasma de la cellule, sans cette impregnation, ce bain energetique dans lequel la vie grouille, larvaire ou sublimee par l’esprit.
Le futur est deja cree, avons-nous dit plus haut, et avant de renaitre a la vie cellulaire l’ame a choisi son destin. Comprenez par-la qu’elle s’est branchee a ces radiations cosmiques qui vont determiner les etapes principales de son existence humaine et notamment l’epoque de sa mort.
La mort survient lorsque la pile humaine est debranchee, autrement dit lorsque les radiations energetiques du futur, du destin ne prodiguent plus leur charge indispensable, ne l’alimentent plus. Il s’agit la, au demeurant, d’un phenomene fort complexe qui meritera ulterieurement notre attention.
Nous allons envisager le cas le plus frequent : la mort d’un etre apres une maladie de quelques jours. L’ame sait qu’elle doit partir et le corps voit decroitre son potentiel electrique, energetique.
Le perisprit doit se separer de la chair, s’arracher aux fibres nerveuses qu’il tapisse suivant un processus inverse de celui de la naissance, c’est-a-dire en remontant la double chaine ganglionnaire du grand sympathique pour ne quitter l’encephale qu’en dernier lieu. Le corps, malade, est secoue par la douleur ou affaibli par le jeune ou la fievre, et l’ame va guetter chacune de ses defaillances pour saisir le moment opportun de son evasion. Elle a commence a percevoir l’infini et ses sens de l’au-dela s’eveillent a nouveau. Elle prend peu a peu en horreur ce corps qui constitue une entrave, un poids avilissant.
D’une part elle perqoit des desincarnes qu’elle avait aimes au cours de ses vies anterieures et qui se sont reunis au-dessus d’elle pour l’accueillir, d’autre part elle est en lutte avec ses appetits terrestres qu’elle n’a pas encore perdus et elle contemple avec emotion ceux qu’elle va quitter et dont la douleur la freine.
L’ame est lourde, tiraillee, douloureuse : les soubresauts du corps la genent. Le coma s’annonce ; il s’accompagne d’un grand malaise physique, de nausees, de sueurs, de vertiges. C’est la derniere lutte de l’ame qui doit s’evader de sa prison charnelle, qui s’affaire pour partir, qui guette le moment propice.
Le corps etant generalement horizontal, le champ magnetique du perisprit se deforme, s’etire en un fuseau de molecules electriques et cherche l’issue la plus favorable : la bouche ouverte, les narines, les oreilles ou les yeux, mais toujours le haut du corps. Le faisceau s’eleve. Parfois derange par les soubresauts de la chair, il rentre a nouveau puis recommence son operation de sortie.
Enfin, apres un arrachement qui est peut-etre la sensation la plus concrete, la plus physique a laquelle l’ame participe, le champ magnetique en entier parvient a s’evader, abandonnant ce corps en coma qui se debat dans son rale et ses spasmes, consequence de la deflagration electrique des cellules qui se vident brusquement en expulsant leur charge.
Alors le perisprit, delivre, se dilate. Il flotte, horizontal, quelque temps au-dessus de son corps et du cercle familial. Un cordon fluidique le relie parfois a son corps et finit tot ou tard par se rompre. Le perisprit a repris une forme dont les contours rappellent ceux de l’humain et dans cette enveloppe fluidique la pensee demeure. Enfin il s’eleve, vertical. Une veritable force l’aspire. Accompagne generalement d’autres entites qui sont venues l’accueillir, il monte dans l’ether jusqu’a ce que sa densite s’accorde avec celle de son milieu naturel. Sur la lutte et l’ennui, Psyche a clos ses yeux de chair. Hors des griffes du temps et des douleurs humaines, de nouveau heureuse et sereine, elle participe a l’infini.
Depuis l’infiniment petit, avec la ronde inlassable des electrons au sein de l’atome, jusqu’a l’infiniment grand, avec la gravitation des planetes autour du soleil, tout n’est que giration, giration perpetuelle et de tout car tous les phenomenes grands et petits presentent le meme support : le champ magnetique clos et vibratoire. Ne doutons pas que le concept du champ finira, dans quelques generations, par constituer le phenomene de base, en physique comme en biologie, et qu’il symbolisera, par ses lignes courbes, le probleme de la connaissance.
L’etre humain n’echappe pas a cette regle universelle et, tout comme la cellule animale dont il est forme, constitue, lui aussi, un champ magnetique clos et vibratoire. On est parvenu en biologie, grace au myographe, a mesurer la vitesse de propagation dans un nerf du courant electrique qui le parcourt et que l’on a pris l’habitude d’appeler l’influx nerveux. Mais l’ensemble du phenomene echappe encore a nos investigations classiques de laboratoire.
L’experimentation mediumnique nous permet de faire un pas en avant dans le domaine en nous revelant que cet influx n’est autre que l’electricite humaine et qu’il se presente sous la forme d’un vaste circuit qui parcourt tout le systeme nerveux. Il emane de l’encephale qui, avec ses cellules superieures et ses neurones, constitue par excellence la centrale electrique, la dynamo du corps humain.
Pour mieux situer ce phenomene electromagnetique parmi ceux du meme ordre qui regissent le corps, il nous faut, tout d’abord, rappeler que la vie n’est possible que grace au perisprit qui tapisse le systeme nerveux de son reseau fluidique. Sans lui, le corps ne serait qu’un amas de chair inerte. Le perisprit, nous l’avons vu, constitue un champ magnetique qui comporte un pole positif et un pole negatif relies entre eux par les lignes de forces habituelles dans tout phenomene d’aimantation. Du fait de cette aimantation, le perisprit est parcouru par un flux electrique induit en circuit ferme.
L’integration du perisprit au corps, lors de la naissance, a pour effet de doter ce dernier des deux poles dont il vient d’etre question. Au niveau de l’epaule droite, nous trouvons le pole positif ; au niveau de l’epaule gauche, le pole inverse, c’est-a-dire negatif. Les lignes de force reliant les deux poles debordent du corps humain comme elles debordent des contours du perisprit. Mais alors que dans le perisprit nous trouvions un courant induit en circuit ferme, ascendant dans la partie positive du champ et descendant dans la partie negative, l’influx nerveux du corps humain tourbillonne en sens contraire.
Pour resumer, nous dirons qu’une double cause produit un double effet. D’une part l’aimantation bipolaire du perisprit produit un courant induit dans un sens determine, d’autre part l’integration du perisprit au corps produit un influx reflexe, emanant du systeme nerveux proprement dit en sens inverse du precedent.
Analogie curieuse avec la circulation sanguine arterielle et veineuse, les fluides du corps humain presentent deux coloris distincts : rougeatre pour l’influx positif de droite, bleuatre pour L’influx negatif de gauche.
Le systeme nerveux n’arrive du reste pas a contenir son energie electrique et l’influx s’irradie autour du corps, le baignant d’une couche electrique qui presente en moyenne quatre ou cinq centimetres d’epaisseur. Le corps se trouve ainsi enveloppe d’un flux etherique legerement ondule et qui en epouse les formes. Veritable brouillard de molecules electriques qui se deplacent dans un sens giratoire immuable.
Inexistant dans le fetus ou l’influx de la mere y supplee, faible chez les enfants, l’electricite humaine n’acquiert son potentiel normal que vers la quinzieme annee, c’est-a-dire avec le plein developpement du systeme nerveux. Elle est, du reste, etroitement solidaire de ce dernier et l’usure nerveuse qui se manifeste lors de la vieillesse fait decroitre l’intensite de l’influx. La pile humaine est alors sur le point de s’epuiser. De meme, pendant la maladie, l’influx nerveux se modifie, s’affaiblit. De meme encore une blessure, un choc, du fait de la meurtrissure des terminaisons nerveuses de l’epiderme, amenent une perturbation correspondante de l’influx. De meme aussi chaque emotion profonde de l’etre se traduit par la precipitation de la giration de l’influx en mouvement plus ou moins desordonnes. Un influx rayonnant de radiations regulieres traduit l’equilibre physiologique du corps et procure cette sensation de chaleur, de bien-etre qui est le propre de la joie de vivre.
Ainsi qu’il est facile de le constater, cette couche vibrante est extremement sensible et permit l’approche de celle emanant d’un autre etre. Les individus se comportent a cet egard comme des appareils electriques qui reagissent mutuellement des qu’on les met en contact.
Chez l’animal, le phenomene de l’influx nerveux se presente egalement, avec son meme systeme giratoire et ses memes poles. Bien entendu son intensite est proportionnee au developpement du systeme nerveux des differentes especes. Chez le vegetal, le phenomene ne se manifeste, tres faiblement, que pour certaines plantes proches de l’animalite.
Le phenomene de l’influx nerveux que nous venons d’etudier est ainsi qu’on a pu le constater, un phenomene etranger a la volition. Tout comme notre creur ou nos poumons fonctionnent sans que nous ayons a nous en occuper, notre systeme nerveux produit son flux electrique indispensable a la manifestation de la vie.
Nous arrivons maintenant a un phenomene qui s’apparente au precedent mais qui est cependant d’un ordre different car il suppose une volition. C’est celui qui consiste pour l’etre humain a emettre des radiations ou plutot des trains d’ondes.
Ces ondes, d’origine nerveuse egalement, sont emises par l’epiphyse ou glande pineale, petit corps loge pres du cervelet dans l’isthme de l’encephale. Cette glande, alimentee en electricite par le cervelet tout proche, se comporte tel un poste emetteur de radio. Ses trains d’ondes sont tantot de signe positif tantot de signe negatif, suivant le resultat de la volition ou la nature des sentiments qui affectent l’individu. Ces radiations ont, bien entendu, une frequence essentiellement variable selon les individus, leur potentiel electrique et les pensees qui les agitent.
Particularite a noter, l’emetteur humain ne se declenche que s’il voit ou imagine un recepteur humain. A ce point de vue, le phenomene s’apparente a celui de l’aimantation : l’onde quitte la glande pineale et part en fleche vers le poste recepteur a atteindre qui seul la captera.
Les rapports entre individus, les sentiments qui les agitent peuvent etre ainsi etudies sous cet angle tres objectif de leurs echanges d’ondes. Nous entrons dans une piece ou nous attendent des gens qui nous sont hostiles ; des notre arrivee, ils emettent des ondes courtes, positives et negatives, les positives destinees au cote droit de notre corps — le positif —, les negatives destinees au cote negatif de notre influx. Choc des deux electricites de meme signe qui se repoussent. A notre tour, presque inconsciemment et par reaction, nous emettons des ondes semblables qui produisent les memes effets sur les etres qui nous font face. Sentiment de malaise, d’antipathie ; nous nous repoussons physiquement, c’est le mot propre, par nos seules ondes.
Imaginons, par contre, une femme et un homme cote a cote ; ils sont attires par un desir reciproque. Leurs influx nerveux sont en contact. Ces deux etres vont emettre tous deux des ondes d’appel, positif vers negatif, negatif vers positif, leurs radiations vont s’entrecroiser, la couche vibrante de leur influx va tourbillonner plus intensement tout en frolant celle de l’etre qui lui fait face. Crepitements, etincelles, perception du desir, sensation de chaleur, chocs electriques tres nettement ressentis.
Mais ces phenomenes peuvent revetir un aspect encore plus general de phenomenes radiants collectifs. Deux conditions sont necessaires qui sont generalement reunies dans une salle de concert ou une eglise : 1) une reunion plus ou moins nombreuse d’individus dans une salle close ; 2) une emotion commune ou un recueillement general, c’est-a-dire un etat d’ame unifie. Ainsi, dans une salle de concert, l’assistance recueillie ecoute une oeuvre musicale d’un de nos grands maitres. Dans la penombre, l’emotion finit par etre commune et les assistants emettent des radiations qui forment au-dessus de la salle une nappe oscillante dont le fin brouillard electrique va retomber en pluie sur les auditeurs, baignant le contour de leur influx nerveux et procurant cette joie a la fois douce et grave que nous connaissons bien.
Meme phenomene a l’eglise si l’assistance est vraiment recueillie. Il se forme, au-dessus des fideles en priere, une nappe d’ondes vibratoires qui represente la projection etherique de leur etat d’ame et dont l’effet calme et bienfaisant sera particulierement ressenti. Le phenomene collectif pourra meme atteindre un particulier degre de puissance, de violence meme si, a l’appel mystique de la priere, se joint l’harmonie des orgues qui va en s’amplifiant sous les hautes voutes du temple. L’effet psychique sera tel qu’il sera ressenti par ceux des assistants qui assistaient seulement en curieux a la ceremonie religieuse ;
Meme phenomene, encore, de projections radiantes autour d’une table de jeux, a la roulette par exemple. La salle finit par etre baignee du potentiel electrique degage par les joueurs qui pensant avec intensite a un chiffre sur lequel ils ont mise, emettent des radiations, projettent la “ forme-pensee ” de ce chiffre et peuvent, dans cet etat psychique si particulier qui est la transe du joueur, ressentir intuitivement ce qui va se passer et etre ainsi favorises par la chance.
Ce phenomene de projections radiantes a, certes, de quoi nous surprendre. Mais s’il exige, pour se produire dans notre milieu humain, la reunion de conditions propices, il constitue, par contre, un des elements essentiels de la vie du desincarne. Nous verrons, en effet, a propos du comportement de l’ame dans l’au-dela, que l’astral est le monde des formes-pensees, des etats de conscience concretises en ce sens que l’etre etherique, consciemment ou inconsciemment, exteriorise ses sentiments, ses desirs sous forme de projections psychiques et qu’il s’entoure ainsi d’un decor de materialisations plus ou moins ephemeres qui sont le reflet de ses propres sentiments, de ses propres desirs.
La mediumnite, cet etat psychique si discute sur lequel reposent la plupart des experiences de spiritisme, n’est en realite qu’un des aspects des phenomenes electromagnetiques sur lesquels nous venons de porter notre attention. L’homme est une machine electrique ou les phenomenes d’aimantation bipolaire s’accompagnent, nous l’avons vu, de courants induits et reflexes vibrant en sens contraire. La mediumnite est l’etat que presente cette meme machine lorsqu’on la branche sur un courant qui lui est etranger. Les organes des sens se trouvent alors impressionnees par des vibrations electriques en provenance d’un foyer d’energie exterieur au sujet. Nous definissons donc le medium en le comparant a un appareil electrique marchant indifferemment sur deux courants, le sien ou celui d’une entite.
Nous savons en quoi consiste l’influx nerveux et la forme qu’il affecte ordinairement. Nous savons egalement que l’etre emet et capte des radiations. Mais, jusqu’ici, nous n’avons envisage que la nature habituelle de ces phenomenes inherents a la vie du corps. Chaque etat, pourtant, comporte ses anomalies et ces dernieres, comme c’est le cas, sont parfois plus interessantes a observer, de par les possibilites qu’elles presentent.
La mediumnite, qui suppose une certaine puissance fluidique chez le sujet, mais qui peut-etre egalement le resultat de l’entrainement, de l’exercice, consiste en un recul du “ moi ” qui n’existe plus que pour projeter son appel vers l’au-dela, pour se retirer en partie du corps et laisser ainsi a une autre entite le libre jeu des centres superieurs de l’encephale.
Sous l’effet de cette volition intense du sujet, l’influx nerveux commence par osciller autour des poles, puis se retracte de plus en plus vers le haut, finissant par disparaitre du contour general du corps pour rayonner autour de la tete en un faisceau fluidique qui se projette vers le haut ; veritable antenne humaine, apte alors a emettre son appel et a capter les radiations qui lui seront transmises.
Les entites desincarnees sont alertees par l’appel psychique, les radiations emises par le medium. Pour etablir le contact avec l’antenne humaine, le desincarne, lui aussi est oblige de recourir a un processus electrique. D’une part, il se branche sur la “ masse ”, autrement dit sur le champ electromagnetique cosmique, et, d’autre part, il deploie a son tour son antenne vers l’humain, c’est-a-dire qu’il dirige vers lui le faisceau de ses radiations.
Grace au medium, la communication entre les deux milieux — incarne et desincarne — est desormais possible ; il se produit alors les manifestations classiques habituellement obtenues au cours des experiences. Pour prendre seulement l’exemple de l’ecriture mediumnique, le cerveau du medium se trouve suggestionne, eclaire par une pensee qui n’est pas la sienne. Le desincarnes transmet sa pensee par des radiations qui impressionnent les centres cerebraux du sujet qui ecrit mecaniquement. On a pu dire, avec justesse, que le medium en etat de receptivite, c’est-a-dire de complete atonie mentale, reqoit rapidement des intuitions qui traversent sa pensee et l’illuminent comme des phares dans la nuit.
Les phenomenes mediumniques affectent les formes les plus diverses : tables tournantes, apparitions, materialisations, bilocations, incorporations, phenomenes auditifs, levitations, telepathie, radiesthesie. Nous avons eu l’occasion de les etudier dans un ouvrage precedent . Ils trouvent toutes leurs explications dans les phenomenes radiants du corps humain et nous n’en reprendrons pas l’etude ici. Ils exigent tous la presence d’un medium.
Dans cet etat psychique second, l’etre accede a la connaissance directe en ce sens que son ame, par une evasion plus ou moins complete de sa prison charnelle, recouvre en partie ses possibilites premieres et reprend contact avec son milieu propre et etherique que nous qualifions d’au-dela. C’est par ce processus 2 Le Monde In-visible vous parle, Vigot d’initiation qu’au travers de l’histoire des peuples de puissants mediums, inspires par des entites desincarnees parviennent a fonder des religions dont les preceptes s’inspirent, tous d’une verite premiere et unique, plus ou moins deformee, toutefois, par la personnalite de chaque medium. D’autre part, les enseignements ainsi reveles etaient essentiellement conqus pour un etat social determine, pour un certain degre de spiritualite et il est certain que la meme verite, les memes lois naturelles ne pouvaient etre revelees, expliquees il y a 2000 ou 8000 ans, epoques ou l’on ignorait que la Terre etait ronde, de la meme maniere qu’elles pourraient l’etre de nos jours ou nous manipulons la force electrique et parvenons a desintegrer l’atome.
Ainsi que nous venons de le voir, le corps humain produit son flux electrique indispensable a sa vie cellulaire, emet et reqoit des radiations qui sont les manifestations de sa vie consciente et de sa vie psychique. Avec l’aura apparait un phenomene electrique d’un nouvel ordre mais qui s’apparente neanmoins aux precedents du fait qu’il est fonction, lui aussi, de l’aimantation du perisprit integre au corps. Toutefois, alors que l’influx nerveux est une emanation du corps inherent au systeme nerveux, l’aura est une emanation de l’ame. Elle provient, en effet directement du champ electromagnetique du perisprit dont les lignes de force bipolaires s’exteriorisent du corps.
L’aura est visible de face et constitue en quelque sorte la toile de fond du corps humain. Elle baigne le contour du corps d’une couche vibrante qui s’exteriorise bien plus loin que l’influx nerveux puisqu’elle atteint pres de 20 centimetres autour de la tete et des epaules. Puis elle va s’amincissant pour finir en fuseau a la hauteur des chevilles.
Les radiations qui composent l’aura sont de couleurs variees et differentes suivant le sujet. L’aura la plus repandue est celle comprenant trois on quatre couches de radiations superposees et diversement colorees, bleues, rouges et beiges par exemple. Il existe aussi des auras qui comportent une seule couleur ou, au contraire, toute une gamme de couleurs melangees et changeantes.
Le medium parvient a percevoir tres nettement les coloris de l’aura et l’experimentation psychique en est arrivee, par cette voie, a classer les individus d’apres la coloration des radiations qui emanent d’eux. C’est ainsi que les couleurs violentes sont le signe d’une ame encore fruste et dominee par ses defauts, alors que les auras nuancees et pales denotent une ame evoluee en voie de terminer le cycle de ses reincarnations. On peut meme faire un rapprochement entre les couleurs que l’aura revele et les qualites et defauts du sujet ou les passions qui l’agitent. Sommes-nous en colere? Nous emettons des radiations rouges, preuve irrefragable de notre violence, meme passagere... Traversons-nous au contraire une periode de spiritualite ? Notre aura se teinte de bleu pale, cette couleur qui denote un esprit choisi a l’ame haute. Si l’ignorance et la betise caracterisent un sujet, soyons persuades que l’examen de son aura fera apparaitre des radiations vert sombres. L’aura constitue ainsi le test infaillible de la valeur de l’ame et tous les sentiments, meme les plus refoules, sont reveles sur cet ecran lumineux de notre vie psychique.
Au fur et a mesure que chacun de nous, dans la longue chaine de ses vies successives, approche de la fin de son evolution terrestre, les teintes de l’aura s’estompent, se fondent peu a peu en une nuance indecise pour ne plus enfin constituer qu’un halo blanc, d’une grande luminosite, qui s’irradie loin autour du corps. Souhaitons-nous donc, le plus rapidement possible, cet apanage de la perfection et de l’equilibre de l’ame enfin pure et sereine.
Nous avons dit plus haut que ces radiations emanent du champ electromagnetique du perisprit. Lueur de l’ame, l’aura n’apparaitra donc, a la naissance, qu’avec l’entree momentanee de l’ame venant rendre visite a son corps durant les premiers mois de la vie. De meme, a la mort, l’aura disparaitra avec l’ame, lorsque le perisprit s’arrachera des fibres nerveuses qui constituaient son habitat humain. L’aura se resorbera alors en l’ame jusqu’a la prochaine reincarnation de celle-ci.
Au cours du sommeil, lorsque l’ame ne vibre plus et participe au repos bienfaisant du corps, l’aura palit et ne represente plus qu’une trace, un reflet a peine discernable. Elle disparait meme tout a fait lorsque Psyche vagabonde et ne reste reliee a son corps terrestre que par un mince cordon fluidique, ainsi que cela lui arrive parfois.
L’aura n’est pas un phenomene specifiquement humain. Le regne animal et meme le regne vegetal manifestent aussi leurs auras. Mais, pour les especes animales et vegetales nous nous trouvons en presence d’ames groupes, c’est-a-dire de champs electromagnetiques collectifs. Ne nous etonnons pas en consequence d’apprendre qu’au-dessus d’une foret, d’un champ de ble et, en general, au-dessus d’un peuplement vegetal, s’eleve une masse vibrante de particules electriques d’une teinte uniformement gris sombre.
Avec le regne animal nous voyons apparaitre des differentiations suivant les especes : Tame groupe est alors celle de l’espece, premiere individualisation qui annonce le regne humain. Et tous les chevaux, par exemple, ayant la meme ame groupe ont la meme aura vert sombre, presque noire alors que celle des chiens est d’un vert plus clair et que celle des chats se teinte de gris et de vert a la fois.
La lointaine origine animale de l’ame humaine se manifeste, du reste, par un signe visible, dans l’aura de l’homme, au niveau de l’reil gauche. Ce signe permet aux desincarnes qui nous observent de nous cataloguer immediatement c’est-a-dire de reperer notre ascendance animale. Ajoutons, fait curieux, que ce signe apparait sur un petit disque dont la couleur et l’eclat variant, comme l’ensemble de l’aura, avec revolution du sujet. Eteinte et diverse chez l’etre bas ou moyen, cette couleur devient de plus en plus blanche et lumineuse a mesure que revolution se parfait. Tel signe aurique signifiera par exemple, une ascendance feline et s’accompagnera d’une lumiere orange, tel autre permettra de deceler une ascendance canine sur un disque de lumiere verte.
Souhaitons, en terminant, qu’avant longtemps le progres de nos sciences appliquees permette la reproduction photographique des radiations de l’aura et de ses colorations ; le biologiste pourra alors prospecter a son aise un domaine entierement nouveau pour lui.
Pourquoi, chaque journee ecoulee, l’homme s’ensevelit-il dans le linceul des draps ? Pourquoi le corps detendu, les yeux fermes, la respiration monotone, s’abandonne-t-il insensiblement au sommeil ?
Pourquoi ce phenomene banal qui rythme notre existence de tous les jours reste-t-il si mysterieux pour nous ? C’est que son etude implique la connaissance des forces electriques qui meuvent la machine humaine et que ce domaine demeure encore impenetrable a nos recherches de laboratoire.
Depuis 14 ou 16 heures l’etre humain va, vient, travaille, mange, fume. Ses mouvements sont vifs, son esprit est alerte. Et, sans que rien ne l’annonce encore, sauf peut-etre une lassitude eparse en ses membres, le premier signe de sommeil se declenche ; c’est un baillement leger. Peu apres, ou meme immediatement, un etat nouveau se caracterise par la lourdeur des yeux qui picotent ou brulent, par des baillements plus prolonges, par la recherche de la position horizontale. Puis enfin, troisieme phase, le relachement des muscles necessite la position allongee ou tout au moins une installation permettant a la tete de reposer sur quelque appui si le corps ne peut trouver un lit. Sinon la tete va ballotter et provoquer le desequilibre du corps. Dans le cas normal du sujet allonge dans son lit, les yeux sont lourds, la tete pesante et la lassitude envahit les membres inferieurs ; la respiration se ralentit ainsi que les pulsations du creur et l’activite cerebrale.
Ce ne sont, toutefois, que les premices du sommeil. Le corps est toujours souple, la tiedeur est constante, l’reil bat regulierement, les gestes sont plus lents mais toujours controles.
Le corps entre alors en etat de torpeur et cet instant si bref, qui precede l’assoupissement, est neanmoins decisif car il marque le debut du phenomene proprement dit qui nous interesse.
Si l’homme agit, raisonne, vit en un mot, c’est grace a son potentiel electrique et en fin de journee ce potentiel se trouve epuise. La nuit, le sommeil va lui permettre de recharger la pile : le cervelet va etre le siege de ce rechargement. C’est lui qui constitue, en quelque sorte, la dynamo humaine et cette dynamo qui etait sur la decharge, durant le jour, va se remettre en charge la nuit. Il faut pour cela l’atonie complete de ce centre nerveux, laquelle atonie provoque l’affaissement de l’ecorce cerebelleuse. Cet affaissement caracterise la torpeur physique et marque l’instant precis du renversement de la vapeur. Telles des manettes que l’on abaisse sur le tableau de bord, les leviers de commande du cerveau sont debrayes. La dynamo humaine se met en position de charge, but et utilite du sommeil reparateur.
La respiration reguliere devient plus que jamais involontaire, automatique. Les pulsations du creur s’affaiblissent, ce qui se traduit par un abaissement de temperature. Le corps doit se couvrir car il ressent le froid plus intensement. Les yeux papillotent et ne peuvent plus demeurer ouverts. Les gestes ne sont plus volontaires, ni controles. L’etre en est a ce stade, bref mais indispensable, de la torpeur physique.
Enfin, voici le corps endormi. Les yeux sont clos, la respiration reguliere s’est faite plus lente, les pulsations du creur, assagies, scandent desormais une vie en sommeil.
Devant ce resultat, ne restons pas stupefaits, inquiets, comme on peut l’imaginer que le resta le deuxieme homme lorsqu’il vit s’endormir le premier. Cela dut lui paraitre insolite, ce corps chaud qui soudain s’immobilise, qui soudain perd regard et parole. Nous, humains, trouvons 9a tout naturel, et pourtant...
Que se passe-t-il dans ce corps en sommeil ? Pour le savoir, examinons, l’une apres l’autre, les differentes manifestations du phenomene.
Nous assistons tout d’abord, dans l’encephale, a une extinction des centres erectifs, c’est-a-dire de la volition, de la pensee, de l’intelligence qui ne s’eveilleront a nouveau qu’une fois les cellules nerveuses rechargees.
Les muscles sont en etat de relaxation totale. Le corps, amolli, git sur sa couche. Parfois, si la position est incommode, un muscle s’engourdit et tressaille ; le corps se tourne pour soulager sa gene.
C’est un reste de vivacite passagere, episodique. Dans le sommeil les muscles restent detendus, inutiles. Nous parlons, bien sur, de ceux dont l’action est tributaire du cerveau, c’est-a-dire qui obeissent a la volition. Car, par ailleurs, le corps demeure ordonne et s’il arrive que le bouche s’entrouvre, Les muscles zygomatiques se croisent et nul desordre n’apparait sur la face. De meme le sphincter continue son travail car il est con9u pour cette fin. Ainsi les muscles independants de la volition ne se detendent pas et la machine humaine demeure, en sa perfection, un tout en ordre, tant que la vie subsiste. Si le sommeil est une modification de la vie, il n’est pas semblable a la mort, bien qu’il soit un etat intermediate pour l’etre.
Passons maintenant au reseau nerveux. Nous avons dit que le cervelet etait la dynamo humaine ; les ramifications nerveuses, qui innervent le corps jusqu’en ses plus lointaines regions, sont les fils conducteur du courant et assurent la parfaite distribution du flux electrique dans l’ensemble du tout humain. Lorsque le sommeil s’empare de l’individu, les nerfs ne connaissent guere qu’une detente partielle car ils doivent continuer leur service aux organes qui ne dependent pas de la volonte et dont l’activite subsiste, quoique ralentie. De plus, un secteur entier du reseau nerveux va, connaitre une activite nouvelle c’est celui qu’emprunte, durant le sommeil, le courant charge.
Nous arrivons ainsi au phenomene essentiel, celui par lequel le courant charge se trouve capte : il n’est autre qu’une modification, un aspect encore inconnu des fonctions respiratoires. On a coutume, dans nos ouvrages classiques, de definir la respiration comme la fonction par laquelle un etre vivant absorbe de l’oxygene et rejette du gaz carbonique. En realite, cette fonction se double, pendant le sommeil, d’une assimilation electrique.
L’atmosphere terrestre est baignee d’electricite, de cette energie cosmique dont nous commenqons a peine a soupqonner l’existence. Les mouvements respiratoires font penetrer dans les poumons a la fois l’air et ces particules electriques ; celles-ci se fixent sur les nerfs pneumogastriques qui conduisent le flux vers le bulbe rachidien ou il passe par le centre nerveux du sommeil, le nreud vital de Flourens. De la, il est achemine au cervelet, par les pedoncules cerebelleux, et finalement la charge electrique se fixe sur les granulations des cellules de Purkinje, ces grosses cellules bi-polaires dont est forme l’arbre de vie — le bien nomme.
C’est a partir des neurones moteurs de ces cellules que chaque jour le flux electrique s’en va baigner tout le systeme nerveux, apportant au corps humain cette chose indefinissable que nous nommons la vie. Ajoutons que, pendant cette assimilation, les poumons continuent leur fonction respiratoire classique en renvoyant le gaz carbonique dont l’action, par ailleurs connue, intervient, comme on le sait, dans le sommeil.
Ainsi le cervelet apparait comme un accumulateur d’energie qui “ emmagasine ” sa charge electrique la nuit, pour la distribuer ensuite le jour. Mais ce mecanisme qui rythme la vie de l’etre n’est rendu possible que grace a une fonction capitale du bulbe rachidien qu’il nous faut signaler au passage.
Le bulbe, a la base du cervelet et lui faisant suite, est un raccord a la moelle epiniere ; tunnel de cellules phosphorees, il constitue en quelques sorte la source de la moelle epiniere. Son role, dans le sommeil, correspond exactement a celui d’une soupape. Le jour, la soupape laisse passer l’influx nerveux vers les diverses parties du corps, jusqu’aux extremites des membres. La nuit, elle permet le seul passage du courant charge depuis les poumons jusqu’au cervelet. Ce resultat est le fait d’une inversion, d’un changement interne du sens des cellules du bulbe rachidien et cette inversion rythme alternativement ce flux et ce reflux qui donnent au corps sa vivacite, son entrain, tout en conditionnant ses aptitudes au travail comme au plaisir. Telles sont les caracteristiques essentielles du moteur humain et de son potentiel electrique.
Etudions a present le phenomene hemostatique vital, c’est-a-dire celui par lequel la deperdition electrique s’arrete, le sommeil s’installe et la charge retablit l’equilibre detruit par une journee fatigante.
Appelons “ alpha ” la position ideale de charge electrique humaine et “ gamma ” la charge electrique minimum, celle qui oblige au sommeil ; Entre “ alpha ” et “ gamma ” il existe plusieurs etats intermediates, mais, pour la facilite de cette etude, nous n’en retiendrons que deux : “ beta ”et “ delta ”.
1) “ alpha ”. Le potentiel est parfait au reveil du sujet, a sept heures du matin, par exemple. Les cellules cerebrales vehiculent une charge electrique totale aussi bien a la peripherie qu’en profondeur. Le sujet est vraiment vivant et son activite est stimulee.
2) “ beta ”. Apres six heures ecoulees, soit vers treize heures, le potentiel en est a un stade qui permet encore une activite intense. Pourtant les cellules cerebrales commencent a presenter des scories. Neanmoins l’appoint du repas et le repos maintiennent notre sujet en excellente forme.
3) “ delta ”. Vers dix-huit heures, les cellules cerebrales se trouvent encombrees de dechets et presentent un potentiel affaibli. La vitalite est toutefois encore suffisante pour faire face a un travail serieux. Les cellules corticales sont bien approvisionnees en influx nerveux, les cellules internes du cerveau, par contre, commencent a en etre depourvues.
4) “ gamma ”. Aux alentours de vingt deux heures, le sujet n’a plus de reserves electriques. Las cellules corticales aussi bien que celles de l’ensemble de l’encephale, encombrees de dechets et depourvues de flux, commencent a refuser leurs services. Les yeux s’alourdissent, les baillements se prolongent, le desir dune position horizontale se fait de plus en plus imperieux. Le marchand de sable est passe. La dynamo s’arrete. A l’accumulateur de se mettre au travail. Et notre sujet connait la torpeur, puis l’assoupissement.
Arretons-nous a le contempler profondement endormi. Son corps est installe dans une position familiere pour lui : il repose sur le dos, le cote ou le ventre, selon son habitude. Ses bras pendent inertes, ou bien sont replies. Sa respiration est reguliere, souvent bruyante en raisons des vegetations qui en genent le fonctionnement. Tous les muscles d’ordinaire soumis a la volonte sont detendus, sauf ceux des paupieres, qui sont solidement closes. Parfois des tressaillements, des changements de position agitent le dormeur, simples reflexes episodiques. Voici pour son aspect exterieur.
A l’interieur, le creur est paisible, la circulation est ralentie et reguliere. La respiration, normale, se double d’une assimilation electrique. Dans le cervelet, les cellules nerveuses sont en charge et leurs granulations fixent sans arret le flux que leur dispense le bulbe rachidien. Les organes des sens sont en repos, a l’exception de l’oui'e qui, dans une certaine mesure, demeure fidele et souvent arrache le dormeur au sommeil. Par contre le gout est aboli, l’odorat inexistant, le tact inutile sauf toutefois s’il y a contact avec un autre etre vivant. Ne parlons de la vue que pour memoire car nous savons que les yeux restent obstinement clos.
Mais ne se passe-t-il rien d’autre dans le secret de ce corps ? Les cellules du cervelet sont en charge, avons-nous dit. Cette charge electrique s’effectue au voisinage immediat du cerveau proprement dit, sous lui en quelque sorte, et a partir d’un certain moment le courant a tendance a refluer vers l’encephale. En general, ce phenomene se produit au cours de la seconde partie de la nuit, lorsque le cervelet a accumule au moins la moitie de sa charge habituelle.
Les vibrations electriques refluant vers le cerveau, les neurones de celui-ci, a leur tour interesses dans leur habituel processus d’excitation, transmettent mecaniquement aux nerfs les commandes reflexes et c’est la production du reve au cours duquel certains muscles sont mis en action, exactement comme ils ont coutume d’obeir dans la journee, ou certaines glandes secretent : c’est le geste d’enjamber un trottoir trop haut dans un cauchemar, ou la salivation si le sujet reve de gourmandise, ou l’erection si le reve est erotique, ou encore la respiration precipitee si le sujet est soumis a la peur, a la poursuite.
Les reves et leurs manifestations exterieures se trouvent ainsi engendres en suite d’un phenomene d’osmose, de diffusion electrique qui, par une voie inverse de la normale, declenche des commandes reflexes dans les centres moteurs de l’encephale. Une nuit ou l’autre, prennent ainsi naissance des scenes fugaces de bien-etre ou de cauchemar avec leurs circonstances bizarres et saugrenues. Et selon que le dormeur, mal installe, comprime son foie ou sa rate, certains centres moteurs se mettront automatiquement en action.
Ce qui est valable pour un dormeur l’est egalement pour un autre et le processus purement mecanique du reve fait apparaitre une realite qui semblera choquante a beaucoup, a savoir que les songes, dans leurs innombrables schemas, sont les memes pour tous en raison de la similitude des circonvolutions cerebrales et du nombre moyen des cellules nerveuses chez les adultes.
Comment se fait-il alors que, dans le reve de l’un, la scene se deroule dans telle famille alors qu’elle se situe, pour l’autre, dans un milieu different ? Pourquoi reconnaissons-nous les personnages mis en action dans nos reves ? Pourquoi certains decors sont-ils connus, et de nous seuls ?
C’est qu’intervient, au reveil du sujet, un autre phenomene la memoire, essentiellement different du premier et qui va le denaturer completement.
Le corps humain est une merveilleuse horlogerie, tres complexe ; parmi tous les phenomenes qui nous etonnent en lui, la memoire met en jeu le plus subtil mecanisme allie a la plus subtile matiere. En science appliquee nous connaissons l’reil electrique grace auquel, par exemple, un vehicule entre au garage sans interrompre sa course car la porte s’ouvre automatiquement devant lui, au moment voulu. Rien me peut mieux concretiser, pour un profane, la reconnaissance du souvenir par la memoire. A l’instant precis ou l’homme veut retrouver les circonstances, parfois infimes, d’un fait qu’il a vecu ou appris, la porte merveilleuse de la memoire s’ecarte et l’intelligence revoit, fidele, la trace du souvenir. C’est grace, du reste, au potentiel electrique accumule la nuit et qui maintient indemne la matiere du cerveau, intactes les cellules nerveuses, que cet etonnant serviteur qu’est la memoire peut continuer sa vigilante action. C’est si vrai que lorsqu’il y a decharge du potentiel electrique, il y a anemie cerebrale et inevitablement perte ou tout au moins absence de la memoire ; et tous les fortifiants de la pharmacopee seront moins efficaces que le sommeil et le repos.
Mais revenons au sommeil et n’envisageons la memoire, dont l’etude fait l’objet du chapitre suivant, que dans son action posterieure aux reves.
Lorsque notre dormeur, aussitot son reveil, veut se rappeler son reve, il appuie par sa volition sur le clavier de sa memoire celle-ci, qui n’est que reflexe electrique, lui renvoie alors un resultat conjugue qui derive a la fois des souvenirs de l’etat de veille, c’est-a-dire de faits reels, et du schema du reve proprement dit. La memoire a ainsi melange ses formes pensees au canevas purement mecanique et impersonnel du reve et notre sujet s’attardera plus au decor, aux noms, aux choses connues de lui dans sa vie, qu’au schema souvent stupide qui, seul en realite, constituait le reve. Autrement dit le reve ne prend son individualite, son intimite propre au dormeur, que dans la mesure ou il a ete habille, pare par la memoire.
Nous voyons, des lors, combien il est sot de vouloir trouver un sens a ces cogitations nocturnes, reflexes debrides et mecaniques de l’encephale auxquels se surajoutent les reflexes electriques de la memoire.
Ce premier point acquis, nous pouvons maintenant envisager certaines incidences du phenomene du reve, incidences qui, sans en denaturer le processus, vont neanmoins accroitre sa complexite, et contribuer encore plus a masquer sa veritable mature. En effet, pour la clarte et la comprehension de ce qui precede, nous n’avons pas encore parle jusqu’ici des differents plans de la conscience, c’est-a-dire de l’ame.
Le perisprit, champ magnetique de l’ame, tapisse notre systeme nerveux de son reseau fluidique. Toute la journee, pendant que le cervelet dynamo emettra son influx a travers les neurones et les nerfs, le perisprit participera par-la meme au bienfait de la vie. C’est le potentiel electrique accumule durant la nuit qui lui permet d’agir au sein de l’encephale en diverses manifestations d’intelligence, de volition.
Mais que fait donc l’ame la nuit ? Que devient-elle pendant que se deroulent tous ces phenomenes purement physiques ?
De plus en plus nous nous enfonqons dans des regions abstraites, tenebreuses ou les manifestations sont comparables aux plans successivement plus obscurs d’un decor de theatre. Au premier plan, le heros, c’est-a-dire le corps, violemment eclaire, retient l’attention. Puis ou distingue avec nettete les murs, des decors. Puis l’reil ne voit plus tres bien ce qui forme l’arriere-plan ; il croit toutefois distinguer des arbres, assez mal eclaires. Puis ce sont des lianes enchevetrees qui retombent et masquent a la vue les autres plans. Qu’y a-t-il la-bas, au fond, se demande le spectateur ? Des lierres, des eaux qui courent, des sources qui murmurent ou bien des larves qui grouillent, des animaux qui rampent ? Psyche, bonne ou mauvaise, comment t’accordes-tu du sommeil, en dehors de son action regeneratrice pour ton champ magnetique ? Voila ce qu’il nous faut maintenant essayer de savoir.
L’ame desincarnee possede une comprehension totale, connait, dans leur ensemble, toutes les verites et constitue une unite psychique. Il n’en est plus de meme lorsqu’elle est incarnee et differents etats se partagent alors la vie mentale du sujet qui se trouve soumise a trois zones d’influences le conscient, l’inconscient et le subconscient. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces differents plans de la conscience et nous ne les envisagerons, ici, qu’en egard a notre etude du sommeil.
Le conscient est la zone claire et la plus vaste il represente le domaine des sensations, de la volition, de la raison.
L’inconscient, en retrait du conscient, est une zone intermediate entre ce dernier et le subconscient. C’est en lui que se deverse le trop plein de l’activite psychique de ces deux zones. Pour cette raison, il constitue le domaine des reflexes obscurs, des desirs refoules, des anxietes morbides que le conscient rejette de son sein, des impulsions irraisonnees en provenance du subconscient qui s’eponge egalement sur lui.
En troisieme lieu, dans la zone la plus reculee, se situe le subconscient qui represente l’essence meme de l’ame ; en lui reposent, engourdies, les facultes surnaturelles de Psyche.
Durant le jour, le conscient est le maitre absolu de l’encephale et c’est lui qui agit directement sur les centres moteurs. La nuit, le sommeil le met en veilleuse et il n’est plus d’aucune utilite au sujet.
Il en est de meme du subconscient ; la nuit, l’ame se recueille, se repose. Certes, le champ magnetique clos du perisprit continue de tapisser le systeme nerveux mais ses vibrations cessent. La connaissance de l’etre, son essence intime, depose son fardeau d’attention, de vigilance. Avant le sommeil l’ame sait si celui-ci doit etre long, normal, ou abrege par une obligation matinale. Elle sait que le corps devra s’eveiller a six heures, par exemple, et il y a peu de chances pour que le subconscient, la memoire de l’ame ne fonctionne pas au moment voulu. Si l’etre s’endort pour une longue nuit, l’ame, qui le sait, cesse ses vibrations. Le subconscient s’estompe avec la relaxation relative de l’encephale. Le repos devient absolu ; meme psyche y participe, detendue a travers le cerveau endormi.
Mais le sommeil, qui met ainsi en veilleuse le conscient et procure l’apaisement au subconscient, a un tout autre effet sur l’inconscient. Durant l’etat de veille, qui est l’etat normal, l’inconscient est passif, relegue par les autres au rang d’accessoire. La nuit, par contre, durant le sommeil, il va profiter de l’apathie de ses voisins pour enfler sa matiere, se dilater, se liberer. Et lorsque, ainsi que nous l’expliquons plus haut, la charge electrique deborde du cervelet pour refluer vers le haut, et traverse successivement ces trois zones d’influences qui couvrent l’encephale de leur trame invisible, l’inconscient s’en empare au passage. Grace a cet apport energetique il va jouer des circonvolutions cerebrales dont il n’a pas la libre disposition a l’etat de veille et il imprime alors aux reves des colorations, des tendances qui lui sont propres, reflets de ses desirs refoules, de ses peurs secretes.
A ce point de vue les reves nous apparaissent comme les fleurs tenebreuses de l’inconscient ; leurs couleurs sont differentes, certaines, mais leurs formes sont identiques car invariablement issues d’un processus purement mecanique d’osmose.
Autrement plus interessantes sont certaines manifestations qui se produisent pendant le meme temps et auxquelles, cette fois-ci, le subconscient participe ; nous allons maintenant pouvoir suivre psyche dans ses vagabondages nocturnes.
Le sommeil n’existe pas pour elle, c’est seulement une pause. Une pause facilement obtenue lorsque le destin est paisible, les habitudes respectees, la routine observee. Mais que les remous de la vie l’agitent et tout devient different. Pendant que le cerveau aux prises avec un inconscient qui s’enfle plus que d’accoutumee, continue de tourner ainsi qu’une bobine de Ruhmkorff trop chargee, l’ame, grace a cette agitation psychique anormale, parvient a s’affranchir, s’evade en partie du corps et jette un prolongement vers la connaissance. La, si elle a des lueurs au demeurant fugitives et des beatitudes trop vite evanouies, elle n’en garde aucun souvenir lorsqu’elle est a nouveau rentree dans son habitat de chair, a peine une emprunte, a peine la possibilite, plus tard, d’une intuition.
Comment le sommeil a-t-il pu ainsi liberer, a son tour, le subconscient ? Quel est ce phenomene nouveau qui a permis a l’ame de s’evader ?
Prenons l’exemple concret d’un sujet dont un proche parent est gravement malade. Il est inquiet. Son corps s’est endormi lourdement mais son ame, elle, ne desarme pas : elle veut absolument savoir ce qui va arriver. Sans rompre son lien avec le dormeur, le perisprit, profitant du sommeil, et s’emparant a son tour du trop plein d’energie qui reflue du cervelet, va emettre un prolongement fluidique qui s’eleve du corps. Et, par cette antenne, l’ame va communiquer avec une ou plusieurs des entites qui errent en cet endroit.
Etant rattachee au sujet endormi, l’ame ne peut aller consulter, dans l’espace sideral, le destin du malade. L’entite s’en charge pour elle — le futur n’existe pas pour les desincarnes — et revient lui apprendre les evenements qui vont se derouler les jours suivants, les evenements meme malheureux car cela n’offre aucune importance d’ame a ame. II est defendu aux desincarnes de reveler le futur aux humains avec lesquels ils communiquent, surtout lorsque ce futur implique un evenement malheureux. Mais en l’espece l’ame, reduite a son subconscient, n’a pas a sa disposition les circonvolutions cerebrales et l’epreuve ainsi revelee ne pourra etre enregistree par la memoire chair du sujet. Le renseignement obtenu impregne seulement l’ame d’une certitude qui demeure en elle, en sa memoire psychique.
Pendant le vagabondage de son ame, le corps affaibli energiquement, dort d’un sommeil lourd, organique, qu’aucun reve ne trouble plus car la charge electrique est plus lente. Plus tard le dormeur s’eveille. Aucune memoire de cette echappee vers la connaissance, aucun souvenir d’aucun reve. Pourtant, dans la journee ou meme aussitot apres le reveil, il est tout etonne, notre sujet, de “ savoir ”, que son malade doit guerir ou au contraire succomber. Son subconscient, c’est-a-dire sa memoire fluidique, lui a impose sa certitude.
La nuit porte conseil, dit l’honnete homme. Voila qui est plus vrai qu’on ne le croit, car la nuit l’etre part se retremper a la source des destinees humaines ; s’il ne faut pas ajouter foi aux reves, on doit par contre prendre en consideration les intuitions, les pressentiments apportes au subconscient par la nuit. Ces intuitions, ces pressentiments sont les feux follets du sommeil, ce sont les brusques lueurs qui emanent des zones les plus reculees de l’etre.
Mais il y a plus, parfois, et nous en arrivons aux impulsions veritables destinees a faire agir le sujet dans un sens bien determine et qui peuvent, a l’occasion, se presenter sous forme de reves premonitoires.
Inquiete d’un futur relatif ou son libre arbitre, cette fois, pourrait jouer et dont elle vient de prendre connaissance au cours d’un de ses vagabondages nocturnes, Psyche rentre en son habitat de chair et veut alerter la conscience, la faire agir par reflexe. Elle va guetter le moment proche du reveil ou le dormeur a une chance d’enregistrer l’impulsion reque dans une memoire cerebrale qui secouera bientot sa torpeur. Et Psyche vibre, tourbillonne afin d’impressionner cette derniere. Mais la memoire est encore inerte. Enfin, secouee par les eclatements electriques ou Psyche s’exaspere, voici qu’elle ressuscite de son atonie. Et ce n’est plus un reve, reflexe purement mecanique, qu’elle enregistre mais, cette fois, une pensee plus ou moins claire. Le dormeur, qui va mettre encore un moment a se reveiller, ne s’en souviendra pas aussitot. Il peut se passer des heures avant que le souvenir ne jaillisse, levier qui va orienter la volition. Parfois c’est l’echec de la tentative, souvent aussi c’est l’impulsion obscure que nous connaissons bien.
N’est-il pas arrive, par exemple, a l’un d’entre nous, au moins une fois dans sa vie, apres s’etre eveille sans aucun souvenir de reve, apres s’etre leve et avoir vaque a ses occupations coutumieres, de ressentir brusquement, au cours de la journee, l’impulsion de se rendre dans un tel lieu, eloigne mais familier ? Il s’en etonne car rien dans sa vie ne milite en faveur de ce deplacement, ni meme le facilite. Mais le desir est la, elementaire et vit. Il part et connait une joie ou reussit une affaire et il se dit simplement : “ Quelle bonne idee j’ai eue de venir ici dans un moment aussi inhabituel ”.
Son raisonnement s’arrete la, alors qu’en realite, ainsi que nous l’avons vu plus haut, son ame a su qu’au cours d’un sejour dans un endroit precis il connaitrait une joie ou une reussite. Et le subconscient, des qu’il l’a pu, a declenche, telle une houle, une impulsion irresistible en direction du conscient pour faire agir la volition.
Ces impulsions peuvent, exceptionnellement, s’affirmer encore plus clairement au sujet. Durant son sommeil et toujours selon le meme processus, notre dormeur a su que s’il allait dans telle ville, il en resulterait une joie profonde pour lui. Psyche, entrant en action au reveil du dormeur, alors que la memoire sort de son atonie, a revele a la memoire le fait integral qu’elle vient d’apprendre et qui appartient encore au futur.
Le sujet se reveille, se leve et, comme dans l’exemple precedent, il ne se souvient de rien. Puis, brusquement encore, c’est dans la journee l’impulsion de partir pour cette ville et la certitude, cette fois-ci, que ce sera heureux pour lui. Parfois meme il revoit, comme en un songe, defiler les images de ce que Psyche a appris et voulu faire enregistrer par la memoire. Il croira alors avoir fait ce qu’on appelle communement, mais faussement, un reve premonitoire. Il part et vit effectivement dans cette ville des jours heureux. Et pendant qu’il les vit il se dit “ Je savais que je devais venir ici, faire cela et je n’ai fait qu’obeir a une conscience obscure qui me guidait ”.
Dans cet exempte, le sujet connaissait d’avance le resultat de son action car la memoire etait entree en jeu, plus completement, afin de renforcer l’action du subconscient sur le conscient.
Si l’evenement a venir avait ete douloureux, affligeant, le phenomene aurait ete plus obscur car Psyche, qui revele volontiers a la memoire un fait heureux, est plus avare pour ce qui est penible. Rares sont les impulsions qui guident vers le malheur, sauf toutefois si le libre arbitre du sujet, par le jeu des circonstances, peut en modifier certaines consequences. Il s’agit la d’un fait exceptionnel : la souffrance est une epreuve choisie d’avance ou le libre arbitre n’a par consequent pas a intervenir.
Nous pouvons, des lors, tirer quelques enseignements de ce qui precede. Et tout d’abord, encore une fois, ne nous laissons pas abuser par nos reves. Reflexes debrides d’un cerveau qui n’est plus controle par le conscient, leurs schemas sont invariablement les memes, colores seulement par une memoire cerebrale qui joue mecaniquement son role et par un inconscient qui divague.
Nous devons, par contre, preter attention aux intuitions, aux pressentiments dont notre etre est impregne et qui sont le reflet d’une connaissance acquise par l’ame au cours d’un de ses vagabondages nocturnes.
Enfin, si nous nous decidons a un acte sous l’effet d’une impulsion obscure, sachons que nous agissons en automate apres que Psyche, au-dessus de notre corps endormi, ait voulu que cela arrive. Sachons, egalement, que ce que nous avons cru etre un reve premonitoire constitue, en realite, les traces qui peuvent subsister, dans notre memoire, de ce que Psyche lui a parfois enseigne, en notations rapides, avant le reveil.
De toutes les faqons, ces pressentiments, ces intuitions, ces impulsions sont les manifestations diverses du subconscient, ce troisieme plan mental qui represente pour l’etre l’etat le plus proche de la verite supra humaine.
Cette verite qui l’aveuglera lorsqu’il sera desincarne et que Psyche retrouve lorsque le corps est endormi, cette verite ne se decele pas lumineuse et simple. A travers les circonvolutions cerebrales elle se complique, s’estompe, s’affaiblit du mecanisme de la chair. Ainsi que dans un corps empoisonne on retrouve, lors de l’analyse des visceres, des traces d’arsenic ; de meme si, en ouvrant l’encephale, on pouvait prospecter le subconscient on y decouvrirait des parcelles de cette grande verite du destin, de menues etincelles de ce feu divin et cosmique qui gouverne toute chose. Consolons-nous en pensant que ces lueurs de connaissance qui sont seules, parfois, arrachees a l’obscurite qui nous entoure et ou nous tatonnons, et qui pourtant sont si precieuses par les impulsions qu’elles donnent a nos actes, ces lueurs infimes ne sont que feux follets comparees a l’embrasement de verite qui etreindra notre ame lorsqu’elle echappera a sa prison de chair.
Notre etude du sommeil serait incomplete si nous passions sous silence les anomalies qu’il presente en cas d’insomnie ou au contraire de lethargie. Et tout d’abord l’insomnie.
Dans certaines circonstances exceptionnelles, exode, sinistre, l’etre humain peut rester plusieurs nuits consecutives sans dormir. Il finira par succomber au sommeil lorsque ses cellules cerebrales, comprimees par les scories, cesseront leurs fonctions. Il dormira dans n’importe quelle position jusqu’a ce que son encephale retrouve son integrite. Quant a l’insomnie proprement dite, elle presente deux formes principales : a) le reveil a une heure chronique au cours de la nuit, b) l’impossibilite de dormir en se couchant.
Le sujet qui s’endort en se mettant au lit et qui s’eveille, apres un laps de temps, sans plus pouvoir se rendormir, presente deux caracteristiques. Il possede une suractivite des cellules du cervelet qui prend une importance dereglee. Il se reveille alors qu’il n’a pas fini d’eliminer de ses cellules cerebrales les dechets nuisibles. II s’en trouve fort incommode et demandera, dans la journee, a l’alcool et au tabac de l’aider a eviter l’accumulation de nouveaux dechets. Mais si le tabac et l’alcool agissent dans ce sens sur les cellules nerveuses de l’encephale, leur action se conjugue d’une excitation du cervelet et du bulbe rachidien ou ils apportent des perturbations qui se manifestent par la nervosite ou au contraire la depression du sujet.
Le phenomene est inverse pour l’insomnieux qui ne parvient pas a s’endormir, puis le fait ensuite, lourdement, jusqu’au reveil tardif. Tout d’abord, lorsqu’il attend le sommeil, les yeux clos volontairement cela equivaut a un temps de repos pour l’encephale qui nettoie ses cellules. Ensuite, le sommeil atteint, l’accumulation fonctionne normalement. Seul le temps de charge est insuffisant. Lorsque notre sujet se reveille il a, certes, un potentiel amoindri mais ses cellules cerebrales sont debarrassees de scories et, en general, il n’aura pas besoin d’excitants pour vivre sa journee.
Mais, pour les deux categories d’insomnieux, ce sera une journee au potentiel electrique insuffisant et au cours de laquelle le sujet sera denue de cet entrain qui caracterise une charge normale. La premiere categorie d’insomnieux correspond a des sujets sanguins, a gros appetits, a caractere volontaire et personnalite tranchee, alors que generalement la seconde determine des sujets lymphatiques, apathiques, sans violence ni appetits materiels.
Pour combattre l’insomnie il convient en premier lieu d’obtenir, par une abstinence complete de tous excitants, le defaut de reflexes des cellules du bulbe et du cervelet. Par l’absorption de somniferes on agit sur le centre respiratoire de Flourens en activant l’apport de gaz carbonique aux poumons et on agit sur la memoire en en paralysant le mecanisme, ce qui permet au sujet de s’abstraire de toute preoccupation. Mais il existe un autre moyen qui consiste a obliger son ame a proteger le sommeil. De meme que notre ame nous eveille a l’heure, ou avant l’heure, si nous partons en voyage, de meme elle peut obtenir un recul du moi et alors le sujet dort merveilleusement bien. Mais c’est un exercice qui demande une longue pratique et beaucoup de volonte.
Le phenomene de la lethargie, ou sommeil prolonge, est une anomalie moins frequente. C’est le cas, par exemple, d’un sujet qui a requ un choc nerveux grave — accident, electrocution — et le sommeil correspondra au temps plus ou moins long necessaire a l’elimination des scories cerebrales, a la relaxation des tissus nerveux contractes. Mais la lethargie peut, egalement, resulter d’un phenomene assez curieux de dedoublement. Psyche en a assez de son destin, de son corps. Elle le quitte donc et stagne a quelque distance, reliee par un mince cordon fluidique a l’encephale et plus precisement a l’arbre de vie du cervelet.
Pour completer cette etude du sommeil, posons-nous la question de savoir si l’on peut dormir plus ou moins vite, autrement dit s’il existe differentes vitesses de charge pour les cerveaux humains. La reponse a cette question est simple et se resume dans le fait que le cervelet est un organe dont le poids varie selon l’individu. Le poids equivaut au nombre des cellules corticales et de celles de l’arbre de vie. Plus ces cellules sont nombreuses, plus la charge est rapidement obtenue. La femme, dont le cervelet est plus petit, aura done besoin d’une plus longue duree de sommeil que l’homme. Pour la meme raison, un enfant dormira plus qu’une femme, un adolescent plus qu’un adulte, un adulte plus qu’un vieillard. De la rapidite de la charge electrique depend done la duree du besoin de sommeil. Par ailleurs, si le sommeil se trouve rompu et que la charge ne soit que partielle, le sujet qui aura un plus grand nombre de cellules, meme insuffisamment rechargees, ressentira moins de faiblesse durant la journee que le sujet au cervelet moins volumineux. Laissons enfin notre dormeur se reveiller, sa charge electrique assuree. Les centres cerebraux, les premiers, vont lui rendre sa conscience du moi, ce sens de l’existence qui est le propre du sujet eveille. Ensuite les muscles se tendront a nouveau vers l’effort, le mouvement, et les yeux s’ouvriront sur la journee nouvelle, bonne ou nefaste selon le destin de chacun, active on languissante selon la charge electrique obtenue a travers le sommeil qui est ce tunnel dont une extremite laisse percer la lumiere eternelle alors que l’autre s’enfonce dans le brouillard de l’etre humain, brouillard lourd et poisseux dont Psyche aime s’evader, Psyche qui aime le sommeil.
La memoire est la faculte de conserver, d’enregistrer des etats de conscience et de les reconnaitre, de les eprouver a nouveau en tant que souvenirs. Sans cette faculte l’homme ne reconnaitrait pas les siens, ne pourrait retrouver son domicile, n’aurait pu apprendre l’ecriture et serait incapable d’exprimer sa pensee autrement que par des sons inarticules. La vie consciente n’est possible, n’est permise que dans la mesure ou le souvenir peut etre enregistre et reconnu.
Et pourtant la memoire demeure pour nous un des phenomenes les plus mysterieux, un de ceux, trop nombreux, dont le biologiste est oblige de conceder l’etude au philosophe. Comment se conservent les impressions re9ues ? Comment peuvent-elles se reproduire ? Quel est le mecanisme de leur reviviscence ? Dans quel centre superieur de notre systeme nerveux faut-il chercher la localisation du phenomene ? Autant de questions laissees sans reponse par nos sciences dites exactes.
Pourquoi cette carence ? Parce que pour analyser le phenomene, pour en saisir la realite il faut penetrer dans un domaine, celui des vibrations electriques, qui echappe au scalpel du chirurgien. Et, la encore, l’experimentation psychique va se reveler la seule methode efficace dont nous puissions disposer ; essayons d’en tirer le maximum de donnees sans nous cacher toutefois le caractere ardu de notre tache.
On peut comparer la memoire a une harpe dont les cordes paralleles sont les fils tenus de nos souvenirs qui resonnent a nouveau lorsqu’ils sont heurtes par une vibration appropriee, par le declic de la ressouvenance. L’homme pense, vit, vibre, nous le savons deja. Toute sensation se traduit par une vibration, une minuscule onde electrique qui se propage a travers le systeme nerveux pour finalement s’impressionner en un leger sillon qui, heurte a nouveau par la meme longueur d’onde, reflechira la meme sensation. L’excitation de la meme ramification nerveuse fait jaillir l’image du souvenir, ressuscite par une action reflexe l’ensemble de vibrations qui avait fait eprouver un etat de conscience anterieur.
Apres ce preambule sommaire, essayons de nous engager plus avant dans l’etude du phenomene. Disons de suite que son processus met en jeu, dans l’encephale, a la fois les couches optiques, l’hypophyse et le troisieme ventricule cerebral. L’exemple le plus simple, qu’il convient de prendre, est assurement celui du son, celui de la premiere audition d’un morceau de musique.
La sensation du son s’analyse en une transmission de vibrations recueillies par l’oreille et canalisees jusqu’au cerveau par le nerf auditif. C’est alors que se produit un premier phenomene qui va permettre l’enregistrement de cette sensation. Au re9u de cet ensemble vibratoire qui lui a procure la sensation, le cerveau reflechit l’onde aux couches optiques. L’onde traverse les couches optiques et atteint l’hypophyse, centre photoelectrique de distribution par ou elle est acheminee, selon sa nature et son amplitude, vers telle ou telle region du troisieme ventricule ou elle s’impressionne en un leger sillon.
Lorsqu’un son veut etre rememore, alors les centres d’association du cerveau entrent en action et font leur besogne qui va consister, par un effort, ou meme un souvenir connexe, a emettre la meme longueur d’onde pour atteindre, suivant le meme trajet, la meme region precise du ventricule cerebral. Ce second phenomene a permis d’obtenir la reconnaissance du souvenir.
Il nous faut maintenant degager le role des differents centres nerveux dont il vient d’etre question.
Les couches optiques, par leur tissu nerveux, jouent essentiellement le role de relais, de conducteur des ondes emises par le cerveau-pensee grace aux centres d’association. L’onde emise traverse les couches optiques pour parvenir a l’hypophyse.
L’hypophyse, ou glande pituitaire, est une masse ovoide situee sur le plancher du troisieme ventricule et constituee par deux lobes, un lobe anterieur qui n’interesse pas notre etude et un lobe posterieur, de nature nerveuse, qui joue en l’occurrence le role magique d’reil electrique. L’hypophyse constitue, au point de vue de la memoire, une veritable cellule photoelectrique. C’est, avant tout, le centre regulateur et de tri des differentes vibrations. Lorsque l’onde, reflexe d’une sensation enregistree pour la premiere fois par le cerveau, parvient a l’hypophyse, elle y est re9ue et acheminee, selon sa nature, vers la region correspondante du troisieme ventricule ou elle va toucher une note du clavier memoire. Mais c’est par l’hypophyse, egalement, que va s’operer un second tri qui permet le trajet de retour de la meme onde, lorsque, par suite d’une vibration correspondante, la meme note du clavier memoire du ventricule aura ete a nouveau touchee.
L’onde de retour sera acheminee par l’hypophyse vers le cerveau ou la reconnaissance consciente du souvenir interviendra. On ne saurait mieux comparer l’hypophyse qu’a une machine-outil qui permettrait de trier automatiquement des billes selon leur calibre et de les diriger vers leurs cases appropriees.
Le troisieme ventricule apparait comme le siege proprement dit de la memoire. C’est lui qui constitue la harpe des souvenirs dont les fils tenus coexistent dans une multitude ou ils ne s’emmelent pas et ou chacun d’eux ne resonne que lorsqu’il y est sollicite par le declic precis de la ressouvenance. Nous le definirons comme un milieu essentiellement vibrant et magnetique et sans cesse en mouvement. L’onde arrive dans ce milieu et atteint la couche nerveuse qui correspond a sa longueur, a son amplitude. Elle s’y inscrit en une legere depression que l’on pourrait sommairement comparer a l’empreinte laissee sur la plaque de gelatine par l’image photographiee. La, un sommeil plus ou moins long l’attend. La depression peut meme disparaitre et le souvenir mourir apres un certain temps. Au contraire, si le souvenir est sollicite souvent ou si l’empreinte est profonde en raison de l’intensite particuliere de la sensation perque, le souvenir persistera fidele a travers les annees.
Le sujet veut se rappeler quelque chose, un air de musique pour reprendre l’exemple retenu plus haut. Que se passe-t-il ? Il doit susciter le meme processus que celui qui a permis d’enregistrer la sensation a rappeler. Sa pensee fait entrer en jeu les centres d’association du cerveau a l’effet d’emettre, de declencher une onde de meme longueur qui ira toucher la meme corde de la harpe : celle-ci, pincee au meme endroit, produira le meme son, ou plutot la representation psychique du son.
Dans son trajet, l’onde suit le meme parcours pour aboutir a l’empreinte dont il a ete question plus haut. Puis l’onde se trouve reflechie par un neurone et renvoyee vers le cerveau par le parcours inverse.
Si nous representons par A le cerveau pensee, B les couches optiques, C L’hypophyse, D l’empreinte laissee par la vibration dans le troisieme ventricule, l’enregistrement de la sensation se traduit par le parcours : A-B-C-D
La reconnaissance du souvenir exige l’intervention du neurone reflecteur N et se traduit :
1) par le trajet A-B-C-D
2) par le retour reflechi N - C - B - A
On ne saurait mieux comparer la reconnaissance du souvenir qu’a une exploration au radar du ventricule cerebral : pour permettre au vaisseau humain de remonter le cours de la vie dans la nuit du passe, le poste A ne cesse d’emettre ses ondes qui fouillent les asperites de la cote et les ondes, reflechies sur l’obstacle, illuminent le tableau de bord des images du souvenir.
Nous ne pouvons manquer en passant de signaler l’aspect electronique du phenomene. Dans son trajet d’aller comme dans celui de retour l’onde se propage grace, d’une part, a ses proprietes electriques puisees a sa source A et grace, d’autre part, a la conductibilite d’un milieu photoelectrique favorable a son cheminement. Cet ensemble de proprietes pourrait se nommer l’electronie du cerveau et meriter au plus haut point l’attention du biologiste.
Mais le phenomene de la memoire presente un aspect psychique bien plus interessant pour nous et sur lequel il convient d’insister. Le souvenir est enregistre, nous l’avons compris, en dehors de la volonte du sujet et, parfois meme, sans qu’il en ait conscience. Tout au long de la journee, les souvenirs se classent en lui et s’enregistrent en quelques cases types, chacune d’elles se rapportant a l’un ou l’autre des sens humains. Il y a aussi la grande masse des souvenirs affectifs et spirituels. A chaque categorie correspond une octave differente du clavier-memoire. Le caractere psychique du phenomene se manifeste tout d’abord dans l’intensite emotive qui determine l’acuite du souvenir futur en lui accordant une vibration electrique plus ou moins forte. Plus un etat de conscience a ete vivement ressenti plus aisement son souvenir revivra.
Mais ce caractere psychique se retrouve encore, predominant, dans le processus de la reconnaissance du souvenir. La, son action est capitale, essentielle. Nous avons vu que l’enregistrement du souvenir en D est avant tout physique, automatique. Mais le retour de l’onde de D en A est essentiellement fonction de l’intervention psychique du sujet, de sa volition.
Notre sujet cherche a se rememorer un air qu’il a connu. Sa volonte entre en jeu ; les associations d’idees, les groupes d’emotions adjacentes au souvenir sont successivement tatees, frolees, ecartees par la volonte lucide du sujet. Son esprit, c’est-a-dire son etre psychique, cherche, tatonne puis soupqonne qu’il approche de la connaissance du souvenir. Le centre psychique veut trouver, il peine, puis, enfin, il localise le souvenir. La se situe le mecanisme le plus delicat peut-etre de la memoire : notre sujet qui a localise le souvenir procede par associations d’idees, ses facultes psychiques toutes en eveil pour retrecir le plus possible le champ de ses investigations. Il va trouver, il approche, il “ brule ” et voila qu’il frole un souvenir tout proche de celui recherche. Il heurte une corde sensible de la harpe magique. La note resonne, sa vibration atteint le neurone le plus proche et reflechie par lui reveille enfin le souvenir endormi en sa depression photoelectrique.
Il ne reste plus a l’onde qu’a effectuer son trajet de retour pour etre reconnue, en A, par la pensee lucide du sujet qui a reconquis son souvenir precis tandis que, leur travail accompli, ses facultes psychiques reprennent leur atonie. La reconnaissance du souvenir apparait ainsi comme une demarche de l’esprit, un “ mouvement psychique ”.
La memoire participe du reste beaucoup plus que nous l’imaginons a notre vie mentale. A la memoire sont liees l’imagination, qui puise son aliment quotidien dans le souvenir, et les aspirations de toutes sortes qui constituent le domaine secret de tout etre vivant. Imagination, aspirations, illusions sont les filles spirituelles de la memoire. Sans la memoire, la memoire des lectures, la memoire des reuvres theatrales et cinematographiques et, aussi, sans cette memoire obscure mais essentielle de ce que Psyche a connu dans ses vies anterieures, l’etre humain serait profondement diminue. L’integrite de sa personne morale serait amputee de sa plus belle part, la part du reve, la part de l’evasion. Et l’homme redeviendrait plus materialiste et bestial qu’aux temps lointains ou il etait si proche de l’animalite.
Si sans cesse les illusions naissent et renaissent malgre les deceptions de la vie quotidienne, si l’hydre de nos aspirations forge et reforge ses tentacules, si l’homme parvient jusqu’a sentir parfois battre son ame, c’est grace a la memoire, mais a une memoire differente, la memoire de Psyche qui, a travers les siecles, s’est inlassablement enrichie des alluvions de ses vies anterieures.
Dans son etat etherique, Psyche recouvre la conscience de sa memoire spirituelle, elle la recouvre dans son integrite, dans sa plenitude. Mais lorsque l’etre etherique s’incarne, descend dans la chair, cette vision des choses s’abolit et les souvenirs de ses vies anterieures ne viennent pas impregner de leurs vibrations electriques la cire vierge de ses nouveaux centres cerebraux.
Neanmoins cette vision des choses, ces souvenirs subsiste en sommeil dans le subconscient, cette zone la plus reculee de notre etre, celle ou se retire l’essence meme de Psyche durant son incarnation. Ainsi, le subconscient recele la memoire obscure de l’ame, une seconde memoire qui ne se situe pas, elle, dans un ventricule cerebral ni dans aucun de nos centres nerveux superieurs et qui, pourtant, s’impose a l’humain plus, beaucoup plus que le bref assouvissement de ses besoins materiels.
De meme que l’etre psychique deborde du cadre etroit d’un corps qui n’est pour lui qu’un lieu de passage, de meme le conscient etend son emprise invisible et trouble sur les reflexes mecaniques de la memoire et guide obscurement l’etre vers sa finalite.
De meme encore il lui arrive de deborder sur l’inconscient, ce fabuleux inconscient qui n’est autre qu’un limon trouble et immobile ou les alluvions de nos sentiments et de nos vies anterieures sont au repos, ou s’engluent les tendances informulees. Il arrive parfois, au cours du deploiement du mecanisme de la memoire, ou sous une impulsion du subconscient, qu’une vibration parvienne jusqu’a l’inconscient et que, pour un instant, la surface boueuse de ce lac interieur s’agite, qu’une ride se propage lentement sur cette eau lourde. Alors une obscure force se fait soudain concrete, s’impose, adjacente a la conscience, pour s’estomper ensuite plus ou moins vite. Et c’est une aspiration profonde qui nous laisse inassouvi, un besoin de renouveau trop vite refoule par la routine quotidienne, une breve lueur de connaissance qui illumine les profondeurs de l’etre, etouffee aussitot apres par le doute... N’est-ce pas la raison pour laquelle plus une ame est vieille, et riche d’alluvions, plus elle est idealiste et lyrique ?
Ne terminons pas cette etude sans dire un mot de la memoire chez l’animal. Son domaine y est, ainsi qu’on s’en doute, extremement restreint et en rapport avec une conscience a peu pres inexistante. Chez le fauve la sensibilite apparait comme le principal facteur du phenomene de la memoire. Un coup de feu requ, un coup de couteau, ou la sensation du piege qui se referme laissent une trace profonde dans le psychisme embryonnaire de l’animal qui conservera la memoire des faits accompagnant le choc physique et emotif subi. L’odeur de la proie, le gout du sang chaud, toutes les autres sensations transmises par l’odorat ou le tact sont du domaine de l’instinct et non de la memoire.
Un peu plus grande est la part de la memoire chez les animaux domestiques, asservis par l’homme. Le chien possede une memoire presque toute olfactive : Par son odorat subtil il reconnait l’odeur de celui qui le caresse, qui le nourrit ou qui au contraire le repousse ou le brutalise. La vue, chez le chat, vient compenser, a ce point de vue, le moindre developpement de l’odorat et apparait un auxiliaire plus efficace de la memoire. Les memes gestes, repetes inlassablement, engendrent chez le cheval un automatisme capable de suppleer, dans une certaine mesure, a une memoire egalement peu active.
Mais avant tout domine, chez l’animal, l’ancestral instinct de la race qui tient lieu de memoire individuelle en composant une memoire de groupe, une sorte de genie de l’espece, a mi-chemin entre l’instinct proprement dit et l’intelligence humaine.
Dans son effort pour etendre le champ de ses connaissances, l’homme a fait appel a deux moyens differents. D’une part, se penchant exclusivement sur l’univers visible, il a cherche a accumuler, par l’experience, le plus grand nombre de phenomenes observables et a decouvrir ainsi les lois qui les regissent. C’est la voie dans laquelle notre science s’est engagee depuis plusieurs siecles ; nous sommes parvenus a d’admirables resultats, d’une technicite merveilleuse et qui nous remplissent d’admiration en meme temps que d’une legitime fierte. Mais, a force de positivisme et de materialisme, le progres de nos sciences nous apparait comme une marche sans fin, dans un climat d’inquietude, vers une verite toujours fuyante, exterieure et a jamais inaccessible.
D’autre part, delaissant systematiquement les phenomenes exterieurs et les apparences du monde sensible, l’homme a cherche a entrer en lui-meme, de plus en plus profondement, pour saisir la realite de l’ame, pour en developper les facultes intimes et atteindre ce foyer divin qui constitue la cause meme alors que le monde concret parait bien n’etre qu’un des effets. L’homme a toujours intuitivement compris qu’il pouvait developper ses facultes psychiques jusqu’a des limites incalculables et se trouver ainsi transporte dans un etat de conscience supra normale qui lui permettrait de se mettre en rapport direct avec les forces occultes de l’univers et d’avoir par avance, tout en restant un etre de chair, la vision de la realite cosmique qui constitue l’envers du decor de la vie.
C’est en quoi a consiste l’experience mystique des grands inities qui ont ouvert a l’humanite terrestre les portes de lumiere de l’au-dela : Krishna, Bouddha, Hermes, Moise, Pythagore, Jesus, Mahomet. C’est encore la methode, la seule efficace selon eux, des maitres indous contemporains tels que Rama Krishna, Vivekananda ou Shri Aurobindo.
Pour eux tous, la seule realite est l’ame, puisque seule elle n’est pas ephemere. Parcelle divine, il ne tient qu’a nous de reveiller ses sens endormis pour recouvrer la realite du divin. Par une application constante, une initiation progressive, une etude approfondie, autrement dit une discipline spirituelle appropriee, l’homme voit s’ouvrir devant lui les differents stades de l’experience mystique qui le conduisent a la connaissance, ou mieux a la conscience de l’absolu. Par un effort en apparence prodigieux, l’homme peut ainsi atteindre la perception spirituelle directe. C’est alors, et alors seulement, que la nature livre ses secrets a ses yeux eblouis et il rapporte de son extase, une vision, un souvenir d’etat difficile a exprimer par des mots mais qui laissent a son ame, grisee de cette luxuriance spirituelle, la nostalgie d’un absolu ineffable en meme temps qu’une grande douceur faite de serenite.
Que faut-il penser de cette seconde methode ? Constitue-t-elle reellement une methode de recherche digne de retenir notre attention ? Peut-elle etre comprise par notre raison ? Repose-t-elle au depart sur des phenomenes dont la physiologie est susceptible d’etre etudiee ? Comporte-t-elle, dans ses resultats, des effets spirituels transcendants ?
De tous temps, et des les plus recules, certains hommes, plus evolues que leurs semblables, out ressenti avec force une sorte d’aspiration vers l’etre divin, vers la supreme connaissance et sont parvenus a att eindre un milieu psychique au sein duquel leur ame vibrante parait communier, dans un etat d’euphorie et d’extase, avec les forces occultes du grand univers. Parvenus a ce plan spirituel superieur, du phare de leur pensee soudain lumineuse, ils balayerent l’humanite terrestre. Et ce furent, au long des siecles, ces fondateurs de religions, ces grands conquerants du creur et de l’esprit qui entrainerent dans leur sillage des centaines de millions d’etres.
Ceux-la furent peu nombreux. Mais, a cote de ceux qui ont marque de leur sceau revolution des societes humaines, combien d’autres, inconnus, sont aussi parvenus a une perception spirituelle directe des grandes verites cosmiques, a une initiation plus ou moins approfondie.
Pour avoir ainsi la possibilite de baigner au sein des regions astrales il faut etre ou desincarne ou en etat de retrait complet du perisprit du corps. Nous savons qu’a la mort le perisprit s’arrache au systeme nerveux qu’il tapissait et regagne son milieu etherique, c’est-a-dire radiant. Nous savons, egalement, qu’il se trouve a des hauteurs differentes dans ce grand Tout, suivant son etat d’evolution ou, ce qui revient an meme, suivant le nombre de cellules electriques que comporte son champ magnetique.
De toute faqon, le desincarne, par le fait meme de son evasion du milieu incarne, recouvre les possibilites infinies inherentes a sa nature et au milieu dans lequel il baigne et vibre librement ; de nouveau ses sens psychiques s’eveillent a l’au-dela et lui permettent de communier avec l’infini divin.
Comment des lors, au cours des ages, ne se serait-il pas trouve des hommes qui sentent naitre en eux l’imperieux desir de tricher avec la mort, de tenter par avance la grande aventure par dela le decor dans lequel ils continuent de s’agiter miserablement, de gouter, ne serait-ce qu’un bref instant, a cette ambiance enfin radieuse et sereine reservee, en principe, a ceux-la seuls qui ont franchi les barrieres de la vie cellulaire
?
Mais le retrait complet du perisprit du vivant du corps est un evenement exceptionnel, hors nature. Ce phenomene, nous l’avons vu dans un chapitre precedent, se produit en cas de lethargie lorsque Psyche, fatiguee de son destin, quitte son corps et stagne a quelque distance, reliee par un mince cordon fluidique a l’encephale. Il se produit egalement parfois au cours du sommeil lorsque l’ame, desireuse de connaitre un futur angoissant, s’eleve en partie au-dessus de son corps endormi pour alerter les entites qui errent dans les parages.
Les phenomenes classiques de mediumnite, nous l’avons vu aussi, trouvent leur explication dans un degagement, partial, il est vrai, du perisprit. La volition du medium entraine une retractation du perisprit qui se retire des membres inferieurs et superieurs. Le champ magnetique de Psyche n’etant plus contenu en entier par le systeme nerveux, il y a encombrement des plexus et degagement, par le haut du corps, de la substance animique qui se deploie en faisceau au-dessus de la tete du sujet. Il ne s’agit que d’une evasion partielle du perisprit hors de sa prison charnelle ou il demeure enferme pour les deux tiers environ.
Cet etat, qui est celui de la transe mediumnique habituelle, s’accompagne de sensations physiques parfois assez desagreables pour le corps et d’une perte de conscience, plus ou moins complete selon les sujets, perte de conscience dont les entites profitent pour se manifester. Les fonctions du corps se trouvent quelque peu affectees par le phenomene : la circulation est ralentie, un leger froid envahit les extremites. Les organes des sens deviennent plus sensibles ; le moindre bruit fait sursauter le medium et la clarte l’incommode demesurement.
Pour qu’un etre humain obtienne la perception spirituelle directe il est, par contre, indispensable que Psyche se plie volontairement a un processus de degagement analogue a celui de la desincarnation, c’est-a-dire qu’elle sorte de son corps, s’eleve et se reforme, totale en son integrite, pour baigner dans l’espace astral. Maintes conditions, on le comprend, sont requises pour la production d’un pareil phenomene et seuls certain medium, tres puissants, parviennent, a force de discipline et de tenacite, au phenomene parfait : La sortie complete du perisprit du corps.
Tout d’abord cette pratique ne sera permise qu’a un sujet denue de tout appetit materiel. Si, pour un medium recepteur de messages, le detachement des choses terrestres n’est pas necessaire — quoiqu’il soit de nature a aider toutes les manifestations psychiques, — par contre, pour parvenir a arracher Psyche a sa prison charnelle, il faut preparer le corps a cette delivrance par la pratique d’un ascetisme absolu. Peu d’hommes parviennent a franchir ce premier obstacle.
Cette condition preliminaire remplie, le sujet se preparera a l’evenement par de longues meditations au cours desquelles il devra faire le vide autour de lui, autour de son habitat et, enfoui dans sa volition comme s’il s’enlisait dans quelque sable mou, il noiera sa conscience, sa personnalite dans le flou de sa conception spirituelle de l’au-dela. Cette attitude morale observee, il tombera en transe par un des moyens mecaniques a sa convenance, par exemple en fixant un objet.
La transe obtenue, le cerveau ayant ete prealablement impregne par la volition arretee de permettre a Psyche de s’evader du corps, le sujet s’affaissera sur son lit de repos. Et un laborieux travail commence et va s’accomplir sans douleur pour le corps assoupi mais, pour Psyche, avec certaines affres et des tiraillements. Pour s’evader du corps d’un mourant ou d’un medium en transe le perisprit suit un processus inverse de celui de la naissance. Arretons-nous donc un moment a observer ce premier phenomene nous comprendrons mieux ainsi la suite de nos developpements.
Nous savons deja que, durant la gestation et lorsque le fetus a atteint un certain developpement, vers le quatrieme mois de la conception, le champ magnetique de son ame future vient, de temps en temps, le baigner de ses radiations et s’habitue ainsi peu a peu a animer son systeme nerveux. De la les premiers tressaillements que la mere enregistre. Mais le fetus ne “ pense ” pas encore car Psyche ne s’introduit jamais completement en lui.
Nous ne connaissons de la naissance que son aspect humain, organique en quelque sorte. Nous ne soupqonnons meme pas que ce phenomene presente un autre aspect, un aspect psychique dirons-nous, particulierement curieux.
La mere, souffrante, est allongee et le processus de la delivrance se poursuit. Voila ce que nous voyons avec nos yeux de chair qui n’enregistrent qu’une certaine gamme de vibrations. Tournons la page du monde concret et decrivons la scene vue hors des barrieres de la vie cellulaire qui sont sur le point d’etre franchies par l’enfant.
Au-dessus de la mere qui se debat dans les spasmes de l’accouchement, les entites du monde invisible se sont rassemblees. Ainsi que des amis conduisent un des leurs a l’embarcadere d’un bateau, ainsi les ames qui l’aiment viennent accompagner Psyche qui va quitter les spheres etheriques pour son periple terrestre. Aussi longtemps qu’elles peuvent la garder aupres d’elles, elles la gardent et la reconfortent car elle en a besoin plus que jamais ; le douloureux voyage de la vie est la qui l’attend.
Mais voila que l’accouchement se termine ; l’enfant pousse ses premiers cris, il ouvre largement sa petite bouche. Il est temps pour Psyche de gagner sa nouvelle demeure. Avec dechirement elle quitte son cercle affectueux, les dernieres recommandations s’echangent et, enfin, elle entre par cette bouche vagissante au sein de la vie charnelle qu’elle va retrouver. C’est bien souvent, du reste, qu’elle repartira vers ses amis desincarnes pendant les longs sommeils de la premiere enfance.
Pour son entree dans le corps qu’elle investit, elle penetre ordinairement par la bouche et noue son champ magnetique successivement aux differents plexus, puis s’etend aux membres superieurs, puis inferieurs. Tout cela tres vite et sans tiraillements car les forces psychiques priment les forces nerveuses de ce petit corps neuf ou Psyche s’installe avec une grande aisance. Son perisprit souffrira, certes, de l’etouffement qu’il endure, mais a la longue et a mesure que l’enfant grandira la sensation de gene ira s’attenuant.
Voila pour la naissance. Reprenons maintenant notre etude de la transe mediumnique. Nous allons voir que la sortie du perisprit s’effectue selon un processus inverse qui va permettre a Psyche de reprendre contact avec son milieu etherique.
Le degagement du perisprit fait apparaitre cinq phases successives :
1) Le champ magnetique de Psyche commence par abandonner les membres inferieurs, ce qui lui est facile et rapide, pour refluer vers le centre du corps.
2) Le phenomene se poursuit par l’evasion du bassin et du plexus sacre, ce qui demande un peu plus de temps. Le perisprit qui n’est pas encore sorti du corps, se trouve comprime dans un espace inhabituel et le sujet ressent confusement une oppression mentale. Si, en effet, le cerveau ne pense plus, ses reflexes continuent a resonner dans les sens de Psyche et l’incommodent.
3) Puis Psyche retire son emprise magnetique des membres superieurs, ce qui ne presente aucune difficulte ; des cette troisieme phase, le perisprit parvient a se frayer une sortie par les orifices du crane — la bouche, les oreilles, les yeux ou les fosses nasales — et commence a deserter le corps en s’amincissant en un cordon fluidique.
4) Le perisprit est noue au systeme nerveux par les ganglions du systeme grand sympathique. Il faut donc qu’il s’arrache successivement des differents plexus, les uns apres les autres, du plexus sacre jusqu’au plexus cervical. Le thorax et le cou sont pour cette raison plus longs a degager. Pendant ce temps le champ magnetique de l’ame poursuit son operation de sortie du corps et la matiere psychique s’elargit et se condense a l’exterieur. Seul le crane demeure encore investi par le perisprit mais la phase derniere est proche.
5) C’est, du reste, la phase la plus penible et la plus lente. Les cellules cervicales reagissent et agitent le perisprit de tiraillements qui lui causent une impression desagreable. Enfin Psyche parvient a se degager de l’encephale, son habitat le plus intime et le plus complexe, et voila maintenant son champ magnetique reforme et vibrant au-dessus de son corps entranse, independant de lui autant que dans la mort.
Ces differentes phases ont pu demander deux a trois heures pour s’accomplir et le processus est en tout point semblable a celui d’une desincarnation veritable. Le sujet est du reste souvent agite de soubresauts analogues a ceux du coma et sans l’absolue solitude dans laquelle il est isole le phenomene serait impossible a atteindre. Comme dans la mort egalement, totalement degage du corps entranse dont la vie organique s’est considerablement ralentie, le perisprit, traversant de son champ magnetique les murs et plafonds, s’eleve jusqu’a une certaine hauteur.
Pourquoi, dira-t-on, ne s’eleve-t-il pas selon sa densite et son volume ainsi qu’un desincarne ? C’est que la conscience, prealablement avertie d’une sortie temporaire, continue de conduire Tame et l’empeche de s’evader ; l’ame sait qu’elle devra bientot retourner dans son corps qui sinon courrait le danger d’une lethargie sans fin, elle sait qu’elle ne doit pas echapper, par ce moyen hors nature, a son destin terrestre. La conscience de l’ame est bien, certes, son plus pur joyau, son etincelle, et pour elle le mot devoir prime le mot desir. Aussi extremement rares sont les ames indifferentes qui se desinteressent de leurs corps et les laissent vides de leur spirituelle substance.
Done, Psyche parvient a une certaine hauteur, la moindre qui lui est necessaire pour pouvoir communiquer avec des entites d’une reelle valeur. Elle les alerte et ces entites se pressent autour d’elle, heureuse de voir, un moment liberee, une ame incarnee. Si le desir ardent de cette Psyche est d’etre initiee aux grandes verites, si, de ces verites, elle ressent l’approche comme certaine et indispensable, alors les entites qui l’entourent se font une grande joie d’appeler un missionnaire de l’astral, un des plus purs qui, acceptant de descendre de ses hautes spheres, viendra verser dans ce creuset propice tout ou partie de sa science complete. L’initiation pourra etre plus ou moins entiere, plus on moins directe ou sous forme de symboles. Ainsi cette verite, qui est une, pourra se draper de mille nuances selon les entites et selon les Psyches receptrices.
Au cours de cette initiation, Psyche absorbe la verite comme le sable boit l’eau, avec avidite. Le profit spirituel est grand et la memoire de l’ame s’impregne de la clarte fulgurante qui l’eblouit et l’emerveille.
Puis l’entite se retire et Psyche, consciente de ses devoirs, vigilante de son tresor nouveau, reintegre son corps par un processus inverse de celui suivi pour son degagement. Et lorsque c’est chose faite, le dernier morceau du puzzle se trouve ajuste.
Le cerveau rehabite se reveille mais, comme le sommeil a ete volontaire, il y a conscience complete et la memoire organique, impressionnee par les radiations de la memoire psychique, reqoit sur son clavier l’evenement dans son ensemble. De la l’inspiration des grands fondateurs de religions qui, apres leurs transes mediumniques, pouvaient reveler ce que leur memoire avait enregistre. Jesus fut de ce nombre et, plus pres de nous, Ramakrishna. Tous ces inities avaient une vision claire et se hataient de raconter ce qu’ils avaient connu. Mais comment exprimer avec des mots humains cette verite fulgurante qui les brulait ?
Un autre aspect du phenomene est que Psyche conserve, egalement, le souvenir de cette volupte de l’au-dela a laquelle elle a goute et qu’elle regrette, telle une enivrante sensation physique. L’etre humain, qui a souvenance de cet etat, aura-t-il la force de ne plus vouloir rechercher et retrouver cette extase ?
L’extase n’est pas une fin ; comparable a la beatitude celeste par l’exces des sensations quelle apporte, sa recherche en soi aboutit a un phenomene d’egocentrisme et n’est rien d’autre que l’assouvissement d’une jouissance peut-etre encore plus condamnable que celle des sens puisqu’elle est hors nature. Que recherche donc l’initie qui n’a plus rien a appendre ou dont revolution ne lui permet d’apprendre plus rien, sinon la satisfaction d’un desir egoiste qui le fait echapper a un destin de chair pourtant librement choisi ? Nombreux sont les extatiques — surtout en Orient — qui se livrent a cet onanisme spirituel.
Lorsque l’initie est pur, comble par la verite reque, il se retire en lui-meme, medite, comprend, et soit garde pour lui sa lumiere, ce qui est le cas le plus frequent, soit clame sa verite, si sa mission est de parler. Mais si l’etre n’est pas extremement evolue s’il possede encore en lui certains appetits, il est explicable qu’il garde un regret des heures vecues et desire les retrouver. Son initiation lui a fait eprouver une joie spirituelle fulgurante et il conserve la nostalgie d’une volupte que les choses terrestres ne lui ont jamais fait connaitre. Le desir nait en lui et bientot il succombe a la tentation.
Or comment va-t-il liberer son ame du corps ? C’est ici que tout se complique. Tout est pur aux purs, aux autres, tout est impur. Psyche, clairvoyante, sait que la sensation est seule recherchee, alors que l’initiation est chose faite. Elle s’en desole car elle comprend que le perisprit va en etre alourdi. Elle fera donc pression de son mieux pour empecher le phenomene : avant la transe imposee par le sujet a son corps, elle suscite un debat de conscience. Si le sujet passe outre, le degagement du perisprit se fera mal et restera partiel. S’il est tout de meme suffisant pour permettre la communication avec les entites de l’au-dela, son champ magnetique restant relie au corps par un cordon fluidique, Psyche ne recevra pas la visite d’un etre pur. Par contre, une entite malsaine — il en est autant dans l’au-dela que sur terre — atteindra facilement la region ou notre perisprit baigne. Elle s’efforcera de lui donner la sensation la plus brulante, suscitera pour elle des images tres particulieres qui lui procureront une excitation spirituelle intense, comparable a celle d’un stupefiant. Visions agreables certes, mais malsaines et qui tendront a abaisser Tame. Si le sujet s’y complait, s’il recidive, alors il risque de perdre le benefice de son incarnation en cours et son evolution en sera d’autant retardee.
Aux dires des desincarnes, rares sont les ames qui, au cours de deux vies successives commettent semblable erreur car leur desincarnation leur fournit l’entiere vision du mal quelles ont ainsi suscite et elles n’eprouvent que degout pour les scenes que le reflet astral de leur passe leur permet de contempler. Du reste, une ame deja elevee succombe rarement a la tentation et en regle generale les extatiques sont toujours moyennement ou peu evolues.
Cet etat d’extase ne saurait en aucune faqon etre confondu avec celui de la priere. La priere, nous parlons de la priere fervente, a pour effet de “ fluidifier ” l’ame dont le champ magnetique, sans se degager du corps, parvient a emettre une onde, une veritable antenne radiante qui s’eleve lentement et finit par atteindre un courant cosmique. Ce courant cosmique — les desincarnes sont formels sur ce curieux phenomene de la nature — enrobe l’atmosphere de notre planete. L’ame du sujet, sans pouvoir communiquer par ce moyen avec les entites de l’au-dela, se trouve ainsi branchee sur un circuit electrique dont les proprietes sont telles qu’elles procurent a Psyche un etat de paix souveraine, de repos, d’equilibre, de foi, autrement dit un etat de conscience proche de la beatitude. Les pretres connaissent bien ces effets benefiques et la pratique de la priere, encouragee par toutes les religions permet de developper ce qu’il y a de meilleur en nous.
Mais revenons-en au phenomene essentiel de l’initiation de Psyche apres son evasion momentanee. La voila integree a nouveau dans sa demeure de chair. Les effets de l’initiation vont se repercuter sur les differents plans de la conscience. En premier lieu, l’initiation trace un profond sillon dans le moi conscient du sujet qu’elle comble. Ensuite elle va murir a l’ombre de l’inconscient ou les ors profonds de la connaissance s’estompent au crepuscule de la conscience et se teintent de reflets aux nuances indecises. Puis, dans le subconscient, c’est la lourde goutte noire qui roule et s’aplatit poisseuse, laissant sa trace gluante aux confins de l’intelligence pour se deposer enfin dans le puits obscur du moi. La, a la moindre sollicitation du conscient, elle s’agitera, s’ouvrira comme l’obscure fleur des tenebres qu’elle est et engendrera des effets benefiques qui seront plus ou moins ressentis.
Aveuglante dans le conscient ou l’enrichissement ne sera jamais perdu ni obscurci, sourde et en veilleuse dans un inconscient toujours a la lisiere de l’ame lucide et affleurant par maints eclairs a travers la conscience ou les reves, ainsi l’initiation marquera par contre d’une empreinte obscure mais indelebile le fond du subconscient qui constitue l’essence du moi et recele en son gouffre les eaux lourdes de la connaissance. De la partiront parfois ces houles, ces impulsions irrepressibles qui guideront Psyche et l’aideront desormais dans sa marche vers la lumiere.
Une des premieres et plus etonnantes realites qui s’affirment a l’initie, sur le chemin de l’au-dela, est bien celle de la negation du futur tel que nous le comprenons et de l’extreme precarite de notre concept du temps. Le futur apparait, en effet comme deja cree sous forme de radiations cosmiques qui sillonnent les espaces et qui, en atteignant notre planete, notre corps, imposent inexorablement l’accomplissement du present humain, dans l’instantaneite du contact. L’homme vit sous la dependance directe de son destin dont l’ombre se profile tout au long de sa route terrestre.
Mais ces realites, que beaucoup ressentent intuitivement comme des verites premieres, et meme admettent sans demonstration prealable, peuvent-elles etre raisonnablement expliquees ? Sont-elles explicables ? L’homme du vingtieme siecle, passionnement epris de raisonnement scientifique, peut-il, en ce domaine encore inexplore, attendre une aide serieuse de l’experimentation mediumnique ?
Les faits doivent etre rendus intelligibles a partir de certains principes qui sont a decouvrir. Ces principes peuvent-ils nous etre reveles par les entites de ce monde invisible qui nous entoure si etroitement, mais demeure si ferme a nos sens ?
Certes, plus que jamais cette methode d’investigation est de nature a susciter les reserves de certains, en raison de son caractere d’initiation transcendantale. Mais quelle importance, en somme, si les reponses fournies paraissent constituer un “ tout ” coherent, susceptible de s’imposer a notre raison, a notre logique ? Peu importent les moyens, seul le probleme d’intelligibilite compte.
Grace a l’antenne fluidique d’un medium, branchons-nous donc, sans hesiter, sur l’une de ces entites de l’astral, choisie parmi les plus evoluees de celles qui veulent bien se preter a l’experience et essayons de nous faire expliquer en quoi consistent ces courants cosmiques dont il est si souvent question et comment ils peuvent influencer la vie sur notre planete.
Quel etrange dialogue, assurement que celui de ce chercheur assis a une table aupres d’un medium et de cet interlocuteur invisible situe quelque part dans l’espace sideral, a une distance inimaginable, mais dont on sent la presence toute proche grace aux radiations que transmettent sa pensee ! Et, a travers l’ether conducteur, les questions et les reponses s’entrecroisent, tour a tour emises et captees par ce merveilleux poste electrique que represente le medium dont les centres nerveux, sous l’influence de vibrations ultra courtes, s’allument a une pensee etrangere a la sienne.
Mais laissons parler notre communiquant desincarne et, tout en gardant entier notre esprit critique, recueillions ses explications et essayons avec lui de remonter jusqu’aux sources du concret, la ou, dans le secret d’une machinerie celeste aux rouages multiples, se tissent les fils de notre destinee.
Tout de suite un principe nous est affirme avec force, accompagne d’une description qui aurait paru fantasmagorique il y a seulement quelques decades, alors que nous n’avions pas encore la pratique des flux electriques et que nous ne soup9onnions pas l’etrange nature vibratoire des milieux atomiques. Ce principe est que le destin de chaque individu est sous la dependance d’un courant energetique, exterieur au corps et que l’on pourrait qualifier — faute de mieux — de radiations cosmiques. Les destins humains variant a l’infini, on est aussitot amene a envisager un ensemble vibratoire considerable baignant l’atmosphere terrestre, et la description de ce phenomene par les desincarnes apparait veritablement stupefiante.
Partant d’un point qualifie par eux tantot de noyau divin, tantot de pole positif du champ electromagnetique qui enserre l’univers, ces courants cosmiques se deroulent a travers l’espace sideral telles d’immenses banderoles et ceignent les planetes, dont la notre, de leurs effluves vibrants. Ils retournent ensuite a leur source pour en repartir encore, charges de destins nouveaux et accomplir ainsi sans arret une extraordinaire farandole siderale qui s’apparente a la giration inlassable des planetes ou a la valse tourbillonnante des electrons au sein de l’infiniment petit de la matiere.
Pour concretiser le phenomene, on peut imaginer un ensemble de flux a, a’, a”... dont les trajectoires se coupent a l’aller comme au retour, provoquant des interferences. Ces interferences correspondent a des periodes symetriques dans le destin des individus, a deux equinoxes spirituelles en quelque sorte ou le destin n’est plus agissant.
Les destins se trouvent graves a l’avance sur les banderoles photoelectriques en ce sens que leur flux energetique porte en son germe la prefiguration des actes a accomplir par chaque individu. Mais seuls les evenements principaux de la vie — situation sociale, mariage, accidents, mort — y sont traces, de nombreux passages ne devant etre impressionnes que par le libre arbitre. Ainsi l’humain composera a sa fantaisie la broderie de son existence sur un canevas dont il a prealablement fait choix. Sous ce jour la vie terrestre apparait, en somme, comme le theme musical d’un piano mecanique dont, toutefois, un executant a la possibilite de varier les tonalites et d’intercaler certaines phrases musicales dues a son inspiration personnelle.
Mais ne nous posons pas encore sur terre et restons dans les espaces sideraux a imaginer le comportement d’un desincarne a l’egard de ces radiations cosmiques. Contrairement a l’humain, il n’est pas branche sur elles ; il les voit donc du dehors, de l’exterieur et il n’est pas tributaire du temps. Le temps est une notion purement humaine, pour le desincarne c’est seulement la fragmentation de l’espace. Prenons un exemple concret : la radiation du futur, qui doit atteindre un homme situe en A, se trouve encore loin de son objectif, en un point B de sa trajectoire courbe situe par exemple a 100.000 kilometres. La distance AB represente a nos yeux un certain nombre de secondes, de minutes, d’heures ou de jours qui s’ecouleront avant que le futur B devienne du present A. Pour le desincarne il ne s’agit que d’une fraction d’espace BA et, comme le desincarne a toute possibilite de se mouvoir dans l’espace sideral, il lui est loisible de se placer en un point quelconque B de la trajectoire pour connaitre ainsi, par avance, l’evenement futur en marche vers son objectif humain.
Au cours de sa vie etherique, le desincarne se desinteresse de ces radiations cosmiques, qui ne lui sont pas destinees, jusqu’au moment ou il ressent la necessite d’une prochaine reincarnation. Le passage de la vie etherique a la vie incarnee ne peut s’effectuer qu’en se “ branchant ” sur l’une de ces radiations cosmiques — nous reviendrons sur ce phenomene electrique — et ce branchement implique forcement l’adoption d’un destin quelconque. L’etre etherique a le choix de son destin en ce sens qu’il peut se brancher sur telle radiation ou telle autre. Mais son choix est relatif et depend essentiellement de son evolution, c’est-a-dire de l’anciennete de son ame.
Nous savons que les entites evoluent selon le volume et la densite de leurs champs magnetiques. Suivant leurs positions a, a’, a” les courants cosmiques du destin sillonnent des espaces divers et sont destines a des categories differentes d’etres etheriques. Une entite placee en a” ne voit passer a sa portee que le flux a”. Elle ne peut pretendre a d’autres destins que ceux inclus en ce flux. Sa densite lui interdit de se mouvoir dans des spheres plus hautes traversees par les courants a’ ou a, par exemple. Elle pourrait seulement descendre et contempler des destins devolus a de moins evoluees qu’elle. Mais le desincarne voit les evenements dans leur ensemble et il n’y a pas d’exemple, parait-il, qu’une entite se laisse aller a pretendre a un destin d’une categorie inferieure a celle a laquelle elle a droit. La contemplation de ces destins revolus pour elle lui fait, au contraire, accepter avec plus de courage ses futures epreuves car la comparaison est a son avantage.
Quant a pretendre a un destin meilleur que celui auquel le desincarne a droit, il ne saurait en etre question, meme si le desincarne parvenait momentanement a une sphere plus haute. Tout est vibration et electricite, ne l’oublions pas, et seul le courant de la banderole a” peut eclairer la pile du perisprit a”. Il y a la des barrieres infranchissables et les lois naturelles qui gouvernent l’au-dela comme la vie sur les planetes sont telles que rien n’est laisse a un hasard inexistant.
Pour une entite en mal de reincarnation, comment le choix de son nouveau destin va-t-il s’effectuer ? Parmi les divers schemas qui s’offrent a elle il y a equivalence rigoureuse d’epreuves a subir. Mais alors, par exemple, qu’un desincarne courageux acceptera une vie courte d’infirme ou de vagabond, un autre preferera une vie longue d’epreuves plus moderees.
Une fois exprimee sa preference pour une categorie de destins, notre entite doit se decider pour un des huit ou dix destins correspondant au type de vie qui lui agree. Mais avant d’opter definitivement, Psyche doit se preoccuper de choisir un fetus. Il faut que le milieu familial ou ce fetus est en gestation non seulement lui plaise mais corresponde a la ligne generale d’un des destins qu’elle devra finalement retenir. Ce choix du fetus est, pour certaines entites, tout aussi important, sinon plus, que celui de leur destinee. Certaines, par exemple, ressentiraient vivement un manque d’affinite avec leur milieu familial et recherchent, autant que cela est possible, une analogie morale avec leur parente future. D’autres, vaniteuses, se preoccupent avant tout de leur forme corporelle future et desirent une mere et un pere leur offrant, par la ressemblance, le maximum de chances de beaute.
De toute faqon s’ouvre pour Psyche une periode assez longue d’investigations qui peut durer, parait-il, plus d’un mois, au cours de laquelle elle va prendre connaissance de differentes contrees et de differents milieux familiaux. Dans ce but, et grace au membre de la famille le plus riche en fluide vital qui lui sert ainsi de medium inconscient et occasionnel, elle projette une veritable antenne au sein de ce milieu.
Pour un etre etherique deja evolue, l’impression alors ressentie de se trouver pris dans l’engrenage humain est particulierement penible ; mais c’est la seule faqon, pour le desincarne, de voir “ vivre ”, ceux qui eventuellement, pourraient devenir les siens, et de savoir si ce milieu peut lui etre agreable ou tout au moins supportable. C’est en quelque sorte un voyage d’information qu’il effectue et il a, du reste, prepare son expedition terrestre en consultant, au prealable, le reflet astral des membres de cette famille, c’est-a-dire les images enregistrees dans l’ether des actes principaux de leur passe. Si les conditions de milieu ne lui agreent pas, notre entite poursuit son enquete et passe a l’examen d’une autre famille.
Parfois son choix se complique du fait qu’elle entend jumeler son existence avec celle d’une autre entite liee a elle par des sentiments anciens et profonds. Ainsi deux etres, qui se sont deja connus et aimes au cours d’une existence precedente et se sont retrouves dans l’astral, decident de se rencontrer a nouveau sur terre et meme de ne pas se quitter. Il faut donc qu’ils unissent leur prochaine reincarnation. Seront-ils frere et sreur, mere et fils ou epoux ? Autant de problemes qui conditionnent le choix de ces deux entites et le subordonnent a leurs desirs mutuels.
Le choix enfin arrete, comment l’exclusivite et du destin et du fretus va-t-elle etre acquise a notre entite ? Grace a un phenomene electrique particulierement curieux dont il est possible d’avoir la description sinon l’explication. Ainsi qu’une araignee au haut de sa toile, l’entite se branche sur le flux energetique de son destin en se plaqant “ au-dessus ” de lui et la luminosite de son perisprit baigne alors la parcelle de la banderole qui lui est devolue. Seuls restent vacants les destins qui ne sont pas ainsi eclaires par cette lumiere qui noie sous son poudroiement le destin choisi. Cette luminosite, precisons-le, emane de l’entite elle-meme et constitue en quelque sorte la manifestation premiere d’un etat prenatal qui la transforme physiquement. Ainsi qu’en un cocon de soie fluidique, le desincarne, dans cet etat prenatal, voit son champ electromagnetique s’irradier d’une luminosite essentiellement variable du reste selon son evolution. Chez le rustre cette luminosite est lunaire et blafarde, chez l’etre evolue son eclat est insoutenable Le meme phenomene a pour effet de mettre le fretus en circuit avec son futur energetique et, pendant les quatre ou cinq mois que dure encore la gestation de la mere, les radiations cosmiques resteront ainsi eclairees. C’est fame, soulignons-le au passage, qui apporte ainsi a l’enfant le destin qu’il sera force de vivre.
Des que le petit etre acquiert une existence independante de la mere, autrement dit des la delivrance de celle-ci et l’entree du perisprit dans le corps du nouveau-ne, la luminescence dont nous parlions s’eteint et la banderole du destin, jusqu’alors figee dans l’immobilite, commence aussitot, a alimenter sa nouvelle pile humaine en penetrant par les poles du sujet. C’est le depart du futur en meme temps que le depart de la vie. A chaque instant ainsi, de par le monde, des milliers de fretus viennent au jour, les radiations cosmiques se declenchent, la vie et le destin avancent de pair.
Ici, un rappel s’impose. A propos du sommeil nous avons vu que le corps humain, grace aux poumons et aux nerfs pneumogastriques, captait durant la nuit une certaine charge electrique qui, par le bulbe rachidien, etait acheminee au cervelet. Nous avons vu, egalement, que le cervelet jouait le role d’un accumulateur d’energie et distribuait ensuite durant le jour son flux electrique a travers tout le reseau nerveux. Nous savons donc que le corps emarge a une premiere source d’energie, puisee dans l’atmosphere meme de notre planete et qui assure, suivant un rythme regulier, la continuation de la vie, sa prolongation quotidienne en quelque sorte. Avec les radiations cosmiques nous decouvrons une nouvelle source energetique qui penetre, elle, non plus par les voies respiratoires, mais directement par les poles magnetiques humains. Et la vie, telle que nous la concevons, va resulter du manage de ces deux flux, autrement dit de la conjonction, au sein de la cellule, de la radiation cosmique et du potentiel electrique qui deja la chargeait. Un tressaillement du plasma sous le choc des deux electricites, une minuscule etincelle et la somme de ce phenomene cellulaire a travers le corps
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produit l’energie vitale .
Ainsi la cellule humaine est vehicule de vie et non-vie par elle-meme et c’est en son creuset que se marient les vibrations energetiques que lui prodigue le flux du destin. La vie ne peut done se manifester que si l’etre est branche sur ce flux, la mort signifie que le circuit est coupe. La fin du destin implique l’arret des fonctions vitales, du moins des fonctions vitales cellulaires que seules nous connaissons. Lorsque le destin est accompli, le courant cosmique qui animait le corps depuis la naissance ne le baigne plus. Seul le champ magnetique de Tame continue alors a vibrer, intact, et Psyche, plus ou moins vite, va quitter ce corps qui s’eteint.
L’homme est une pile electrique branchee sur son futur energetique et nous comprenons maintenant que les deux actes principaux de l’existence — la naissance et la mort — sont preetablis en ce sens qu’ils sont sous la dependance du flux du destin.
Mais ce flux, synchronise sur le voltage de l’etre, va sans cesse le suivre dans sa course et determiner les etapes de sa route terrestre. Au fur et a mesure que la banderole se deroule, que le temps s’ecoule, le sujet baigne successivement dans l’influx des differents actes de sa destinee, des evenements a vivre, et, par une conjonction energetique ininterrompue, le futur continue sans cesse a se muer en present.
La banderole cosmique est animee d’une force electrique, l’evenement du destin est represente par une onde dont la rencontre avec la pile humaine est generatrice du present pour l’etre qui est gagne par son destin. Imaginez un homme inerte, etendu sur le sol. Un fleuve en crue deborde, sa coulee chemine et atteint l’homme. Alors il se leve, bondit pour echapper au danger. De meme le destin pourchasse et atteint l’homme. La crue du destin l’envahit, le submerge, sa conscience est assaillie par ronde de l’evenement imminent, ses sentiments s’agitent et l’action se deroule dans l’ordre preetabli par la destinee.
Lorsque l’acte est vecu, des qu’il est sur-impressionne sur la banderole, le present s’efface et devient du passe. Il laisse a l’avenir immediat sa realisation en present qui, a son tour, se retranchera dans le passe.
Pour etre complet, et quoique ce developpement deborde du cadre de cette etude, signalons que l’accomplissement du futur, dans l’instantaneite du present, declenche une onde de television qui se propage a son tour en direction d’un recepteur, la sphere astrale, dont les proprietes photoelectriques permettent de conserver presque indefiniment les images du passe. Ainsi le flux cosmique du futur se mue en present en un point de sa trajectoire, et l’acte du destin, tel qu’il est vecu selon la latitude laissee au libre arbitre du sujet, est represente par une onde photographique qui quitte notre sujet et la planete pour s’inscrire dans l’ether astral. Ce phenomene electrique qui s’apparente a celui de la television trouve son explication dans le fait qu’a partir du moment ou un acte important met en jeu une certaine intensite affective, le systeme nerveux emet, a notre insu, un ensemble de radiations qui quittent notre corps et sont captees par le recepteur etherique dont il est question.
C’est ce miroir indelebile de la sphere astrale qui permet ensuite au desincarne de retrouver la trace de ses actes vecus. L’etre etherique a ainsi la possibilite de contempler son passe, c’est-a-dire les actes principaux de ses vies anterieures. Sa comprehension est alors differente de la notre en ce sens qu’il ne s’attache plus, principalement, a l’acte commis mais au climat moral qui l’a rendu possible, a l’aura de bonte ou de laideur qui entoure chaque chose et, pour lui, l’intention vaut l’action et meme la depasse.
Au cours des developpements qui precedent nous avons essaye de concevoir l’emprise energetique qu’exerce, sur notre corps, le flux du futur. Cette emprise, toute profonde qu’elle soit, serait cependant incapable, a elle seule, de provoquer irremediablement l’acte du destin. L’accomplissement de l’acte, sa realisation implique un ensemble de phenomenes adjacents sur lesquels il convient, maintenant, de se pencher et qui, tous, concourent a creer un climat psychique favorable a l’eclosion de l’evenement.
Signalons tout d’abord, pour memoire, qu’avant meme de naitre a la vie cellulaire, l’ame porte en elle ses propres tendances qui donneront a ses actes une impulsion particuliere. Ses tendances apparaissent, nous l’avons vu, dans l’aura qui entoure le corps humain et dont la luminosite et la coloration varient selon l’etat d’evolution de Psyche. Un etre qui n’a vecu qu’une dizaine de vies humaines ne reagira pas de la meme 3 Nous avons a dessein delaisse tous les elements secondaires du phenomene qui concourent a sa production ; role de condensateur du plasma, reaction du noyau non charge, irritabilite de la cellule, choc du flux sanguin qui transmet la lointaine secousse du cmur, etc...
maniere qu’un sujet evolue que des centaines de vies anterieures ont rode de leurs innombrables epreuves. La lointaine origine animale de l’ame continue egalement, a travers les millenaires, a exercer sa trouble emprise sur les reflexes qui seront eventuellement differents, en face du meme acte, suivant l’ancienne appartenance a telle famille animale ou telle autre.
En sus des tendances que chaque etre porte ainsi en lui en naissant et qu’il doit a son ascendance animale et a l’anciennete de son ame, en sus de cet atavisme “ animique ” aussi important, sinon plus, que celui que nos biologistes recherchent dans les chromosomes de la cellule, il ne faut pas oublier, en second lieu, de mentionner l’influence indeniable qu’exercent sur nos actes les radiations emises par les astres. De tous temps, les hommes ont pressenti, admis cette influence et l’astrologie a connu, dans les siecles passes, une vogue particuliere. Si nous faisons la part de l’exageration et aussi, pourquoi ne pas le dire, du charlatanism e, l’influence zodiacale se resume en un phenomene de radioactivite parfaitement admissible. Chaque astre, chaque constellation reflechissent diversement l’ensemble des radiations cosmiques qui les atteignent et la pile humaine, super sensible, se trouve forcement affectee par ces projections atomiques dont elle est sans cesse bombardee.
L’etre dont le destin doit etre, par exemple, de violence naitra donc, pour parfaire sa destinee, sous une influence astrale dont l’incidence avec le flux cosmique du futur dechainera violence et meurtre ou tout au moins en favorisera l’eclosion. La rotation de la Terre permettra ainsi, periodiquement, a ce phenomene de radioactivite d’exercer son etreinte invisible sur le sujet dont le climat radiant subira la repetition rythmee des memes tendances generales benefiques on malefiques.
Parmi les phenomenes adjacents qui concourent a creer le climat psychique propice a la realisation du futur, il convient, en troisieme lieu, de faire une place a part au subconscient dont le role est primordial.
Nous savons que le conscient gouverne la vie journaliere du sujet et qu’il represente avant tout la raison, la volition. Par rapport au destin, le role du conscient est de freiner les impulsions du subconscient afin de faire jouer le libre arbitre. Le libre arbitre emane du seul conscient. Dans sa forme pratique, le conscient represente la marge laissee par le destin a l’intervention habituelle de la raison. L’etre raisonne, discute avec lui-meme, sans savoir que le destin approche, ineluctable alors parfois qu’il le pressent, qu’il jouit d’une intuition de son subconscient.
Selon l’intelligence de chacun le conscient construit une hypothese, la met en action, s’emeut a son echec ou a sa reussite, neglige l’impulsion profonde et finalement, son libre arbitre accompli, retombe dans la ligne generale ou son destin le maintient. Le conscient a donc un role de frein et d’apport personnel.
L’inconscient, qui se borne a enregistrer les imponderables, ne presente, au regard du destin, aucun interet particulier. Il a, tout au plus, l’utilite d’un grenier ou parfois le subconscient vient chercher le grain a faire germer.
Le subconscient, lui, represente en quelque sorte la matrice de l’ame et toutes les impulsions profondes qui vont guider l’etre vers sa finalite emaneront de lui. Ainsi que nous allons le voir, c’est le maitre qui conduit le ballet, souvent sinistre, du destin.
Avant de renaitre a la vie cellulaire, Psyche a choisi son destin de chair, nous le savons. Elle connait donc, par avance, les epreuves a subir et ce qu’elle a enregistre dort au creux de sa memoire psychique qui se situe dans le subconscient. La memoire cerebrale n’a pu commencer a fonctionner qu’a la naissance du corps et avec lui ; elle n’a, par consequent, pas ete impressionnee par des evenements anterieurs, notamment ceux de l’astral que seule Psyche a connus.
L’ame conserve donc, dans sa seule memoire psychique, la connaissance de sa destinee. Pendant le sommeil, ou en certaines occasions propices, il lui arrive frequemment, nous l’avons vu, de s’evader en partie du corps et de liberer du meme coup, et momentanement, son subconscient. Elle enregistre alors, avec certitude, soit en elle-meme, soit par son contact avec l’astral, l’approche de l’evenement du destin. Elle sait qu’elle ne peut echapper a l’epreuve, qu’elle l’a du reste librement choisie et que la souffrance salvatrice est le seul moyen de parfaire son evolution. Il faut donc que l’epreuve s’accomplisse, que l’acte du destin arrive et le plus tot sera le mieux.
Le role du subconscient va, alors, consister a creer un courant psychique qui entrainera le sujet dans la direction voulue. Les differents etats de conscience sont semblables a une harpe dont, toutefois, les cordes ne seraient pas fixees. Dans l’immense usine affective qu’est le cerveau humain, chaque corde correspond a un sentiment, et une de ses extremites est branchee sur le clavier du conscient. Selon les complications, les enchevetrements et les incidences diverses des sentiments qui sont en jeu, l’autre extremite de la corde aboutit soit au conscient lui-meme — c’est le cas le plus general et le plus simple — soit penetre dans l’inconscient, soit encore se prolonge jusqu’au subconscient ou, en principe, le sentiment meurt sans causer de resonance a la difference de ce qui se passe pour les deux premieres zones qu’il impressionne.
Le mur froid du subconscient ne reflechit rien, le fil se tranche net. Psyche reste sourde et muette. La charge electrique des cellules cerebrales est telle que le flux qui les parcourt ne peut aller qu’en direction du conscient. Jamais la moindre parcelle du conscient ne peut refluer a travers le subconscient et le perturber. Mais, lorsque le sentiment en jeu interesse un acte du destin dont la realisation est attendue par Psyche, celle-ci, qui a ressenti les radiations cosmiques de la banderole, se trouble, s’anime et renvoie la vibration du sentiment vers le conscient pour le faire entrer a son tour en action, pour lui commander l’acte.
Le mur du subconscient n’a pas laisse penetrer en lui l’onde du sentiment mais, par un phenomene nouveau de reflexion, a renvoye, tel un boomerang, l’onde vers sa source. Et il a renvoye cette onde non point comme elle lui est parvenue, mais eclairee par une impulsion puisee au subconscient. Ainsi qu’un reflexe nerveux reflechi par un neurone, l’onde revient a sa naissance dans le conscient. Celui-ci raisonne, discute et, sans le soupqonner, prend une decision qu’il croit emaner de lui seul, alors qu’en realite il obeit a une veritable injonction du subconscient.
Tel est le role du subconscient dans l’accomplissement du destin ; il est immense. Sans treve Psyche mene le jeu de l’etre incarne. Sans treve nous ressentons ces impulsions profondes et inexplicables, ces contradictions apparentes qui dressent la raison contre l’intuition et qui sont l’reuvre de ce que nous nommons le subconscient dans notre incapacite de concevoir Psyche, une Psyche deformee, etouffee, obscurcie, mais toujours pure flamme qui attend, tapie et engourdie dans les meandres cerebraux de retrouver un jour son element — l’astral.
Les developpements precedents sur les radiations cosmiques du futur et les phenomenes adjacents de l’atavisme animique, de la radioactivite stellaire et enfin du subconscient demontrent l’extreme complexite du probleme que pose au philosophe et au biologiste l’accomplissement de la destinee. Lorsqu’on parle du determinisme on est loin de soupqonner les rouages multiples qu’il implique, l’extraordinaire enchevetrement d’influences que subit l’humain tout au long de sa route terrestre, lui qui, orgueilleusement, se croit maitre de son sort.
Mais en sus de ces phenomenes, deja si complexes, que nous avons tente d’analyser dans la mesure de nos moyens, voila qu’il nous faut maintenant, et pour en terminer, decrire l’ingerence incessante des desincarnes dans le cours de notre destinee. Cette ingerence nous surprend, parait heurter le bon sens et nous eprouvons meme a l’admettre, pourquoi ne pas le dire, une certaine mauvaise humeur. Son existence est pourtant affirmee avec force, avec persistance dans toutes les communications reques de l’au-dela qui traitent du determinisme. Les desincarnes nous assurent que c’est pour eux une servitude de l’astral que de guider l’humain qui se debat en aveugle sur terre, qu’ils sont designes a leur tour pour cette tache et que nul ne s’y derobe puisqu’ils savent qu’une fois reincarnes, ils auront besoin aussi d’etre brides. Chaque humain, meme le plus desherite, possede ainsi un missionnaire desincarne qui va veiller a l’accomplissement de sa destinee, c’est-a-dire l’influencer de ses ondes propres pour concretiser en actes les evenements prefigures de la banderole du futur.
Pour faire apparaitre le role de ce missionnaire, nous allons prendre deux exemples. Dans le premier, nous ne parlerons que des radiations energetiques du futur et de l’ingerence du guide, dans le second exemple nous ferons etat, en sus, de ce que nous avons appele les phenomenes adjacents et notamment du role du subconscient.
Envisageons, tout d’abord, ce que doit etre la vie de Paul, aux termes du destin que son ame a choisi avant sa reincarnation Paul, des l’age de douze ans, doit etre paralyse, c’est sa premiere epreuve. Il doit guerir lorsqu’il atteindra l’age de 24 ans environ et deviendra homme d’affaires. A 28 ans, Il epousera une femme volage, en souffrira jusqu’au meurtre de son rival, sera juge et condamne. Il s’evadera a 36 ans et apres 5 ou 6 annees durant lesquelles il vit traquer, se cachant sans cesse, mourra vers 42 ans, miserablement seul. Voila les grandes lignes de sa destinee, car qui dit destin dit epreuves et tout ce qui ne figure pas sur ce canevas est du domaine du libre arbitre.
Comment Paul, qui est d’abord un bebe heureux, contractera-t-il son mal ? Sa moelle epiniere d’enfant est saine, il n’y a en lui aucune heredite facheuse et il faut pourtant qu’a l’age de 12 ans, au plus tard, ce mal grave apparaisse.
Lorsque l’epoque fixee approche, le flux energetique du destin, qui anime sans cesse le sujet, commence a decroitre et a creer un climat de deficience propice. Le moment de l’epreuve est arrive et c’est alors que le missionnaire du destin, nullement affecte de conduire son sujet a la souffrance puisque celle-ci est salutaire et que l’ame l’a par avance acceptee, fait surgir le microbe qui apportera la maladie, et precisement celle que les diverses influences radiantes concourent a susciter. Plutot meme que de voir son sujet se mettre en retard sur son destin, le missionnaire prefererait le rendre malade 2 ou 3 ans a l’avance et ferait surgir, cent fois plutot qu’une, le microbe necessaire.
Quand Paul est paralyse, le missionnaire, profitant de la souffrance morale et physique, s’emploie a elever son ame, a l’aider dans son evolution morale et le comportement du sujet, durant l’epreuve, va dependre essentiellement de son libre arbitre.
Puis Paul guerit. La encore le missionnaire agit, aide, baignant le corps d’ondes regeneratrices qui surajoutent leur efficacite a celle du rayonnement cosmique du futur dont l’influence malefique a cesse. Paul redevient a peu pres normal, c’est-a-dire que son corps est gueri, mais son mental reste atteint du sentiment qu’il est marque par le destin, ce qui contribuera plus tard a le pousser a une action desesperee.
Puis c’est la creation de sa situation d’homme. Le missionnaire le regarde s’agiter et, lorsqu’il le voit satisfait et heureux, ne peut se retenir d’eprouver un sentiment de pitie.
L’age est enfin venu ou Paul va prendre femme. II doit choisir mal. Son esprit, convaincu de son inferiorite, le poussera vers l’objet le plus brillant d’apparence ainsi que vers une revanche. Il choisit donc aussi mal que possible et l’reuvre du missionnaire sera d’influencer la femme dont le destin de Paul a besoin afin de la faire se trouver sur son chemin et d’obtenir son consentement a l’union. Comment donc va-t-il proceder ?
Il “ contactera ” l’entite qui veille sur la femme et lui dira : “ J’ai besoin d’une femme volage, est-ce bien dans la ligne du destin de votre protegee ? ” Etant d’accord entre eux sur cette correlation, pour un temps, du destin de leurs deux sujets, la rencontre est facilitee. Le manage a lieu. La trahison, egalement, sera favorisee par les deux missionnaires et, aussi, la decouverte par le mari de son infortune. Ici, contact avec une troisieme entite, celle qui suit l’amant eventuel. Il faut trouver l’homme a abattre et c’est, parait-il, chose aisee car dans l’astral c’est une epreuve souvent choisie et en somme facile a subir. On n’a qu’a laisser faire. De plus le fait de mort violente fait gagner a l’ame bien de l’espace astral car, brutalement desincarnee, elle souffre et tourbillonne longtemps, sans comprendre ce qui lui arrive. Son destin terrestre est en quelque sorte prolonge et revolution facilement acquise ainsi.
Donc les trois entites s’etant mises d’accord, tout est pret et Paul, encourage dans son geste desespere, abat son rival. La femme continuera desormais son destin personnel et Paul sera condamne. Annees tres dures pour lui durant lesquelles, sans treve, le missionnaire s’emploiera a eveiller ses bons instincts et a chasser toute revolte de son ame.
Aide dans son evasion, Paul la reussit. Il lui a semble que les portes s’ouvraient toutes seules devant lui. Puis ce sont les dernieres annees ; le missionnaire dirige ses ondes en faisceau pour suggerer a Paul que ces epreuves ont un sens et qu’il faut esperer mieux que le noir decor de la vie. Parfois il reussit a eveiller en lui un sens religieux qui eleve l’ame. De toute faqon il l’aide a supporter son destin et etouffe en lui toute idee de suicide.
Enfin, un certain jour, vers 42 ans, Paul, traque et qui s’est refugie dans une grange, s’eteint, miserablement seul. Les radiations cosmiques de son futur ont ete soudainement interrompues a l’epoque depuis si longtemps prevue. La mort du corps s’ensuit, peu importe de savoir si c’est tel organe ou tel autre qui a failli le premier. La pile humaine etait debranchee, la machine corporelle ne pouvait que s’arreter.
Des que l’ame parvient a se degager de ce corps qui fut Paul, le missionnaire est le premier a accueillir sa transparence, a l’envelopper affectueusement, a l’aider a monter vers sa sphere et a lui faire comprendre la verite dans son ensemble.
Dans cet exemple, volontairement simplifie, nous n’avons fait etat que des radiations cosmiques du futur et du role du missionnaire desincarne. Dans un second exemple nous allons essayer de percevoir les autres rouages qui permettent l’accomplissement du destin et notamment l’influence du subconscient.
Le theme general de la vie de Jacques est le suivant : il doit a une date precise dilapider une importante somme d’argent qui ne lui appartient pas et subir un emprisonnement. Ensuite, touche par le repentir et la grace, il entrera dans les ordres. Avec son libre arbitre notre sujet doit broder sa vie sur ce canevas, l’enjoliver ou l’enlaidir par les circonstances dues a son apport personnel, profiter plus ou moins des epreuves subies. Mais ce qui nous interesse, pour notre etude, est de comprendre le mecanisme grace auquel les evenements du destin — les seuls ineluctables — vont irremediablement s’accomplir.
La banderole du futur prevoit, sans autre detail, que le sujet doit, a une date precise, dilapider les fonds d’autrui et subir un emprisonnement.
Le missionnaire commence par aider Jacques a obtenir une place de caissier que celui-ci desire. Puis il lui suggere des gouts de luxe et de mollesse. Pour cela il joue sur le clavier de son mental et appuie sur la corde precise qui fera lever les sentiments les plus troubles en lui. Jusqu’ici satisfait de son sort, Jacques connait l’envie en faisant des connaissances nouvelles au-dessus de sa condition.
Ce sentiment d’envie va projeter son influx jusqu’au subconscient qui alors entre en jeu en reflechissant l’onde vers le conscient a travers le noir tunnel de l’inconscient ou elle charrie sur son passage un surplus de possibilites nouvelles qui y dormaient, larvaires et a peine ebauchee. Psyche, qui sait l’avenir et qui a grande hate d’en terminer avec son epreuve, insiste sur le trouble du sentiment parvenu jusqu’a elle.
Des reception de l’onde de retour, Jacques, dont le conscient est fortement impressionne, s’enfonce de plus en plus dans son desir de vie facile. Parmi ses connaissances, la femme, qui sera le moteur de son action, entre en jeu. Pour la conquerir et la garder, cette femme venale, Jacques finira par puiser dans la caisse, un certain jour ou tout concourra pour la reussite de l’evenement : la radiation du futur, les influences astrales propices, le reflexe du subconscient, l’ingerence du missionnaire. Et si l’on pouvait a ce moment discerner l’aura du sujet, on y verrait les colorations se troubler, une teinte fulgurante predominer sur les autres denotant un trouble identique de l’ame qui a participe, elle aussi, au phenomene pour forcer la decision coupable.
Lorsqu’on arrete Jacques, qu’on le juge, qu’on l’enferme, la femme endure bien sur sa propre epreuve, mais la ligne de son destin la fait, peu apres, se detourner de Jacques.
Et c’est alors pour le missionnaire le moment d’agir a nouveau sur le mental du sujet. Il suggere, il insiste, et l’onde consciente de Jacques, reflechie par son subconscient qui vibre en harmonie avec son guide, apporte au conscient le repentir et la foi. Psyche et le missionnaire, enfin delivres du joug de l’epreuve et heureux de pouvoir agir pour le bien spirituel du sujet, conjuguent leurs efforts pour creer le climat propice qui amenera Jacques a entrer dans les ordres ou, son destin accompli, il ressentira la serenite et le plein epanouissement de sa veritable personnalite.
Tels sont les fils qui determinent les actions humaines. Les plus grandes forces qui regissent les etres comme les elements sont toutes invisibles et meme revolution des planetes, suivant un cycle toujours identique, parait assujettie a un destin immuable. La fantaisie est decidement exclue de l’reuvre divine, tout y est ineluctablement trace par avance, depuis la vie du brin d’herbe jusqu’a celle des mondes lointains que nos lunettes astronomiques geantes ne parviennent pas encore a decouvrir et qui pourtant existent. Et entre ces deux points extremes de la Nature, le brin d’herbe et le Cosmos, l’homme, faible marionnette, vit son destin presque en aveugle, tout en criant bien haut son orgueil d’exister et de penser. Et il faut qu’il en soit ainsi.
Un champ magnetique dont les deux poles, negatif et positif, sont relies entre eux par des lignes de force qui apparaissent dans tous les phenomenes d’aimantation, une forme ovale contenue dans ce champ et parcourue par un flux d’induction qui vibre en circuit ferme, un ensemble de cellules electriques toujours en accroissement au long de revolution cyclique, telle est la realite electromagnetique de l’ame. Et, a ce point de vue purement physique, l’ame nous apparalt bien comme une unite astrale destinee a animer une unite humaine dans le monde concret de la chair.
Malgre sa realite magnetique, cette unite astrale serait depourvue de finalite et partant de valeur si elle ne constituait aussi, et avant tout, une realite spirituelle et c’est la, certes, son aspect le plus abstrait en meme temps que le plus attachant.
Oui, l’ame est une realite spirituelle et, tout comme le flux electrique qui la parcourt, la pensee intelligente qui l’anime vibre en circuit ferme, dans l’ensemble de son unite. Chez l’etre etherique il n’y a pas a proprement parler de siege de la pensee pas plus qu’il n’existe de centres sensoriels. Toutefois la pensee se propage “ a partir ” d’une zone ideale, au sommet du perisprit la ou, dans le corps humain, il tapisse les centres cerebraux. Il ne faut voir dans cette particularite qu’un reflet, une survivance en quelque sorte de la chair dans le perisprit, autrement dit une habitude prise par l’ame a travers les corps successifs plutot qu’une aptitude reelle du milieu. C’est ainsi que chez une ame peu evoluee et qui en est au debut de ses reincarnations dans le cycle humain, cette zone ideale est quasi inexistante, le perisprit ressentant les perceptions dans son ensemble, tandis que plus l’etre etherique se parfait, plus les perceptions s’enregistrent et rayonnent depuis son sommet. De nombreux corps successifs ont ete animes par ce perisprit et ont finalement deteint sur lui, alors cependant que son champ magnetique est irrigue par le meme flux electrique qui charrie la pensee.
Que ressent l’etre etherique et comment ressent-il ? La description devient difficile car notre vocabulaire humain est a l’echelle meme de nos perceptions. Or, ici, nous sommes dans l’astral, c’est-a-dire dans le monde des radiations et il ne faut pas perdre de vue que le perisprit ne comporte aucun de nos appareils sensoriels. Ses cellules electriques se trouvent directement impressionnees par le rayonnement exterieur ainsi qu’une pellicule photographique. Les sensations, chez lui, sont remplacees par des etats, etats de fraicheur, de chaleur, de beatitude, de bonte, etc... Jamais rien de fragmentaire ni d’inacheve. L’essence de chaque perception est ressentie en bloc. En somme il n’est plus, pour l’etre etherique, de perceptions differentes d’images, de sons, de toucher ; tout s’analyse en un climat psychique cree par l’action des radiations de l’exterieur sur ses cellules electriques.
Interrogez un desincarne sur la faqon dont il perqoit un arbre, par exemple, et il traduira ainsi ce qu’il ressent : la fraicheur d’une tache verte, le chant des oiseaux, la majeste de la hauteur. Tout ce qui constitue pour nous un ensemble de perceptions distinctes, qu’il nous appartient ensuite de coordonner, se trouvent resumees pour lui en un seul et immediat etat de conscience qui les contient toutes dont certaines curieusement inversees.
Prenons un autre exemple. L’image et le son representent, pour nous, deux perceptions bien separees car les radiations afferentes a l’image et au son sont enregistrees par deux organes des sens differents, l’reil et l’oreille. Pour le perisprit, les deux gammes de radiations impressionnent simultanement les memes cellules electriques pour creer une reaction interne unique qui correspond, si elle est agreable, a un etat d’euphorie. D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que l’etre etherique baigne dans un milieu essentiellement radiant. De ce fait la gamme de ses perceptions est infiniment plus etendue que la notre. L’reil humain ne peut enregistrer que des radiations d’une certaine amplitude, il en est de meme de l’oreille. Aucune limitation de cette nature pour le desincarne qui arrive meme a percevoir les vibrations etheriques engendrees par la rotation des astres dans le firmament, ce qui constitue pour lui une immense symphonie celeste a laquelle il est tres sensible. Et cette musique des spheres, il ne l’ecoute pas, elle le baigne d’une lente et pure psalmodie. Lorsque deux entites sont en presence, l’une impressionne l’autre de ses radiations et la pensee est intelligible pour toutes deux par le simple contact.
Un dialogue abstrait s’engage, fulgurant, par crepitements d’ondes et tout est immediatement compris. Il y a ainsi de grands bonheurs absolus pour les ames jumelles qui se penetrent mutuellement et s’enveloppent d’un rayonnement de douceur et d’amour. C’est encore une des beatitudes de l’au-dela, surtout dans les hautes spheres, que de ressentir l’ineffable presence radiante des perisprits, de leurs sentiments de bonte et d’amour ; ainsi se cree une ambiance inexprimable de bonheur dont les desincarnes sont combles.
Il en va autrement, bien entendu, dans les spheres basses et c’est une des raisons qui pousse l’etre etherique a poursuivre sans cesse son evolution pour gouter a des etats de conscience plus satisfaisants, a des joies de plus en plus pures.
Mais, phenomene particulierement original et surprenant, le desincarne ne ressent que s’il le desire ces differents etats de conscience que lui procure le milieu exterieur. Il ouvre en quelque sorte las volets de ses cellules electriques pour leur permettre d’etre impressionnees par les radiations du dehors et uniquement du reste par celles qu’il desire. Les etats de conscience se succedent ainsi en lui au gre de sa volonte du moment et les differentes reactions, tel le bain revelateur pour la pellicule photographique, durent juste le temps desire par l’entite.
Si, au contraire, rien de ce qui l’entoure ne l’interesse, s’il ne veut plus communiquer avec les autres entites, le perisprit, par une attitude inverse, se referme, se tourne vers l’interieur. Pour reprendre la comparaison precedente il baisse ses volets. Plus aucune perception du dehors ne l’atteint, plus aucune influence exterieure ne peut desormais le troubler. Tout, autour de lui, devient inefficace et l’etre etherique se trouve completement isole, sans entraves ni contingences d’aucune sorte.
Alors commence pour lui, en vase clos, la plus grande aventure, l’aventure celeste et miraculeuse. D’abord il se replie sur lui-meme, se tourne vers sa propre contemplation. Il se trouve aussitot inonde par la grande clarte, la supreme intelligence de son essence psychique. Tout s’explique, tout lui apparait coherent et juste et c’est pour lui un ineffable repos en meme temps qu’une ineffable serenite extatique. Et, durant de longues periodes, l’etre etherique s’absorbe ainsi dans sa contemplation interieure, baigne dans une paix sans limites ou il s’epanouit. Il n’y a rien de plus beau, de plus pur assurement que ce qua l’ame recele en elle-meme puisqu’elle est parcelle du divin.
Mais voila qu’a ce recueillement dans l’omniscience des desirs se font jour, desir d’emailler son bonheur d’episodes divers, desir de jouir dans sa plenitude de l’ensemble des facultes que lui confere l’au-dela, desir enfin de faire participer a sa joie ceux que l’on aime ou que l’on connait.
Et peu a peu, sous l’impulsion de ce don nouveau qu’est le desir createur, ce merveilleux present de la nature, le desincarne s’habitue a ressentir de fugitifs etats qui vont s’accroitre en amplitude et lui procurer des joies sans cesse renouvelees.
D’abord se formule en lui un leger desir, a peine precise. “ J’aimerais une melodie tres douce qui accompagnerait mon repos ”, pense-t-il. Et la musique s’eleve, pure et calme. Surpris, le desincarne se rend compte que le phenomene emane de lui-meme, qu’il en est l’auteur inconscient et il se demande s’il pourrait egalement concretiser le bruit d’une riviere cristalline sur les galets. Aussitot coule, pour ses sens, la riviere telle qu’il la desirait. “ Mais, se dit-il alors, il ne me suffit plus d’entendre la riviere, je veux la voir, sous des arbres touffus ”. L’espace d’un instant et la riviere est la, devant son etre charme. Voila que notre entite veut maintenant se baigner, jouir de la fraicheur de l’onde. L’image alors se rapproche, la fraicheur se repand et c’est un etat encore plus precis qu’elle ressent. Puis, au gre de son imagination qui maintenant vagabonde, le tableau se complete ; les bords de la riviere se tapissent de fleurs aux senteurs suaves, la scene s’anime avec l’arrivee de figurants.
Usant desormais a sa guise de son pouvoir createur, Psyche voit s’ouvrir en elle le champ infini des paradis artificiels. Grace a son don elle va s’entourer du decor de son choix, creer autour d’elle et en elle, a son moindre desir, une ambiance feerique et sans cesse renouvelee, le reve va devenir la realite.
A ce point de vue l’astral apparait bien comme le monde des formes pensees, des etats de conscience concretises. Le phenomene a, certes, de quoi nous etonner ; il est neanmoins explicable. Des que son desir atteint un certain degre d’intensite, l’entite projette de son champ magnetique un ensemble de radiations qui, grace aux proprietes photoelectriques de l’ether sideral que nous avons deja eu l’occasion de signaler, se concretisent aussitot en images, en scenes, en manifestations dont la duree, le relief, la couleur, la sonorite, le mouvement, la perfection en un mot, sont essentiellement variables. Tout depend du climat psychique de l’entite, de son degre d’evolution. Tous les desincarnes peuvent ainsi projeter leurs desirs, les concretiser et jouir ensuite de ces materialisations. Mais pour beaucoup d’entre eux les images sont inanimees et s’effacent assez vite ; elles sont souvent grises et peu colorees, les couleurs tres pales s’effacent progressivement apres un temps relativement court de projection. Mais, des que l’etre etherique parvient a un certain degre d’evolution, les scenes s’animent, les teintes deviennent vives et douces a la fois, les odeurs et les sons sont plus intensement ressentis.
Et c’est alors pour lui un enchantement sans cesse renaissant en meme temps qu’un merveilleux spectacle pour les autres. Ces projections radiantes sont, en effet, visibles au gre de chacun et tous les desincarnes jouissent egalement des creations de leurs semblables, du moment qu’ils desirent les percevoir. Tout au long de l’echelle astrale les desincarnes sont ainsi tantot les spectateurs, tantot les auteurs de ces manifestations, suivant leur desir, c’est-a-dire suivant qu’ils se tournent vers l’exterieur ou au contraire se replient en eux-memes.
On conqoit, des lors, combien l’ambiance des spheres basses de l’au-dela, ou vegetent de pauvres entites peut etre differente de celles ou evoluent des etres purs. Ces derniers, du reste, paraissent moins sensibles a ces spectacles qui representent pour eux un amusement presque pueril. Plus un esprit est pur, moins il s’y interesse.
“ Sans fuir ces scenes, nous raconte l’un d’eux, il m’arrive d’assister a de somptueuses reconstitutions de la Rome antique qui sont l’reuvre d’un perisprit qui me cotoie. L’instant suivant, je decouvre une roseraie en pleine floraison et je suis environne d’une vapeur de senteurs delicates. Ensuite ce sont des cherubins soufflant dans leurs flutes ou des ephebes qui se disputent quelques lauriers. Plus loin, des jeunes filles fredonnent de douces chansons en agitant des branches fleuries au-dessus de leurs boucles legeres. Et un nouveau-ne, tout gracieux, se roule sur la mousse dans une modeste etable imaginee par un pieux desincarne. A mon tour, pour ne pas etre en reste, j’imagine une scene et la projette devant les sens emerveilles des entites qui m’approchent. ”
Terminons ces descriptions en signalant que, sauf pendant la periode de trouble qui suit immediatement l’arrivee dans l’astral du perisprit, ces materialisations representent rarement des scenes vecues sur terre ou sur quelque autre planete habitee. Il est exceptionnel que les desincarnes se complaisent aux choses incarnees ; ils s’en inspirent seulement et tout est transforme au prisme de l’au-dela, tout est different, embelli.
Quelle que soit cependant leur magnificence, ces jeux de l’esprit ne durent qu’un temps et il arrive toujours un moment ou Psyche finit par se lasser de ses propres desirs et de leur satisfaction. Elle se tourne alors vers son Dieu, ressent la hate d’atteindre la perfection qui lui echappe encore et la voici mure pour une nouvelle reincarnation.
Il y a eu montee dans l’astral, lors de la desincarnation, il y a descente dans la chair a la reincarnation. Ainsi, par une alternance irreguliere dans sa duree, Psyche va de la nuit vers le jour, et du jour vers la nuit.
Tout est conditionne pour elle, a sa reincarnation, par le degre d’evolution du sujet qu’elle a choisi et quelle anime. Plus l’etre est fruste, plus Psyche perd l’acuite de son existence, plus son assoupissement est proche d’une mort momentanee.
Des la descente de l’ame dans le corps du nouveau-ne, le milieu physique nouveau, la tunique nerveuse dont elle est investie lui imposent les regles etroites et etouffantes. A l’epanouissement dans l’astral qu’elle vient de quitter succede l’engourdissement de la chair. Elles est toujours champ magnetique vibrant, mais il lui faut, desormais, compter avec l’influx nerveux propre au corps, avec la charge electrique des cellules, avec l’extreme complexite des ramifications de l’encephale et des neurones et, aussi, avec tout un encombrant appareil sensoriel.
Tributaires de ce nouveau milieu, ses facultes se trouvent considerablement amoindries. S’en est fini de cette comprehension totale qui etait la sienne, de sa connaissance, dans leur ensemble, de toutes les verites. S’en est fini, aussi, de son unite, spirituelle et diferents etats de conscience vont desormais se partager la vie psychique du sujet.
Ces diferents etats, nous les connaissons deja pour en avoir signale le role a propos des phenomenes decrits dans les chapitres precedents. Resumant pour chacun d’eux les donnees anterieures, nous allons pouvoir mieux ici saisir leur realite et delimiter leurs domaines respectifs.
Pour la comprehension de nos explications representons-nous trois zones concentriques qui couvriraient l’ensemble de l’encephale. Ces trois zones immaterielles, que nous avons ainsi artificiellement concretisees, correspondent aux differents plans de la vie psychique de l’humain.
C’est d’abord, en avant des autres et la plus vaste, la zone du conscient. Elle represente pour nous l’etat normal du sujet, le domaine de la volition, de la raison, des idees coordonnees, des reflexes habituels et aussi des sensations. Le conscient est, en temps ordinaire, le maitre absolu des circonvolutions cerebrales. Il laisse passer en abondance les pensees, les reflexes vers les centres moteurs. Il dirige le comportement habituel du sujet, aide dans sa tache par la memoire cerebrale dont il assure le fonctionnement au sein du troisieme ventricule ainsi que nous le savons.
Nous savons aussi, qu’en freinant les intuitions du subconscient, il assure au libre arbitre qu’il represente une marge legitime d’activite. Pour assurer l’equilibre psychique du sujet, il doit, egalement, se garder de son dangereux voisin, l’inconscient, et repousser les impulsions de ce dernier.
A l’oppose du conscient, et separe de lui par la zone intermediate de l’inconscient, se situe le subconscient dont le domaine, recule et restreint, est ainsi soigneusement masque par les deux autres. C’est le reduit ou se tapit Psyche en son intimite, en son essence meme ; c’est la qu’elle se refugie dans son rayonnement propre. Le subconscient synthetise les tendances du sujet, il est le substratum de sa valeur morale. C’est en lui que prennent sourdement naissance les grands courants de droiture ou de vice, avant de se frayer un chemin vers le conscient.
En raison de sa nature le subconscient represente, dans l’etre incarne, le reflet de l’au-dela. C’est lui qui permet a l’humain, nous l’avons vu, d’entrer en rapport avec les forces occultes de l’univers, c’est de lui qu’emanent ces intuitions que nous avons analysees a propos du sommeil. C’est dans le subconscient que git la memoire psychique de l’ame, cette seconde memoire qui repose sur la connaissance de l’astral et les lentes alluvions des vies successives. Nous savons, egalement, qu’il recele obscurement la connaissance du futur et nous n’ignorons pas le role preponderant qu’il joue dans l’accomplissement de la destinee ; des coulisses, par ses impulsions, il dirige le jeu du conscient qui parade, seul, sur la scene violemment eclairee.
Le subconscient represente enfin la zone volontairement masquee ou se tient la verite directe, celle qui embrasera l’ame a sa desincarnation. A la mort du sujet, en effet, il quitte le corps, a l’interieur du perisprit dont il constitue ce que dans notre vocabulaire nous appelons la comprehension, l’intelligence. Se retrouvant alors dans son milieu, il s’epanouit, se dilate, illumine l’etre etherique. Il ne symbolise plus seulement la valeur morale, il n’est plus un reflet, il n’est plus simplement la memoire psychique de l’ame, il est sa comprehension totale, il est “ l’animus ” en son essence.
Lorsque l’ame est incarnee, il constitue toujours, certes, l’essence de Psyche mais il est englue par la matiere, prisonnier de tout un appareil charnel qui n’est pas son milieu. On ne saurait alors mieux comparer le subconscient qu’a une projection cinematographique dans une salle de spectacle ou on n’aurait pas fait l’obscurite. Les images seraient quasi invisibles sur l’ecran et ne presenteraient aucun relief. Neanmoins le subconscient subsiste, sourde veilleuse, qui va eclairer de ses reflets troubles les profondeurs de l’etre et le guider vers son destin.
Entre les deux salles du conscient et du subconscient, s’insere un corridor de securite qui les separe. Cette zone intermediate est celle de l’inconscient qui represente, en somme, le domaine larvaire de l’inacheve, le royaume des reflexes obscurs, des impulsions irraisonnees.
L’inconscient est, avant tout, un regulateur psychique et son role est indispensable a l’equilibre mental humain. D’une part, en effet, aboutissent en lui les prolongements de tous les courant affectifs engendres par le conscient ; il retient, pour les etouffer tous les desirs, les joies perverses que le conscient refoule et refuse d’inscrire dans la memoire du sujet, de meme que certaines peurs, certaines anxietes que la raison rejette. Telle une eponge, l’inconscient absorbe ainsi continuellement l’energie psychique qui reflue et deborde du conscient.
D’autre part, c’est dans l’inconscient que viennent egalement s’apaiser les remous d’un subconscient dont les vibrations trop actives viendraient gener le conscient. C’est grace a lui que la memoire psychique du subconscient ne vient pas encombrer le conscient du rappel intempestif des vies anterieures du sujet, de la cohorte des souvenirs anciens qui se surajouteraient a ceux de la vie presente et generaient le fonctionnement normal de la memoire cerebrale. Sans cet ecran la vie consciente du sujet serait chaotique car sans cesse perturbee par les impulsions d’un subconscient qui, en possession du destin, s’efforcerait de limiter la marge du libre arbitre.
L’inconscient isole ainsi l’une de l’autre les deux zones, tres actives, du conscient et du subconscient et les empeche d’empieter l’une sur l’autre.
Nous avons vu, a propos du sommeil, que l’inconscient dont le role est essentiellement passif a l’etat de veille connaissait, durant l’assoupissement du corps, une certaine activite. Le sommeil met en veilleuse le conscient et libere le subconscient ; l’inconscient en profite pour jouer momentanement des circonvolutions cerebrales dont il n’a pas, durant la journee, la libre disposition et c’est ainsi qu’il participe a la formation des reves.
A la mort du sujet, le subconscient subsiste seul dans le perisprit dont il forme le tout. Le conscient et l’inconscient s’abolissent car ils etaient uniquement necessaires au fonctionnement des centres cerebraux. Nous pouvons mieux, maintenant, comprendre certains etats anormaux de conscience qui traduisent, dans des sens opposes, un desequilibre des trois zones d’influence qui gouvernent la vie psychique de l’humain.
A partir du moment ou le conscient s’efface pour permettre au subconscient de prendre le dessus nous entrons dans un etat d’anomalie qui est celui de la mediumnite. Soit que le phenomene se borne a un etat second ou le conscient, inerte mais pourtant vigilant, reste a tout moment a la disposition du sujet lucide, soit que le phenomene aboutisse a la transe mediumnique complete ou meme a un etat d’extase, au cours duquel le conscient se trouve completement efface au profit d’un subconscient qui etend son emprise absolue sur le sujet endormi, de toutes les fa9ons nous assistons a un essor de Psyche qui peut aller jusqu’a son evasion, de toutes les fa9ons nous assistons a l’epanouissement momentane des facultes naturelles de l’ame. Celle-ci peut, alors, ou puiser en elle-meme, dans sa memoire psychique la connaissance du destin et des verites supra-humaines, ou communiquer avec les entites de l’au-dela et meme leur confier pour un temps le libre jeu des centres nerveux superieurs du sujet.
Parvenue a ce plan spirituel eleve, la pensee, soudain lumineuse, communie avec les forces occultes de l’univers et ce sont les manifestations psychiques de tous genres — la clairvoyance, par exemple — qui a la fois nous emerveillent, en nous laissant entrevoir la possibilite d’une survie si ardemment desiree au plus profond de nous-memes, mais a la fois nous deroutent, en heurtant les concepts traditionnels d’une science dite positiviste car elle n’enregistre que les palpitations d’un univers visible.
Si au contraire, l’effacement du conscient s’effectue, non plus au profit du subconscient ainsi que nous venons de l’envisager, mais au profit de l’inconscient, tout est different et nous entrons dans le domaine des troubles mentaux, de la folie. Le desequilibre nerveux du sujet a pu etre determine par une lesion de l’encephale, une anormale fatigue des cellules cerebrales dues a un fugitif et rare sommeil, ou encore par tout autre cause, peu importe, l’aspect psychique du phenomene reste le meme. Le conscient, mal seconde par les centres nerveux superieurs, n’est plus en etat de freiner les impulsions de l’inconscient, ne resiste plus a la fantasmagorie de ce dernier, bref, recule, pas a pas, au point de perdre parfois entierement le controle du sujet.
L’inconscient, enflant sa matiere, se libere soit en bloc, et c’est la folie grave, violente, soit par remous, soubresauts, impulsions breves et contradictoires, soit encore en donnant naissance a un malaise trouble qui engendre pessimisme et melancolie, cette forme peut etre la moins guerissable de la folie. Grace a un milieu propice, l’inconscient est ainsi parvenu a troubler de ses rafales les eaux ordinairement calmes et claires du conscient.
Pendant ce temps, l’ame s’enfouit, encore plus profondement que de coutume, dans son subconscient qui se met, lui aussi, en recul et n’est plus d’aucun secours au sujet. Puisque l’epreuve a ete choisie et voulue, Psyche va s’efforcer de laisser son corps, seul, la subir : quant a elle, si elle le peut, elle vagabondera en laissant le sujet affaisse, prostre, ou si elle ne parvient pas a s’evader, en raison des convulsions, de l’agitation cerebrale, elle se tapira, attendra la fin, sans espoir ni meme interet.
Telles sont les anomalies opposees qui affectent la vie mentale de l’humain soit dans un sens malefique, si l’inconscient etend son emprise morbide au detriment du conscient, soit au contraire dans un sens benefique, si l’essor du subconscient permet a l’ame de retrouver ses facultes surnaturelles au sein d’un milieu superieur ou elle vibre intensement..
Les differents plans de la conscience, ainsi enumeres et decrits, se resument-ils en ces froids developpements ? Non, certes, car la vie est la qui les anime et son mouvement va sans cesse brasser cet ensemble heterogene. Ne nous est-il pas arrive de voir sur quelque scene une danseuse aux longues tuniques superposees, de gaze legere, dont la premiere est sombre et violacee et qui en recouvre d’autres, nombreuses, allant jusqu’au rose le plus pale ? Au repos, seule la tunique foncee s’offre aux regards. Mais que vienne la danse, le corps s’anime et dans le mouvement de plus en plus rapide les etoffes palpitent et leurs nuances differentes composent un tableau dont les coloris varient harmonieusement.
Ainsi l’ensemble psychique, qui au repos nous offre la faqade de la froide raison, s’anime a l’impulsion de la vie qui fait vibrer les cordes. La valse des sentiments fait alors ondoyer les plans de cette conscience ou tantot Psyche montre sa robe claire la plus intime, ou tantot le conscient impose la note plus sombre de sa rigidite, ou tantot l’inconscient, mouvante mousseline, recouvre l’une, decouvre l’autre.
Ainsi, encore, l’esprit astral et l’esprit humain apparaissent comme les doubles reflets du tout qui les anime, de ce tout qui porte, en lui, a la fois raison, contradiction, desir et aussi besoin d’un ideal qui se cristallise sur terre dans l’amour et plus haut dans revolution.
Au temps des Ramses, alors que la civilisation egyptienne resplendissait a l’apogee de sa gloire, les pretres d’Ammon Ra gardaient jalousement dans le secret des sanctuaires les mysteres de la science divine. Le novice qui desirait recevoir l’initiation etait soumis, des son entree dans les temples de Thebes on de Memphis, a une serie d’epreuves destinees a ecarter ceux qui n’etaient pas dignes d’acceder a la grande connaissance. Seules les ames fortes et intrepides sortaient victorieuses de cet examen probatoire au cours duquel les guettaient la folie ou la mort. Le neophyte, admis au seuil, devait ensuite s’astreindre, dans l’isolement du temple, a de longues annees d’etude et de meditation. Et, par un lent travail d’incubation, son ame parvenait, peu a peu, a cette perception directe des verites eternelles qui, pour les sages de l’antiquite, representait la seule forme de la connaissance.
Edouard Schure, dans son beau livre sur “ Les grands inities ”, nous retrace en ces termes la supreme initiation d’Hermes, par le prophete d’Ammon Ra, dans la splendeur d’une nuit d’Egypte, au haut de l’observatoire d’un temple de Thebes alors que l’insondable firmament deploie son manteau bleu sombre constelle d’etoiles.
“ Vois-tu une semence lumineuse tomber des regions de la voie lactee dans la septieme sphere ? Ce sont des germes d’ames. Elles vivent comme des vapeurs legeres dans la region de Saturne, heureuses, sans souci, et ne sachant pas leur bonheur. Mais tombant de sphere en sphere, elles revetent des enveloppes toujours plus lourdes. Dans chaque incarnation elles acquierent un nouveau sens corporel, conforme au milieu qu’elles habitent. Leur energie vitale augmente ; mais a mesure qu’elles entrent en des corps plus epais, elles perdent le souvenir de leur origine celeste. Ainsi s’accomplit la chute des ames qui viennent du divin ether. De plus en plus captivees par la matiere, de plus en plus enivrees par la vie, elles se precipitent comme une pluie de feu, avec des frissons de volupte, a travers les regions de la douleur, de l’amour et de la mort, jusque dans leur prison terrestre, ou tu gemis toi-meme retenu par le centre igne de la terre, et ou la vie divine te parait un vain reve. ”
“ ...Regarde de ce cote. Vois-tu cet essaim d’ames qui essaye de remonter vers la region lunaire ? Les unes sont rabattues vers la terre comme des tourbillons d’oiseaux sous les coups de la tempete. Les autres atteignent a grands coups d’ailes la sphere superieure qui les entraine dans sa rotation. Une fois parvenues la, elles recouvrent la vue des choses divines. Mais cette fois-ci elles ne se contentent pas de les refleter dans le songe d’un bonheur impuissant. Elles s’en impregnent avec la lucidite de la conscience eclairee par la douleur, avec l’energie de la volonte acquise dans la lutte. Elles deviennent lumineuses car elles possedent le divin en elles-memes et le rayonnent dans leurs actes. Raffermis donc ton ame, o Hermes, et rasserene ton esprit obscurci en contemplant ces vols lointains d’ames qui remontent les sept spheres et s’y eparpillent comme des gerbes d’etincelles. Car toi aussi tu peux les suivre ; i1 suffit de vouloir pour s’elever. Vois comme elles essaiment et decrivent des chreurs divins. Chacune se range sous son genie prefere. Les plus belles vivent dans la region solaire, les plus puissantes s’elevent jusqu’a Saturne. Quelques-unes remontent jusqu’au Pere parmi les puissances, puissances elles-memes. C’est la ou tout finit, tout commence eternellement ; et les sept spheres disent ensemble : “ Sagesse, Amour, Justice, Beaute. Splendeur, Science, Immortalite. ”
Et le prophete concluait : “ Une seule ame, la grande ame du Tout a enfante, en se partageant, toutes les ames qui se demenent dans l’univers ”.
La ceremonie mystique s’achevait par un voyage dans l’invisible ou, dans la barque d’Isis, la barque des millions d’annees qui flotte dans les regions intersiderales, l’adepte accomplissait en une vision etherique d’un raccourci saisissant, la grande odyssee de l’ame en son cycle divin.
Depouillee de ses mythes, de son symbolisme et de ses mysteres, la revelation d’Hermes permet de suivre Psyche au long de son evolution et l’experimentation mediumnique confirme, pour l’homme du vingtieme siecle, la meme verite esoterique toujours semblable a travers toutes les religions et qui toujours s’epanouit sur les chemins de l’initiation.
Le noyau divin, supreme expression de l’Inconnaissable, se trouve regi par une loi physique qui le maintient en etat d’equilibre cosmique. Au fur et a mesure que les ames pures, en fin d’evolution, viennent s’integrer a sa masse, par une sorte de reflexe genial qui echappe a notre entendement, une certaine quantite d’energie initiale est projetee vers l’exterieur, ce qui compense le surplus accepte par ailleurs et permet au noyau divin de conserver un etat statique qui semble tenir a son essence meme.
Une etincelle, un crepitement et voila qu’un certain nombre de cellules electriques se trouvent exteriorisees. D’abord agglomerees les unes aux autres, elles essayent de remonter a leur source. Puis, au contact de ce qu’on pourrait appeler l’atmosphere astrale, elles sont brassees, secouees et parviennent a se desagreger. Ce sont alors, nous disent les desincarnes, de minuscules bulles translucides, sans clarte, de forme spherique mais presentant un leger aplatissement. Et, a travers l’ether rarefie des hautes spheres, les radiations cosmiques les happent au passage et les entrainent irrevocablement vers le bas. Elles roulent tantot d’un cote, tantot de l’autre, tantot leur chute est plus rapide, tantot elles rebondissent brusquement et reprennent de la hauteur. Mais pour l’infime Psyche contenue dans sa minuscule alveole il n’y a aucune lueur, aucune particularite et partant aucun besoin. Ce n’est qu’un peu d’energie electrique perdue dans le grand Tout et dont la vibration est si faible qu’elle n’eveille aucun reflexe.
Charriees a travers l’espace sideral, nos poussieres cosmiques parviennent enfin au globe terrestre ou elles vont s’integrer au monde concret et l’animer.
Quelle loi va regir cette integration ? Celle meme qui regit le perisprit desincarne dans l’au-dela, a savoir que tout est determine par le volume et la densite du perisprit ou plus generalement du champ magnetique de “ l’animus ”.
Et par l’effet de cette loi physique ineluctable, notre bulle translucide va se placer dans le seul milieu adapte au logement de son champ et dont la densite correspond a la sienne — le monde mineral qui constitue son lit naturel. Tel l’reuf qui, dans l’attente de la fecondation, stagne pour un temps dans un organe femelle, ainsi notre fragment de connaissance universelle, notre parcelle divine va satisfaire a un stade preliminaire. Projetee dans le regne mineral notre infime psyche va y dormir, presque eteinte, sans individualite, sans vie. Et les siecles s’ecoulent. Et l’etincelle se charge de courant, s’impregne de materialite. La cellule electrique initiale se developpe grace a sa charge acquise lentement au cours du temps, grace aux radiations solaires, aux variations de temperature. Elle parvient a vibrer en circuit ferme, minuscule champ magnetique, et bientot son developpement n’est plus en harmonie avec le regne mineral. Notre poussiere magnetique n’est plus prisonniere du sol, sa densite lui permet de s’elever et tout naturellement le regne vegetal l’aspire.
Elle s’absorbe tout d’abord dans la plante la plus simple et elle continue a s’enrichir physiquement. Un jour, elle nait dans la fleur. Certaines sensations commencent a etre perques. Souvent des accidents la meurtrissent ou interrompent sa vie embryonnaire. Projetee hors de la plante coupee, elle tourbillonne dans l’espace et s’amalgame aux nappes fluidiques de l’atmosphere terrestre. Mais elle rejaillira bientot de cette masse vibrante pour regagner une autre plante, un arbre.
Et les siecles s’ecoulent, insensibles a notre embryon de Psyche toujours inconscient. Et les alluvions electriques s’ajoutent et se surajoutent a ce noyau initial. Les sensations se developpent le froid, le chaud sont ressentis, comme la dilatation et la retractation, comme le contact avec les animaux. La sensation de vie alentour commence a etre perque. Un jour enfin c’est un champ magnetique assez important qui s’echappe du regne vegetal pour commencer une nouvelle odyssee dans le cycle animal.
C’est d’abord la Psyche d’un etre embryonnaire, larve ou ver. Creations de courtes durees. Apres les ephemeres qui vivent quelques heures, ce sont d’autres insectes qui vivent une saison, les papillons. Lent cheminement a travers les especes animales. Mais, dans ses courtes vies, inlassablement Psyche enrichit son corps astral et le premier perisprit digne de ce nom connait la vie physique et la vie etherique. Les sens de l’animal sont a peine esquisses et a chaque desincarnation la densite de son champ magnetique l’integre dans les masses fluidiques qui sont les ames groupes.
Apres les insectes il y aura des vies d’animaux a sang-froid et notre Psyche, au hasard de ses reincarnations, change d’espece un grand nombre de fois. Mais elle compare obscurement et, peu a peu, une tendance nouvelle nait en elle qui la pousse au choix. Elle vit et revit dans la meme espece animale qu’elle a choisie, qu’elle prefere, la preference ressentie etant peut-etre sa premiere pensee alors que seuls les instincts gouvernent sa vie terrestre.
Donc elle prefere une espece animale et elle va y revivre de si nombreuses fois qu’elle obeira aux memes besoins, aux memes reactions. Et cette routine acquise au cours des ages finira par lui donner cet instinct admirable que nous etudions chez les fourmis, les abeilles ou les oiseaux et qui nous surprend parce que nous ne pouvons en discerner le mecanisme, l’automatisme.
Et puis un jour Psyche, enrichie physiquement, vibrante et autonome, ne pourra plus s’agreger a l’ame groupe. Elle montera plus haut lorsque son champ magnetique, dans son amplitude accrue, recelera une intelligence prete a l’eveil. Ce sera l’arrivee au cycle humain et, de nouveau dans ce cycle, encore une longue chaine de vies successives.
L’exemple precis d’une destinee humaine va nous permettre de mieux saisir le lent deroulement de revolution creatrice de psyche an cours de son dernier stade. Lorsque nous sommes desincarnes et qu’entre deux vies successives notre etre etherique repose au sein de l’infini, nous voyons parfois venir a nous des etres parfaits qui n’ont plus a revivre et nous eblouissent de leur eclat. Interrogeons l’un d’eux sur la longue odyssee qui fut la sienne au cours des millenaires et, a sa suite, remontons dans le temps.
Il s’est rendu compte de son existence physique alors qu’il etait cette herbe menue qui jonche les talus. De gros sabots d’animaux l’ecrasaient et sa premiere sensation etait de souffrance. Ensuite il fut l’animus d’une humble marguerite dans un pre. Et chaque fois que le paysan fauchait son champ, chaque fois la fleur tombait et la petite ame devait refluer dans la plante, vivement, et elle etait blessee et troublee a la fois. Plus tard elle fut haute au-dessus de la terre dans un epi orgueilleux de ble mur. On la moissonna a nouveau et l’animus rejoignit le cercle fluidique ou elle s’attardait peu, revenant et revenant sans cesse dans les plantes, s’eveillant a un monde nouveau de sensations, de perceptions. Longtemps elle hanta un arbre puis un autre. Et il arriva qu’elle perqut, un jour, une sensation inconnue. Le corps qu’elle animait se deplaqait, par ses propres moyens, par reptations patientes : elle etait chenille et rampait sur la terre. Elle montait sur les plantes qu’elle voyait du dehors pour la premiere fois. Certes le monde etait plein de danger pour cette infinie Psyche. Mais aux sensations de souffrances si souvent ressenties s’ajoutaient des sensations agreables : la chaleur du soleil, la fraicheur de l’eau et, premiere image de l’amour, l’approche d’etres semblables a elle-meme. En contre-partie naissait en elle la terreur des multiples betes, monstrueuses et qui lui voulaient du mal.
A la chenille succede la vie d’un papillon gracieux. Joie de se sentir leger, de voir sur des etres semblables des couleurs chatoyantes. Les perceptions demeurent tenues en raison de l’absence de systeme nerveux et sanguin ; la vie ne se manifeste guere que par le mouvement et la respiration. Lorsque l’animal est broye, l’animus se refugie dans la masse fluidique ou il se presse de revivre sans perdre grand temps, non par volition ou choix, mais parce que l’engrenage du cycle le happe sans retard.
Un jour Psyche s’adapte a la grande famille des insectes. C’est alors que nait l’instinct, premices de l’intelligence, et tout d’abord l’instinct de conservation, le premier de tous. Nombreuses vies de mouches, auxquelles succedent d’aussi nombreuses vies de fourmis puis d’abeilles. Les instincts se developpent : a l’instinct de conservation s’ajoute l’instinct sexuel on de procreation qui entraine un certain sentiment d’amour. L’instinct de travail, de creation au sein d’une societe, d’une espece, apparait a son tour.
Apres ces tres nombreuses vies d’insectes, notre monade electrique est attiree vers de non moins nombreuses vies d’oiseaux. Puis, un jour, elle revit dans des corps d’ecureuils, de martres et loutres. Puis elle hante le corps d’un loup, celui d’un renard et anime enfin le corps d’un chien. La les instincts sont devenus presque des sentiments et Psyche souffre. Elle souffre de l’absence du maitre, de sa brutalite, des sentiments qu’il temoigne a d’autres creatures et en particulier a ces creatures humaines a longs cheveux et qui ont un corps mou.
Desincarnee son ame garde le souvenir de ces souffrances affectives qui s’ajoutent aux sensations des coups et des mauvais traitements. Et Psyche voudrait bien revenir en arriere, retrouver son atonie, son impersonnalite du passe. Mais il est trop tard a present. La loi d’evolution la poussera sans treve vers plus de connaissance et plus de souffrance car l’une est l’ombre de l’autre et bientot ce seront les vies humaines. Elle aura beau vivre et revivre de nombreuses fois encore dans un corps animal, elle sera sans treve plus fidele, plus sensitive, plus individualisee ce qui lui permettra un jour de parvenir au cycle humain ou tous ses instincts vont s’assembler en gerbe serree pour composer la personnalite, l’intelligence de l’ame humaine.
Au seuil de sa tres longue lignee humaine, donnons a notre Psyche un nom concret et masculin et convenons de l’appeler Alter durant ses incarnations. La premiere vie humaine d’Alter fut des plus lugubres. Il naquit au sein de la foret equatoriale, dans une hutte de paille enfumee et sale et sa mere ne s’interessa guere a son enfance. Il apprit bientot a chasser ce qui accentua en lui les instincts brutaux de sa race, la race noire. Il etait d’une taille gigantesque mais son cerveau ne tenait pas une grande place. L’instinct de conservation et l’instinct sexuel etaient les seuls leviers de ses actes. Il etait cruel et brutal et aimait se repaitre du sang chaud du gibier qu’il capturait. Il tua plusieurs fois des etres semblables a lui, afin d’assouvir ses instincts du moment mais jamais par vengeance. Alter vecut tres vieux et commenqa a connaitre la souffrance morale lorsque avec la decrepitude vinrent les moqueries, le mepris et les meurtrissures de toutes sortes. Mais la souffrance ne commence-t-elle pas a etre salvatrice lorsque l’intelligence, meme embryonnaire, permet l’eclosion de la pensee ? Et ainsi les vies humaines ouvrent a Alter la longue route de la souffrance, de cette souffrance qui lui permettra de s’elever vers l’infini heureux.
Alter se desincarne et son ame, retenue par son poids, stagne dans les couches les plus basses de l’astral. Alter connait encore par la suite huit a dix vies, toutes de viol, de pillage et d’instincts dechaines. Et toujours son ame est retenue dans l’astral au plus bas de l’echelle.
Un jour, heureux pour sa Psyche, Alter se reincarne en Haute Volta dans le corps d’un Peuhl. II est toujours noir, toujours tres grand ; son cerveau demeure reduit. Pourtant la raison et le creur, pour la premiere fois, tiennent un peu de place en lui. Il aime sa mere qui est pourtant une bien laide creature mais elle est sa mere. Il a de l’affection pour ses freres et sreurs. Parfois meme, il eprouve une certaine pitie pour le gibier abattu. Devenu homme, il aime d’abord sa femme puis ses enfants ; il les aide a vivre, les protege. Et s’il noue diverses aventures, sa conscience qui s’eveille lui reproche son inconduite. Il y succombe neanmoins mais le remords et la notion du mal tracent dans son ame un fin sillon qui jamais plus ne pourra s’aplanir.
Et encore Alter meurt et puis nait et renait. En un certain point de sa course Alter quitte la race noire et sa peau devient jaune. Son intelligence s’en trouve soudain grandement developpee. Il est un paysan et plante sans treve dans des marecages, le grain qui fera manger les siens. Maintenant son corps est menu, vite ride : dans ses yeux brides luit la ruse et sur sa face, facilement grimaqante, on devine la perversion et les instincts les plus cruels. Il a une famille et travaille a la nourrir ; mais quelle brutalite, quelle cruaute entachent ses rapports familiaux ! Cette epreuve inconnue d’avoir un corps fluet dechaine en lui un orgueil exigeant. Il veut dominer et tous redoutent sa tutelle.
Dans cette race jaune, a nouveau, un cycle s’ouvre a Alter. Une vingtaine de vies environ se succedent dont les premieres sont assurement moins meritoires que les dernieres dans la race noire. Ce que sa Psyche a perdu en bestialite elle l’a gagne en cruaute froide et premeditee qui constitue pour elle une lourde charge. Lors des desincarnations c’est toujours le cloaque et l’opacite.
Et lentement, avec les epreuves et la souffrance, Alter chemine sur la longue route. Lorsqu’il se retrouve dans le corps d’un maure il a fait un grand pas vers le mieux. Il a atteint l’echelon des races metisses et se rapproche ainsi du cycle blanc, le plus vaste mais aussi le mieux recompense dans l’astral.
Avant d’etre maure il fut rouge dans les vastes contrees que baigne l’Amazone. Il fut ensuite assyrien, abyssin, et sur ses traits on retrouvait la trace des levres lourdes et les stigmates moraux des cycles precedents. Et toujours la bestialite, la cruaute, la sensualite primitive conduisent ses vies. Pourtant sa conscience veille et il sait par elle ou sont le bien et le mal. La grande dualite de la nature humaine, sans cesse tiraillee entre ces deux poles, ne le laissera plus jamais en repos. Peu evolue encore, c’est vers le mal qu’il se laisse complaisamment porter. Et ses vies astrales ne sont guere plus profitables que ses vies terrestres. Mais nous approchons du moment ou nous verrons Alter monter lentement a travers les siecles vers les sommets ou il rayonne a present. Pour lui encore, la desincarnation ne correspond qu’a une inertie. Il n’a pas assez d’individualite et sa Psyche se repose de ses vies en tombant en lethargie. L’astral auquel elle a droit est noir et correspond a un magma confus. Tel un insecte emporte par la bourrasque, periodiquement les radiations cosmiques la rabattent vers la Terre ou elle s’abime dans un nouveau destin qu’elle ignore et subit. Pas de choix encore pour elle et ses epreuves demeurent avant tout physiques.
Des son entree dans le cycle blanc, Alter se voit revetu d’une robe d’orgueil, orgueil de la superiorite de cette race privilegiee. Et ce sera l’un des sentiments les plus tenaces, identique a travers tant de vies successives. Pourtant, au debut, il est bien humble. Les corvees si nombreuses rongent son corps, les affronts multiples lui font mille cicatrices morales. Il est bucheron et traine une vie miserable. Il a des enfants, trop pour le pain que peut obtenir son travail epuisant. Sa cabane est de branchage et sa vie est tres dure. Son esprit fruste est ebloui parfois par l’etincelle divine qui brille quelques secondes. Il habite l’Autriche puis meurt et connait un au-dela enfin plus beau que ne le fut sa vie. Le sentiment du destin se fait jour jusqu’a son ame, il s’inquiete meme du choix prochain. Et comme il veut revivre une vie plus agreable, pour la premiere fois il choisit et accepte d’avance des epreuves.
Et il vit et revit ainsi, de plus en plus eveille a la beaute des choses, a la beaute des ames. Ses sentiments s’affinent et il gravit peu a peu l’echelle astrale ou nous allons pouvoir maintenant mieux l’individualiser.
En l’an 850 avant J. C., il est chasseur dans les forets de Boheme et vit de son gibier. Existence solitaire. Sous la chaleur du soleil il connait des moments d’ineffable communion avec la nature, le cosmos. Vers l’ere chretienne nous le retrouvons mercenaire dans l’empire romain. Il aime le sang, le pillage ; parfois, aussi, il lutte pour un ideal. Et Alter vit de tres nombreuses vies de soldat. Il vagabonde d’une contree a l’autre, se met au service tantot du plus fort, tantot du plus faible.
Dans une de ces vies il se sacrifie pour sauver une creature attaquee par un animal furieux. La bete le depece en quelques instants et son corps se tord dans l’atroce douleur. Mais son ame monte, allegee, dans des regions plus belles et c’est la premiere fois qu’il goute reellement a la beaute de l’au-dela, du moins a celle qui vaut qu’on la desire. Alter, a ce moment, en est a peu pres a sa trois cent cinquantieme reincarnation. Desormais ses destins seront moins cruels, ses vies moyennement longues ou tres longues. Il connaitra l’amour filial et l’amour paternel ; le gout des sacrifices consentis l’aidera a gravir l’echelle des valeurs. Son intelligence et ses sentiments le guident vers le beau. Ainsi, lorsqu’il est fileur de verre, a Venise, il est toujours humble, mais avec quelle joie il cree de beaux objets. Puis il est graveur, artisan il fabrique des cothurnes et tisse aussi des etoffes. Puis, a nouveau, le voila redevenu paysan c’est tres dur et le regime feodal est souvent revoltant. Il calme pourtant ceux qui voudraient s’insurger, il est resigne car il est sur que tout cela doit mener quelque part.
Il devient parfois ecclesiastique et les prieres qu’il pense tout haut l’aident, comme elles aident quiconque en fixant par ce moyen l’esprit vers un but ascensionnel. Il est une fois seigneur mais alourdit son ame en profitant des circonstances pour commettre une tres vile action. Et dans l’au-dela il connait la stagnation par rapport a son evolution precedente et il regrette son forfait. Alors il choisit son nouveau destin uniquement pour racheter sa faute : il accepte la meme epreuve que celle qu’il avait infligee et par l’equilibre du Karma il regagnera le temps perdu, c’est-a-dire allegera plus vite son perisprit.
Alter est tantot escholier, tantot page, tantot aubergiste, tantot cavalier. Et toujours sa Psyche suit la courbe ascendante. Il est, un jour, vetu de noir de pied en cap, avec des bijoux clinquants sur son justaucorps ; c’est la une vie d’alchimiste connu. Il est ensuite moine benedictin, puis, aussitot apres, officier d’une garde royale. Alors il est un homme raffine, portant costume blanc et se pavanant a la cour. Il est fort, il est invraisemblable d’orgueil et de pedantisme.
Et il monte pourtant car il est souvent rappele, par des vies de pauvrete et de sacrifices obscurs, a une plus juste notion des valeurs spirituelles.
Lorsqu’il soigne ses semblables au cours d’une epidemie, il gagne un destin plus leger pour son existence suivante. Un beau... siecle il est seigneur enrubanne. Puis barbier, puis encore seigneur et les ecus gonflent ses poches.
Il est aussi rimeur, puis ecrivain, puis maitre de ballet, puis a nouveau des vers glissent de sa plume : ce ne sont plus mechantes rimes mais oeuvre de poete.
Vers 1850, son evolution est accomplie. Commencee a l’oree des temps, alors qu’il se sentit brin d’herbe, elle s’est achevee par quelques vies de sacrifices consentis, puis de sacrifice voulus, recherches, les vies monacales etant souvent choisies pour atteindre ce but.
Lorsque Psyche, enfin legere rejoint les pures entites qui brillent au noyau divin, elle a parfait son grand voyage, elle ne pense plus, elle ressent l’extase et se fond dans cette masse de beatitude ineffable vers laquelle elle a toujours aspire. Et ce qu’elle a perdu en individualite, elle ne saurait le regretter tant la sensation de rejoindre la plenitude apporte au perisprit vibrant un accomplissement infini.
Petite bulle energetique a l’origine, echappee par un reflexe purement mecanique a la matrice des mondes, notre Psyche a du parfaire pendant des millenaires son champ magnetique a travers les formes de la matiere, pour retourner, accrue, magnifiee, jusqu’a sa source et s’y absorber dans un etat supreme de conscience spirituelle. Ainsi l’ame croissante de l’homme, par le jeu cosmique de revolution, rejoint l’eternelle plenitude de la divinite.
Notre planete et l’au-dela represented deux milieux de la nature, juxtaposes dans lesquels l’ame plonge tour a tour au rythme de phenomenes que nous denommons la naissance et la mort et qui ne sont que les incarnations et desincarnations successives d’une meme entite psychique.
La vie de l’ame apparait ainsi comme une suite de metamorphoses qui se poursuivent tout au long d’un cycle evolutif, en vertu d’un mouvement a deux temps. Au cours de ce mouvement le champ magnetique, qui constitue le substratum de l’etre etherique, s’accroit sans cesse de nouvelles molecules electriques et sa luminosite s’intensifie. Simple monade energetique a ses origines, l’ame retourne magnifiee, accrue, au sein de son Dieu, c’est-a-dire an foyer cosmique dont elle n’etait, au depart, qu’un infime crepitement.
Il est bien evident que les conditions de vie dans ces deux milieux — incarne et desincarne — ne peuvent etre les memes. La vie terrestre, c’est-a-dire la vie cellulaire, implique l’existence d’une atmosphere protectrice et l’attraction d’une pesanteur qui nous maintient dans notre milieu. Elle exige egalement une certaine temperature propice a la germination.
La vie etherique, elle, represente le domaine des radiations, des forces electriques, C’est le milieu de predilection de l’ame, celui ou son champ magnetique n’est plus prisonnier d’une defroque charnelle et recouvre toutes ses possibilites d’expansion.
Pouvons-nous connaitre la vie de l’ame dans cet au-dela mysterieux ? Pouvons-nous concevoir son comportement dans ce milieu radiant si radicalement different de notre monde sensible ?
Nous sommes parvenus, certes, a etablir des contacts presque parfaits avec les etres etheriques. Nos mediums entraines reussissent tres aisement a se “ brancher ” sur eux et a capter leurs trains d’ondes ; de nombreux experimentateurs ont ameliore a tel point leur technique qu’il leur suffit, en quelque sorte, de tourner le bouton de leur poste humain de radio.
Nous pourrions donc, semble-t-il, interroger librement les desincarnes sur leur genre de vie, sur leur comportement, sur les lois naturelles qui, necessairement, les regissent, eux aussi, leur poser mille questions qui nous viennent a l’esprit, les presser de nous repondre, de mettre fin a l’angoissante incertitude de la plupart d’entre nous, en un mot nous livrer a une methodique exploration de l’astral.
Nous le pouvons, certes, mais il nous faut, pour cela, attirer l’attention d’une entite suffisamment evoluee, ce qui est loin d’etre facile, et ecarter les autres desincarnes qui se pressent “ au bout du fil ” et qui paraissent d’autant plus desireux de se manifester qu’ils s’averent incapables d’expliquer leur propre etat.
Lorsque enfin une entite superieure consent a s’interesser a nous et a nous repondre, de nouvelles difficultes, encore plus serieuses, apparaissent. Il nous faut, alors, parvenir a comprendre ce qu’elle tente de nous expliquer avec des mots empruntes necessairement a notre vocabulaire humain et ces difficultes sont bien souvent insurmontables car elles tiennent essentiellement a l’indigence de notre esprit, de notre intelligence. Nous sommes des etres a trois dimensions — celles du volume — et nous trainons apres nous, tels des boulets, nos concepts de la matiere, du temps, de l’espace. Nous ne parvenons guere a nous evader de ces fictions de notre esprit.
Les desincarnes, eux, evoluent dans un milieu radicalement different du notre et qui, a leurs dires, ne comprend pas moins de quatre autres dimensions nouvelles, soit un total de sept.
Prenons un etre aquatique qui vit dans les profondeurs sous-marines ; dotons-le, en imagination, d’une intelligence superieure. Pourra-t-il, dans notre hypothese, admettre l’existence et concevoir l’etat psychique d’un homme qui, assis pres d’un poste de radio, fume sa pipe tout en ecoutant un concert ? Pourra-t-il seulement realiser qu’il fait jour en ce moment alors que tout est toujours tenebres autour de lui ?
Il est bien evident que nous ne pouvons concevoir la vie etherique des desincarnes que sous certains de ses aspects seulement, ceux qui se rapprochent le plus de notre propre comportement et n’impliquent pas le bouleversement de nos concepts habituels. Nous ne pouvons imaginer d’autres perceptions que celles qui sont deja notres, nous ne pouvons prendre conscience d’etats psychiques qui sortent du cadre de nos dimensions.
C’est sous ces reserves, et dans des conditions tres limitees par consequent, que l’on peut s’efforcer d’obtenir certains aperqus de la vie des desincarnes.
L’experimentation mediumnique nous permet d’assister au processus de la mort, c’est-a-dire a la desincorporation du perisprit qui, pour s’evader de sa prison charnelle, doit s’arracher aux fibres nerveuses qui tapissent le corps. Pour ce faire il amincit son champ magnetique en un fuseau de molecules electriques qui cherchent Tissue la plus favorable : la bouche ouverte, les narines, les yeux, mais toujours le haut du corps. Un nuage s’eleve au-dessus du mourant, relie encore a lui par un cordon fluidique qui s’etire, puis enfin se rompt. Le perisprit, delivre, se dilate ; son champ magnetique reprend une forme ovale, aux contours semi-humains, qui flotte quelques instants au-dessus du corps, puis s’eleve. Une veritable force l’aspire et alors, lentement, l’ame monte dans l’ether. Elle emporte en elle le subconscient qui se dilate et l’illumine. Le conscient et l’inconscient, ces deux autres etats de la vie psychique, s’abolissent car ils etaient uniquement necessaires au fonctionnement des centres cerebraux.
Suivons notre ame par la pensee, essayons de faire avec elle le grand voyage, celui dont on revient pas toujours, malheureusement. Nous nous apercevons aussitot quelle n’est pas seule dans sa montee. D’autres desincarnes, qui etaient venus l’accueillir, lui font maintenant cortege et montent avec elle. Ce sont ceux qu’elle avait connus et aimes au cours de ses vies precedentes et dont elle avait garde intimement le souvenir. Ils se rejouissent de sa renaissance a l’astral et se penchent vers elle avec les memes soins attendris que sur un berceau d’enfant.
Aussi bien l’ame, qui vient a nouveau de naitre a l’astral, a besoin de ces soins, de ce reconfort. Elle est troublee et ne realise pas son etat. Elle doit passer par l’enfance astrale, comprendre ce qui lui arrive et apprendre a se servir de ses possibilites infinies. Papillon qui ne sait encore voler, elle ne connait ni n’admet tout d’abord ses sens nouveaux, ses dimensions nouvelles. Durant ce premier stade inevitable et dont la duree varie avec revolution de chacun, l’etre etherique se trouve soumis a un etat de torpeur et vit dans un climat irreel. Il subit alors tres fortement l’empreinte de l’automatisme psychique engendre par ses habitudes terrestres. Son milieu nouveau lui parait etre un reflet, et seulement un reflet de ce que fut sa vie humaine. Habitue, par exemple, a porter des vetements, a habiter une maison, a accomplir a heure fixe une tache quotidienne, a aller prier a l’eglise, a discuter avec ses prejuges, il continue psychiquement a agir et a raisonner de meme.
Il est d’autant plus confirme dans son erreur, il vit d’autant plus son reflet terrestre que l’astral est le monde des formes pensees, des etats de conscience concretises. Par un phenomene remarquable que nous connaissons, il suffit dans l’astral de penser fortement, de desirer avec une certaine intensite pour qu’aussitot se cree la materialisation radiante du desir, de la volition. Durant cette periode de trouble, le desincarne, dont la conscience est encore rattachee a la terre par la routine de sa derniere incarnation, ne se rend bien souvent meme pas compte qu’il est mort — de nombreuses communications le prouvent. Il desire et cree des choses invraisemblables en harmonie avec une mentalite d’humain, et jouit en humain de ses creations ephemeres. Il ne sait encore discipliner ses pensees intimes ; son desir createur et ses propres realisations l’abusent. A son arrivee dans l’astral, les sentiments les plus divers l’agitent et se traduisent en formes concretes, plus on moins reussies, plus ou moins perissables.
Entrons en communication avec des desincarnes aussitot apres leur fin terrestre et durant cette periode de trouble. Certains, comme nous le disions plus haut, n’ont meme pas encore compris l’evenement de leur mort et c’est nous qu’ils questionnent pour savoir ce qui leur arrive. La plupart d’entre eux ont un comportement d’humain et continuent a s’interesser aux choses de la terre, a donner des directives a leur entourage pour la gestion des biens qu’ils ont laisses. Beaucoup, si nous les interrogeons, nous assurent qu’ils continuent a porter des vetements. L’explication est simple : ils ont en eux l’habitude de se vetir et inconsciemment, ils se creent leurs vetements.
Comme ces materialisations sont visibles pour tous, les desincarnes en arrivent, ce qui est un comble, a s’abuser mutuellement sur leur veritable etat. Ne soyons donc pas etonnes d’apprendre, par un desincarne, qu’au moment ou il communique avec nous, un pretre marche gravement a ses cotes, avec un livre de prieres sous le bras, ou que plus loin un avocat continue a travailler dans une bibliotheque. Il sera tres difficile de detromper notre communiquant et de lui expliquer que ce livre de prieres ou cette bibliotheque sont des creations purement psychiques. Il y a les mendiants qui ont tellement l’habitude d’un porche d’eglise, ou d’un coin de rue qu’ils recreent dans l’astral leur cadre familier et continuent a mendier. L’avare, prisonnier de sa psychose, sera au paradis : il pourra faire tinter sans fin devant lui des multitudes de pieces d’or et les entassera sans arret.
L’enfant, lui, durant cette periode, s’entourera de jouets. La petite fille se creera des poupees sans nombre et s’environnera d’un decor adapte aux histoires merveilleuses dont elle a ete nourrie.
Au bout d’un certain temps, l’etre etherique comprendra reellement qu’il n’est plus un enfant, un avocat on un mendiant, il prendra conscience qu’il est dans l’astral et que sa derniere existence humaine n’a qu’une valeur episodique dans la longue chaine de ses vies anterieures. Il comprendra egalement qu’il doit s’adapter a ce milieu nouveau et jouir en desincarne de ses possibilites de desincarnes qui sont immenses.
Pour en terminer avec cette periode de trouble, soulignons que nombreux sont alors les desincarnes qui croient passer par le Purgatoire. Tous les etats d’ame sont considerablement amplifies dans l’astral, amplifies a tel point que le moindre defaut revet l’aspect d’une monstruosite. C’est ainsi que l’avare finira par etre obsede par ces monceaux d’or qu’il creera sans treve autour de lui et il voudra fuir ces images sans cesse renaissantes. L’orgueilleux verra son perisprit afflige d’une veritable hypertrophie qui deviendra une gene insupportable, un mal lancinant. L’homme d’affaires menera une vie intellectuelle si intense, si febrile qu’il ne saura comment se retenir dans une course vertigineuse dont il est a la fois l’auteur et la victime. Celui qui avait l’habitude de se mettre en colere continuera a emettre des radiations rouges qui l’environneront d’un halo aveuglant. L’etre anime de mauvais sentiments de haine, de vengeance se verra entoure de ses creations psychiques, de formes pensees hideuses, redoutables, qui sont ses propres radiations et qui pour cela le poursuivront saris cesse.
Mais rassurons-nous. Cette periode est passagere ; nous sommes seulement au seuil de l’astral et dans l’astral tout est pardon, beaute, joie et amour.
Aide par d’autres desincarnes plus evolues, l’etre etherique finit par prendre conscience, plus on moins rapidement, de son nouvel etat, il finit par comprendre qu’il est la propre victime de son comportement terrestre, des defauts de sa vie passee. Il en tire une leqon concrete et agissante. Et peu a peu sa souffrance cesse, son trouble prend fin, son cauchemar s’evanouit. Pour lui tout va devenir plus calme, plus reel, plus beau.
Libre a nous, humains, de mieux nous preparer d’ores et deja a ce passage difficile, d’essayer de nous corriger de nos vices pour eviter qu’ils nous poursuivent trop longtemps dans l’au-dela, de nous montrer indulgents et bons envers nos semblables, en un mot de creer un climat favorable a notre prochaine vie etherique et d’eviter meme, si possible, cette periode de trouble particulierement desagreable et douloureuse pour certains.
Avant de nous engager plus avant dans cette exploration rappelons que dans l’astral tout est determine par le volume et la densite du champ magnetique de l’ame, de “ l’animus ” en general. La sphere d’activite, d’evolution de l’etre etherique varie donc en fonction de ce volume, de cette densite et nous realisons sans difficulte l’extreme diversite des conditions de vie que l’au-dela offre au desincarne suivant l’espace sideral ou il a la possibilite d’evoluer.
Prenons tout d’abord une ame basse, qui sort a peine de l’animalite. Elle en est a ses premieres vies humaines, trois ou quatre par exemple, et les instincts la dominent. Son champ magnetique est petit et lourd ; replie sur lui-meme et sans luminosite. Il ne participe pas aux radiations qui baignent ceux plus evolues. Cette ame est au plus bas de l’echelle astrale et ne represente qu’une unite au sein d’une multitude grouillante de perisprits larvaires. Sa desincarnation, il vaut mieux le dire, ne lui apporte d’autre bien-etre que l’absence de souffrance physique. Elle se trouve dans une obscurite presque totale et sa pensee amorphe realise a peine son etat. Son sejour dans l’astral sera du reste tres bref et elle se reincarnera a la premiere occasion.
L’ame epuree, qui vient d’achever, au cours des millenaires, le cycle de ses reincarnations, se trouve dans une situation qui n’est en rien comparable a la precedente, et qui echappe meme a notre entendement. Pour decrire son etat laissons donc la parole a un desincarne.
“ L’ame pure monte en fleche sereine vers l’infini ou elle s’absorbe enfin, sans un souci, sans une entrave. Elle est vaporeuse, brillante de luminosite. Elle se baigne de fraicheur ou de tiedeur a son moindre souhait, elle ecoute cette divine harmonie que produisent les spheres dans leur lente et incessante revolution. L’ame pure voit les siens, morts ou vifs, des qu’elle le desire. Elle peut aider ceux qui l’implorent et qu’elle entend a l’instant meme ou ils formulent leur pensee. Le futur n’existe pas pour elle et elle peut decider de son sort completement. Si elle le veut, elle participe a Saturne, a Jupiter ou a Uranus. Si elle le prefere, elle se recueille dans l’omniscience. Bref, en un mot elle est divine. ”
Entre ces deux extremes qui representent l’un, l’ame au sortir de l’animalite, l’autre, l’ame a la fin de son odyssee humaine, prenons un etre etherique moyen, c’est-a-dire tel qu’il se presente apres cinq ou six cents reincarnations et suivons-le a son arrivee dans l’astral.
Nous avons vu qu’il passe tout d’abord par une inevitable periode de trouble, mais il est maintenant conscient de son etat. Son perisprit est leger et clair et il eprouve un immense sentiment de delivrance. Son champ magnetique baigne dans une radieuse ambiance qui lui procure un etat d’euphorie, de plenitude, de serenite. Il conqoit l’infini, y participe et ses moindres impulsions resonnent avec amplitude dans un milieu electrique qui est son essence meme.
Son premier etonnement sera de retrouver dans la survie, s’ils ne sont pas reincarnes, ceux qu’il a profondement aimes au cours de ses vies anterieures. Son ame a garde l’empreinte de ses affections du passe et les etres si chers, attires par cette force d’amour reciproque, seront la a l’attendre, a l’accueillir a son eclosion a l’astral, a se rejouir de son retour parmi eux. Plus il aura aime profondement, plus nombreuse sera la cohorte joyeuse qui se pressera a ses cotes et l’entourera d’une tendresse et d’une sollicitude constante. Et au sortir des epreuves de la terre, de l’epaisseur de la chair, ce sera l’immense bonheur du revoir, de la reunion, l’intense plenitude qu’apporte un sentiment de joie pure et sereine, depouillee de toutes les vilenies d’ici-bas et de toute jalousie.
L’etre etherique n’oubliera pas pour cela ceux qu’il a laisses sur terre et qu’il continue de cherir. La separation a ete, certes, pour lui un choc douloureux, mais il s’est vite rendu compte qu’elle n’etait que momentanee, qu’a son tour il aurait a accueillir bientot les siens dans l’astral et qu’en attendant ce moment il avait la possibilite de les regarder vivre, de loin, d’assister au deroulement de leur morne existence terrestre, de les aider meme, a leur insu, par ces mille intuitions que l’humain ressent sans pouvoir les expliquer et qui lui parviennent sous forme de radiations qui ebranlent son milieu psychique.
Car les desincarnes sont formels sur ce point : ils continuent a percevoir le monde vivant. Leur perception, bien sur, est radicalement differente de la notre et nous n’arrivons que tres imparfaitement a comprendre leurs explications sur ce point. La forme meme des etres vivants et le decor terrestre ne semblent plus qu’un accessoire de leur “ vision ”, alors qu’au contraire l’ensemble des radiations emises par les differentes manifestations de la vie passent au premier plan. Ainsi les auras qui entourent les corps humains ou animaux, les formes pensees, les radiations que nous emettons sans cesse sont perques par eux avec une particuliere acuite. Par rapport a la notre, leur perception semble inversee. Prenons l’exemple concret d’une foret. Le desincarne ne s’attache pas, comme nous, au contour exterieur des arbres. Il perqoit les vibrations moleculaires de cet ensemble vegetal ainsi que son champ magnetique qui s’eleve de terre et qui, sous forme d’une masse grouillante de particules electriques, constitue l’ame groupe de la foret. Il ressent en bloc et la couleur du feuillage et la fraicheur qui s’en degage et le chant des oiseaux et le murmure du vent dans la ramure. De loin notre planete lui apparait comme un magma assez confus et, s’il s’en rapproche, un rassemblement humain, dans une cite par exemple, fera jaillir pour lui un ensemble de points plus ou moins lumineux qui representent des etres evolues et dont la vie radiante est plus intense.
Mais le desincarne qui parvient a se brancher sur l’antenne fluidique d’un medium, perqoit alors, par les yeux memes du medium, le decor qui entoure celui-ci. Il entend ce qu’entend le medium, ressent ce que celui-ci ressent, en un mot utilise les organes des sens qui sont mis a sa disposition. Toutefois sa perception est de beaucoup plus aigue que celle du sujet ; ainsi, par exemple, le desincarne perqoit les radiations des personnes qui entourent le medium et comprend, par ce moyen, les sentiments qui les agitent, sans “ lire ” dans leur pensee ainsi qu’on serait tente de le croire.
Ainsi encore le desincarne guidera la main du medium guerisseur vers le siege du mal interne du patient ; sans meme s’en douter le medium a joue le role d’un appareil de radioscopie.
Dans l’astral, les sensations chez l’etre etherique sont remplacees par des etats de conscience et nous avons vu, dans un chapitre precedent, que tout s’analyse en un climat psychique cree par l’action des radiations de l’exterieur sur les cellules electriques du perisprit. Le champ magnetique de l’ame se trouve directement impressionne par le rayonnement du dehors ainsi qu’une pellicule photographique.
Ce rayonnement procure au desincarne des etats plus ou moins agreables suivant l’espace astral dans lequel il evolue car il ressent directement les pensees bonnes ou mauvaises dont sont animees les entites qu’il cotoie et les sentiments les plus divers exteriorises alentour le baignent de leurs vibrations plus ou moins benefiques. Nos differentes perceptions visuelles, auditives, olfactives ou du tact se trouvent unifiees en une seule qui les contient toutes et qui est ressentie par l’etre etherique dans l’ensemble de son corps astral, avec une particuliere acuite. Ainsi, des qu’il quitte son enveloppe charnelle, il perqoit le son feutre et doux engendre par la rotation de notre planete et le froissement de son atmosphere. C’est une melopee qui se propage en lui et l’accompagne dans sa montee. Bientot les autres astres vont meler a leur tour leurs notes differentes a ce concert celeste qu’il ressent intensement sans plus avoir besoin de l’entendre. Les desincarnes semblent du reste particulierement friands de cette musique des spheres et ils s’etendent avec complaisance, dans leurs messages, sur l’extraordinaire ambiance qu’elle leur procure.
Des qu’il est quelque peu evolue, l’etre etherique parvient meme a “ gouter ” a la lumiere qui surajoute ses sensations a celles du son. Le rayonnement de chaque astre s’offre a sa perception et le penetre de ses effluves vibrants. Tour a tour, il baigne son entite magnetique aux radiations des mondes mineraux, de ceux ou la vie vegetale etouffe le sol de sa luxuriance, ou encore de ceux qui ont donne naissance a des humanites aux formes differentes et appropriees au milieu planetaire. Comme des bouffees il en ressent les emanations electriques et son climat psychique varie a l’infini suivant des tonalites extremement changeantes.
Le desincarne peut du reste, a son gre, se tourner vers l’exterieur pour participer ainsi aux radiations du dehors, ou, au contraire, se replier sur lui-meme, abaisser ses volets en quelque sorte, pour s’absorber dans une contemplation interieure que plus rien ne vient troubler. L’extase mystique lui fait alors oublier l’apotheose des cieux.
Un certain jour, au cours d’une seance d’experimentation, nous avions cru bon de faire part au desincarne, qui communiquait avec nous, de l’opinion suivant laquelle la mort pouvait en realite constituer une diminution du fait de la perte des organes des sens. Notre question etait posee avec une ingenuite malicieuse, il faut l’avouer, destinee a l’embarrasser. Nous fumes vertement rabroues en ces termes :
“ Qu’etes-vous humbles terriens, pour croire que quelqu’un puise un jour souffrir de ne plus satisfaire vos tristes besoins ? Vos sens, infiniment grossiers, sont remplaces par ceux de l’autre vie. Pour Tame moyenne c’est une transformation de l’aube en un midi radieux. Pour l’ame belle, c’est l’extase, le sublime bonheur.
Ici, meme pour le plus malheureux, tout se decuple, tout s’illumine et si celui-la ne peut y prendre part assez pour y baigner son ame, c’est alors qu’il revivra pour avancer.
Plus de vos yeux mais une infinite d’antennes auxquelles correspondent des perceptions. Nous avons mille yeux et mille oreilles sans avoir un seul de ces organes et nous pouvons percevoir une chose infiniment menue qui echappe completement a vos sens, comme la perception la plus enorme et la plus violente ne saurait nous effrayer ni nous assourdir. ”
Cette reponse nous montre a quel point il est difficile, quasiment impossible meme, de traduire en un vocabulaire humain les explications que tentent de nous donner les desincarnes sur leur etat et leur comportement par dela les barrieres de la vie cellulaire. Comment concretiser, comment seulement concevoir une ambiance essentiellement electrique ou les phenomenes radiants occupent la place preponderante, ou la forme ne represente plus qu’un instantane du mouvement, ou perception et comprehension ne font qu’un, ou les forces psychiques asservissent la matiere releguee au rang d’accessoire, ou la pensee est plus fulgurante que l’eclair et n’a meme plus besoin d’etre exprimee.
Il faut bien comprendre que la mort, en brisant le cadre de la prison charnelle qui enserrait l’etre etherique, le libere du meme coup des trois dimensions de ce milieu. Le desincarne reprend alors conscience d’un monde aux dimensions nouvelles et la matiere, le temps, l’espace ne lui apparaissent plus que de derisoires concepts humains qui bornaient naguere sa comprehension. Desormais son jugement apparait essentiellement different du notre car les termes de comparaison ont change. Ce que nous estimons capital lui semble futile. Il n’admet plus, et les messages requs nous le montrent bien, que nous ne puissions realiser la relativite de notre vie, de nos actes, de nos sentiments et il en manifeste souvent une extreme impatience. Le fosse qui nous separe, nous, humains, du monde invisible de l’au-dela n’est pas d’ordre materiel mais d’ordre spirituel et la est l’ecueil. On parvient presque toujours en effet a communiquer plus ou moins bien avec les desincarnes et il est meme possible d’envisager un avenir ou, grace aux progres de nos techniques, un appareillage electrique perfectionne nous permettra d’entrer en contact avec les entites magnetiques de l’astral aussi facilement que nous utilisons un poste de radio ou de radar. Mais il sera par contre toujours aussi difficile d’interpreter leurs messages et la portee des mots empruntes, faute de mieux, a notre vocabulaire humain.
C’est ainsi que, de prime abord, nous demeurons confondus de constater que le passe et le futur n’existent plus pour le desincarne. Le temps se trouve raye de l’astral et nous assistons, etonnes, a la remontee dans le passe du desincarne comme a la consultation par lui du futur. Il nous parait aussi a l’aise pour nous decrire un evenement enfoui sous la poussiere des siecles, que pour nous assurer que le futur n’existe pas et nous administrer aussitot la preuve de son affirmation.
La connaissance qu’il a du passe est celle qu’en fin de compte nous admettons le plus vite car le desincarne parvient a nous l’expliquer d’une maniere assez concrete. Il n’a aucun mal en effet a nous convaincre que nous ignorons tout des proprietes de l’ether qui baigne notre planete et notamment de ses proprietes photoelectriques grace auxquelles les radiations que nous emettons se fixent en cliches. Le phenomene, que nous avons deja eu l’occasion de signaler, est en somme assimilable a celui de la television en ce sens que l’image, transmise sous forme de mouvements vibratoires, est enregistree dans l’ether comme sur un ecran qui en conserve indelebilement la trace au cours des siecles. Les moments les plus importants de notre vie, ceux qui donnent naissance, en raison meme de leur intensite, au depart d’un train d’ondes de television, se trouvent ainsi fixes dans l’astral. Il parait — et on les comprend — que les desincarnes n’ont rien de plus presse, a leur arrivee, que d’aller consulter leur propre passe et de satisfaire leur curiosite en voyant revivre, sous forme de diorama, les civilisations de l’antiquite. Les professeurs d’histoire doivent eprouver d’intenses satisfactions, et aussi quelques petites contrarietes, en confrontant la realite avec leurs enseignements sur terre.
De toute faqon, c’est par ce moyen que le desincarne apprend a se connaitre et a connaitre d’abord son age reel qui est celui de son ame et non celui du corps qu’il vient de quitter. L’age de son ame, disons-nous, c’est-a-dire le nombre de ses vies anterieures. C’est alors que le desincarne, et alors seulement, comprend le sens de la vie, la relativite de chaque chainon et l’importance de son “ moi ” psychique qui en est le seul trait d’union. C’est alors qu’il conqoit que l’etre vivant n’est qu’un lieu de passage pour son entite radiante et que seul compte l’ampleur du mouvement evolutif qui le mene lentement, mais surement, vers le but souhaite, la fin du cycle de ses reincarnations, et l’integration au noyau divin. Le desincarne comprend alors ses erreurs, reconnait les actes bons et mauvais qu’il a commis au cours des siecles, se rejouit ou se desole de sa derniere incarnation, comprend la raison de la souffrance qui seule permet d’epurer son champ magnetique et prend toutes sortes de bonnes resolutions pour sa prochaine reincarnation... quitte a ne pas les tenir.
Les desincarnes, qui connaissent ainsi le passe, consentent de bon gre a nous renseigner, nous humains, sur nos propres vies anterieures et si certains d’entre eux, peu evolues, ne peuvent le faire directement ils ne manquent pas de faire appel a une entite plus elevee qui disposera d’un moment pour satisfaire notre curiosite. Nous les avons souvent interroges sur la duree moyenne de notre evolution dans le cycle humain, c’est-a-dire sur le nombre des reincarnations que nous devons endurer. Cette duree est variable suivant les individus. Tout ce que l’on peut dire est que le cycle humain comporte une moyenne de huit cents reincarnations, avec un minimum de 500 vies et un maximum de 1.500. Notons qu’en general les vies successives d’un humain sont de plus en plus courtes si bien qu’a la fin du cycle l’epreuve terrestre est de moins en moins pesante. Voila qui attenue quelque peu l’effet deprimant des chiffres que l’on nous enonce. Vers la fin de notre evolution nous choisissons souvent, parait-il, des incarnations de plus en plus ephemeres, celles d’enfants mourants en bas-age, par exemple, ce qui permet au perisprit “ de se debarrasser d’un leger poids importun ”.
Quelle interminable et lente procession de vies successives peuvent ainsi contempler les desincarnes au Kaleidoscope de l’astral. A les entendre, rares sont les epurations obtenues en cinq cents existences. Cela se voit pourtant pour des ames vaillantes qui sont allees au-devant des plus grandes epreuves. Dans la plupart des cas, on aperqoit une trainee de huit cents a neuf cents vies successives, ce qui est en general suffisant pour parfaire l’ame. Mais lorsque celle-ci est tres paresseuse ou que l’etat humain lui agree, tout se voit, on decouvre alors des series de mille deux cents a mille trois cents reincarnations.
Mais laissons la le passe et tournons-nous vers l’avenir. Si invraisemblable que cela puisse paraitre a l’humain non averti, les desincarnes connaissent le futur, tout au moins notre futur. Il est indiscutable qu’ils peuvent nous reveler l’avenir et les predictions dont on a verifie l’exactitude ne se comptent plus.
La plupart des desincarnes avec lesquels nous correspondons habituellement ne parviennent pas a nous donner une explication claire et plausible de ce phenomene. La reponse ne peut etre attendue que de communiquant particulierement evolues et qui, aussi, comprennent la necessite de se mettre a notre portee, “ d’humaniser ” en quelque sorte le processus du phenomene.
A propos du probleme de la destinee nous avons eu l’occasion d’apprecier, dans leur detail, les explications qui peuvent etre ainsi recueillies. Bornons-nous ici a rappeler que la vie, sous ses differentes formes, ne peut se manifester ni meme se concevoir sans une conjonction du plasma de la cellule avec les radiations cosmiques qu’il condense et transforme, sans un apport energetique exterieur et incessant. L’homme est une pile electrique qui a constamment besoin d’etre chargee par l’energie cosmique sur laquelle il est branche. Lorsque le branchement est coupe, la pile se vide, les cellules du corps voient decroitre leur potentiel, la mort survient. Le deces peut etre attribue a la lesion d’un organe en particulier, parce que cet organe a failli le premier, mais la cause est plus profonde en realite. Le probleme de la vie nous echappe car nous n’en etudions qu’un des facteurs — la pile — sans nous preoccuper de l’autre facteur, sans meme soupqonner qu’il existe un second phenomene grace auquel la pile est constamment rechargee. La cellule est vehicule de vie et non-vie ; elle absorbe de l’energie et la transforme en energie vitale.
Nous ne connaissons rien de ce second phenomene, c’est-a-dire de l’energie cosmique. Pour cacher notre ignorance nous disons d’elle quelle est une manifestation de l’Inconnaissable, d’une divine source electrique qui permet la vie sur les mondes. Mais le probleme ainsi pose, nous pouvons plus aisement concevoir la realite du destin. Ce qui constitue notre destin, notre futur, ce sont precisement ces radiations cosmiques qui permettent la vie en nous et autour de nous. Du fait que nous nous trouvons en circuit avec ces radiations cosmiques, nous nous trouvons du meme coup branches sur notre futur. Oui, le futur est deja cree en ce sans que les radiations energetiques sillonnent les espaces sideraux pour nous atteindre et lorsque la radiation atteint notre planete, touche notre corps, l’acte du futur s’accomplit dans l’instantaneite du contact, c’est-a-dire du present.
Or le desincarne, qui lui aussi se meut dans l’espace sideral, n’a qu’a se placer en un point quelconque de la trajectoire de ces radiations cosmiques pour connaitre notre futur energetique. Retenons cette explication comme celle de nature a nous faire admettre le phenomene. Il s’agit en realite d’un processus “ humanise ”, c’est-a-dire adapte a notre entendement et traduit avec des mots de notre vocabulaire. Le phenomene est a la fois plus simple et plus complexe, plus simple pour le desincarne qui n’a point besoin de se transporter en un point quelconque de la trajectoire cosmique car le temps et l’espace ne comptent plus pour lui, plus complexe pour nous, terriens, qui ne pouvons imaginer le bain energetique dans lequel la vie grouille, larvaire on sublimee par l’esprit.
Mais si le desincarne a ainsi la possibilite de connaitre le futur, il ne le connait que dans la mesure ou ce futur est deja cree, ou il existe a l’etat de tendance, de determination dans le mouvement radiant en marche vers son objectif du present humain. Notre destin n’est qu’un canevas, c’est-a-dire que seules les grandes lignes en sont tracees d’avance. Tout le reste est du domaine du libre arbitre et notre libre arbitre nous permet de reussir plus ou moins la broderie d’un canevas inflexible. Nous concevons ainsi la part du determinisme et celle du libre arbitre dans notre existence humaine ; et le determinisme qui nous regit est encore bien relatif puisque c’est nous-memes qui l’avons choisi, dans l’astral, avant de renaitre a la vie cellulaire.
Le desincarne pourra donc savoir si notre vie sera longue ou courte, si elle se terminera dans la paix familiale ou dans un destin tragique mais il ne saura pas par avance de quelle maniere nous reagirons aux differentes epreuves de notre condition, quel parti nous saurons tirer des differentes situations dans lesquelles nous nous trouverons.
Une erreur que beaucoup commettent est de croire que les desincarnes, du fait qu’ils connaissent notre destin, peuvent nous le reveler lorsque nous les interrogeons. Il faut absolument mettre en garde les experimentateurs contre cette croyance fort repandue et dont on ne peut attendre que mecomptes et deboires. Les desincarnes n’ont absolument pas le droit de nous reveler notre destin. Le divulguer constitue pour eux une faute, une faute grave meme que peu d’etres etheriques consentent a commettre. Et cette interdiction se conqoit fort bien ; le sens de notre vie serait entierement fausse si nous connaissions par avance les epreuves qui nous attendent et la date de notre mort comme celle des etres qui nous sont chers. Le temps nous bande les yeux et il est bon qu’il en soit ainsi car sinon nous commettrions mille folies et en arriverions a nous detruire nous-memes. Notre structure psychique est telle que nous ne pourrions supporter le choc du destin, pas plus que notre structure organique ne peut resister a une pression atmospherique differente de celle pour laquelle elle a ete conque.
Toutefois, sentant combien notre desir est grand de connaitre par avance une date, d’etre averti d’un fait, le desincarne qui nous aime et qui voudrait nous aider se laisse aller parfois, nous disons bien se laisse aller, a nous reveler une petite partie du futur, en le voilant un peu, en deformant sciemment les circonstances, pour etre moins reprehensible, pour en eprouver moins de remords. Il peut ainsi se dire a lui-meme qu’il nous a trompe en partie, qu’il nous faut interpreter ce qu’il nous a dit, que notre libre arbitre trouve done encore sa part. De la les symboles frequemment employes par les desincarnes relativement a un fait du futur.
Ajoutons que ce futur qui nous est ainsi revele en partie, qu’on nous laisse plutot deviner est en realite la plupart du temps du present, car la radiation cosmique est tout pres de nous toucher, car nous “ baignons ” deja dans son influx. Ainsi le desincarne pourra, peu de temps a l’avance, nous annoncer que nous partirons en voyage et si nous devons prendre un bateau, il nous dira peut-etre qu’il faut nous preparer a un trajet par chemin de fer...
Mais si les radiations energetiques du futur representent pour nous un “ no man’s land ” sur lequel il est interdit de s’aventurer, par contre c’est en consultant ces radiations, qui constituent pour lui une bande photoelectrique, que le desincarne choisit son destin lorsqu’il est sur le point de se reincarner et c’est en se branchant a ces radiations qu’il pourra renaitre a la vie cellulaire. Encore faut-il remarquer, nous le savons, que son choix est tout relatif en ce sens que le desincarne ne peut pretendre qu’a un destin en rapport avec son evolution. Il ne peut se brancher que sur les radiations qui passent a sa portee dans l’espace sideral ou il evolue en raison du volume et de la densite de son champ magnetique. Un desincarne qui n’a encore vecu que quelques vies humaines au sein d’une tribu primitive de Lapons, par exemple, ne peut aspirer a incarner dans son existence suivante un professeur de faculte dans une capitale europeenne. Comment le pourrait-il alors que sa spiritualite n’est qu’un devenir ? Comment desirerait-il du reste vivre dans un milieu pour
lequel il n’eprouve aucune affinite ? Tout viendra en son temps et, dans la longue chaine de ses reincarnations, notre Lapon se hissera peu a peu a une condition meilleure, a un milieu intellectuel de plus en plus eleve.
Mais continuons a suivre par la pensee notre sujet etherique dans l’astral. Nous venons de voir qu’il avait la faculte de remonter dans le passe comme de se mouvoir sur la courbe du futur. Parmi les nouvelles possibilites du milieu avec lequel il prend contact il en est une dont la puissance est telle qu’il commence par en etre le jouet ; c’est celle du desir createur.
Le desir createur, les desincarnes nous le decrivent comme “ le merveilleux present d’un Dieu de bonte a l’ame qui tend a le rejoindre ”. Dans l’astral penser c’est creer et ces creations se differencient par leur duree, leur beaute ; leur perfection est fonction du climat psychique de chaque entite. L’astral est le monde des formes pensees, des etats de conscience concretises en ce sens que l’etre etherique cree autour de lui l’ambiance qu’il desire, exteriorise en une projection radiante le decor dont il desire s’entourer.
A propos de la periode de trouble qui suit la mort nous avons vu que ces formes pensees se manifestaient avec une telle realite, une telle intensite qu’elles abusaient le desincarne qui en etait l’auteur inconscient. Peu a peu l’etre etherique apprend a discipliner ses desirs, il apprend que dans l’astral vouloir c’est pouvoir. Le perisprit peut alors se baigner de fraicheur ou de tiedeur a son moindre souhait. Il peut modifier sa forme, revetir tous les aspects. Il peut creer autour de lui toutes choses, les materialiser en quelque sorte.
Le milieu astral est eminemment favorable a la propagation des ondes electriques, c’est un milieu ou toute vibration s’amplifie a l’extreme. Le desincarne veut-il etre le spectateur d’une scene qui se passe tres loin de lui ? Il n’a pas a se deplacer. Il se “ branche a la masse ”, au noyau ; des que sa charge electrique est suffisante, il emet son onde vers le point desire, il projette un faisceau de ses radiations et aussitot il voit, il sent, il comprend. Le desir, des qu’il se fait jour, se detache du perisprit en un mouvement radiant qui va frapper son but et y declencher une onde de television qui retourne vers l’emetteur. C’est par ce moyen que les desincarnes parviennent a percevoir notre monde vivant, lorsqu’ils le desirent. C’est par ce moyen egalement que deux entites, eloignees a l’extreme l’une de l’autre, se reunissent par leur seul appel mental. La pensee a une fulgurance et une efficacite qui defient notre entendement. Desir, impulsion, volition impliquent leur immediate realisation. Cette faculte nous apparait a tel point merveilleuse et surnaturelle qu’il nous faut un effort d’abstraction pour en prendre conscience.
Le “ branchement a la masse ” dont il vient d’etre question demeure pour nous, il faut bien le reconnaitre, un phenomene inexplicable. Il parait conditionner, semble-t-il, certaines des possibilites les plus importantes de l’etre etherique et lui permettre, notamment, de visiter les mondes stellaires ou de participer a la vie de certaines planetes. Le cosmos constitue un immense champ magnetique qui vibre en circuit ferme. Il suffit au perisprit de s’integrer a la valse inlassable de ces radiations, de se brancher a ce circuit gigantesque qui defie notre entendement, pour n’avoir plus a compter avec le facteur distance. Notre concept humain de l’espace se trouve soudainement vide de toute realite. Lequel d’entre nous ne se rejouit a l’idee qu’il pourra ainsi connaitre les merveilles du ciel etoile et parcourir les immensites stellaires ? Lequel d’entre nous ne se sent pousser des ailes lorsqu’il apprend qu’il pourra participer a Saturne, ce monde en etat de perfection cristallisee ou tout est vert emeraude, ou le sol est translucide, ce monde qui represente un paradis intermediate ou les desincarnes vont gouter aux plaisirs passagers d’une semi-incarnation sous une forme inspiree de l’humain mais parfaite, ce monde ou tout revele le gout, le sens profond du beau.
Mais laissons parler un voyageur de l’astral. Que voit-il ? “ Des etres de reve, sans besoins terrestres, glissent en lentes theories, materiels et pourtant aeriens, et se meuvent par longues enjambees, dans un air rarefie ou le moindre mouvement transporte l’etre demesurement loin. Sejour edenique. L’air y est d’hydromel et l’eau d’ambroisie. La musique environnante creee par le lent deroulement des anneaux de Saturne baigne les habitants de sa lente et pure psalmodie. L’eau tiede et transparente peut les accueillir. Sur les fleuves de lents corteges se deroulent sur des bacs charges d’etres purs et superbes. Vision de reve et de paradis. Des anges passent au loin, a peine visibles. L’atmosphere, tres rarefiee, laisse filtrer des visions lointaines sur des rayons dores. C’est vraiment, mes amis, un monde parfait. C’est la premiere recompense donnee a l’ame bientot pure, le premier contact avec la divinite. ”
Ne nous sentons-nous pas a notre tour baigne de douceur en lisant cette extraordinaire description ?
Mais pour d’autres desincarnes, plus evolues, Saturne represente un paradis encore trop charnel. Ils vont alors, nous disent-ils, gouter a l’ambiance d’une fluidite bleue qui est celle de Mercure. Ici nulle vie, nulle agitation. Planete divine, “ habitable aux divines formes auxquelles elle donne le calme et la serenite, la majeste du decor, la jouissance de baigner en une fluidite splendide et souveraine ”. Un monde statique en quelque sorte, representant l’instantaneite dans le mouvement. “ Si un esprit y passe, nous dit-on, il y reste invisible et si l’homme pouvait contempler ce monde il y trouverait l’irreelle splendeur de l’immobilite ”. Est-il lasse de Mercure, le desincarne se transporte alors en Uranus ou l’air est, parait-il, bleu saphir durant ses nuits tres longues et ou le jour se traduit par une teinte mordoree. Le perisprit y vivra une existence de reve et participera a des jouissances paradisiaques reservees aux etres superieurs et que nous ne pouvons concevoir.
Quant a Jupiter, ce monde qui n’a jamais vecu et ne vivra jamais, aux dires des desincarnes, cette sphere enorme ou rien ne germe mais ou tout existe, c’est le sejour des bienheureux. Aucun mot de notre vocabulaire ne peut, parait-il, le decrire. Il est du reste inaccessible aux entites qui communiquent habituellement avec nous et dont revolution n’est pas encore terminee. Et ceux qui sont en Jupiter n’eprouvent aucunement le besoin, semble-t-il, d’entrer en rapport avec nous ; ils doivent se sentir aussi loin psychiquement de l’humain que nous le sommes nous-memes d’un crapaud blotti dans les herbes du marecage.
Mais le plaisir n’est pas tout, meme dans l’au-dela, et animes par un incessant desir d’evolution, de progres, les desincarnes s’astreignent souvent a des taches, a ce qu’ils appellent des missions. C’est ainsi qu’aupres des humains ces missions sont multiples et ordinairement remplies par des ames moyennes, non encore au bout de leur evolution. Certaines d’entre elles, par exemple, s’astreignent a veiller, avec une tendre sollicitude, sur les etres chers laisses sur terre. Elles agissent par ces impulsions, ces intuitions que nous ressentons parfois au plus profond de nous-memes et que nous ne parvenons pas a expliquer. Elles jouent ainsi a notre egard le role “ d’anges protecteurs ” comme la croyance populaire l’admet facilement. D’autres entites essayent de guider les humains, de les elever spirituellement, de leur faire entrevoir la lumiere. D’autres assistent les malades, les infirmes et essayent de les soulager. D’autres encore, tres nombreuses, se donnent pour tache de veiller aux desincarnations qui se produisent a tout instant sur terre et d’accueillir les perisprits aussitot a leur arrivee dans l’astral, de les reconforter, de dissiper le trouble extreme qu’ils ressentent. D’autres encore se plaisent a inspirer les poetes, leurs dictent en partie leurs oeuvres comme ce fut le cas, par exemple, pour Musset et pour Hugo. Ces activites, ces missions varient a l’infini et tout ceci ne represente qu’un simple aperqu.
Mais ces missions de toutes sortes aupres des humains, ces migrations dans l’espace a la recherche de mondes paradisiaques, le decor sans cesse renouvele dont ses creations psychiques l’entourent au moindre de ses desirs, toutes ces activites surnaturelles qui nous enchantent et nous deroutent ne representent pour Psyche qu’une manifestation accessoire de ses dons nouveaux.
Ce qui compte pour elle, ce a quoi elle attache encore plus de prix, c’est qu’en elle, graduellement, elle sent naitre et croitre l’une apres l’autre, les connaissances fragmentaires dont Dieu forme la somme.
Dieu ? Nous nous efforqons, nous humains, d’en concevoir l’existence, d’en saisir les aspects. Mais c’est en vain que nous pressons sans cesse les desincarnes de nous en parler, de le decrire, comme si Dieu pouvait etre pense par nous, comme s’il pouvait etre decrit avec des mots humains. C’est en vain que nous nous penchons sur ces messages emis par dela les barrieres de la mort, que nous les analysons, les scrutons, dans l’espoir insense de connaitre l’inconnaissable. C’est en vain que nos amis invisibles, conscients de notre angoisse, essayent de nous expliquer que Dieu est un et tout, qu’il est unique et multiple, que nous le detenons en nous-memes et que son rayonnement est partout repandu, qu’il est notre ame et le cosmos a la fois, qu’il est le pole radieux d’un univers courbe, le noyau d’une immense cellule electrique qui vibre en circuit ferme, le proton solaire autour duquel gravitent les electrons du monde sensible, et qu’il est en meme temps une intelligence supreme, un ocean de lumiere aussi bien qu’un rayonnement d’amour.
Psyche, elle, dans sa vie etherique conqoit Dieu et conqoit son infini. Elle le conqoit si bien, avec une telle intensite, elle est a ce point attiree vers ce pole attractif si beau, si absolu, qu’elle n’hesite pas a vivre et revivre des centaines d’existences de misere et de douleur pour s’epurer, pour s’elever, pour s’approcher de ce foyer divin. Et au rythme millenaire de ses naissances et de ses morts elle parvient finalement a s’integrer a lui, a baigner aux sources du concret, a gouter enfin a la beatitude, a cet etat ineffable qui satisfait a toutes les sensations de bonheur reunies en une seule.
Et nous, nous ne comprenons toujours pas. Notre plus intense effort d abstraction se revele derisoire, notre imagination affolee vagabonde a la poursuite de concepts toujours nouveaux et qui toujours s’evanouissent. Une lueur tout au plus, parfois, et aussitot apres l’aveu de notre impuissance. Non, nous ne comprenons pas, l’humaine nature est ainsi faite et tout est bien ainsi.
N’est-il pas deja suffisant de savoir que Psyche existe ?
Une monade electrique qui s’echappe d’un foyer divin energetique pour s’incruster et se parfaire, pendant des millenaires, dans les moules des regnes mineraux, vegetaux, animaux et humains, tel parait bien etre, en egard a notre planete tout au moins, l’effet de cette loi cyclique d’evolution dont l’ampleur demesuree permet a l’ame de remonter jusqu’a sa source pour s’y absorber a nouveau. Et, par une sorte de reflexe destine sans doute a l’equilibre cosmique de ce noyau divin qui, dans son statisme, n’est susceptible ni d’accroissement ni de diminution, une egale quantite d’energie initiale est a nouveau projetee vers l’exterieur pour connaitre a son tour l’odyssee de la matiere et de la forme.
Envisagee dans son ensemble, la finalite de la creation nous echappe et echappera probablement toujours a notre entendement. Peut-etre ne faut-il voir en elle qu’une des manifestations, a son plus haut degre, de ce pouvoir surnaturel de l’astral de concretiser pour un temps la forme pensee. Peut-etre que notre univers n’est en somme qu’une forme pensee de l’Inconnaissable, la materialisation ephemere d’un de ses etats de conscience, la manifestation episodique d’un seul de ses desirs createurs. Ce qui pour nous se perd dans l’infini du temps peut ne representer qu’une breve seconde de l’eternite et n’avoir plus de valeur en soi qu’un eclat de rire qui se repercuterait dans l’immensite du cosmos.
Aussi bien cette loi cyclique qui imprime son mouvement evolutif aux formes de la vie planetaire comme a celles de la vie etherique n’est peut-etre qu’un des aspects d’un mouvement encore plus vaste, d’une loi encore plus generale qui gouverne l’univers sideral et lui impose son obscure finalite. Sur l’escalier du temps, d’autres marches se succedent peut-etre qui permettront d’acceder plus haut, d’autres forces pensees se concretiseront, d’autres constellations illumineront la voute des cieux.
Le probleme est demesure pour l’humain et il est sage probablement qu’il en soit ainsi. Que vaudrait la vie si plus rien ne restait a decouvrir, si l’attrait du mysterieux ne faisait plus battre le creur de l’homme, si l’on ne se sentait plus pris de vertige au bord du gouffre de la connaissance, si dans un morne univers aux secrets profanes une absolue certitude imposait son etouffante monotonie.
Si toutefois le probleme de la creation est demesure dans son ensemble, si son enonce et sa solution se perdant dans l’infini du temps et de l’espace comme deux droites paralleles qui ne se rejoignent a aucune de leurs extremites, du moins les ambitions du chercheur peuvent etre plus modestes et tel le biologiste qui effectue une mince coupe d’une cellule pour la fixer sous son microscope, pouvons-nous tronqonner le long fil de l’eternite et nous pencher sur cette tranche infime qui represente quelques centaines de siecles ?
Bornant ainsi nos pretentions a l’une seule de ses palpitations, la pensee divine parait bien etre de tendre a la creation d’ames de plus en plus pures, de plus en plus attirees vers leur source magnetique.
Une ame pure, qu’est-ce en somme ? Sur le plan physique un champ magnetique parfait, mais en quoi consiste cette perfection ? Sur le plan spirituel une unite psychique exclusivement impregnee de la plus haute valeur morale, mais en quoi consiste cette valeur morale ? Purete, perfection, valeur morale, que representent ces notions au prisme de l’astral ?
Seule une ame pure est susceptible de repondre a cette interrogation, mais ses vibrations sont d’une nature telle qu’elles ne peuvent etre sensibles a une oreille humaine. Il faut necessairement assurer un relais, interposer un transformateur entre son entite radiante et l’antenne fluidique du medium. Un second desincarne, moins evolue et par consequent plus pres de nous, va jouer ce role : il va “ humaniser ”, a notre intention, traduire en pensees assimilables ce qu’une Psyche a pu ressentir au sortir de l’epaisseur de la chair, lorsqu’elle quitte, eperdue, notre planete pour remonter aux sources du concret, telle la phalene irresistiblement attiree par la clarte de la lampe. Un moment viendra, bien sur, ou nous la perdrons de vue, ou aucun de nos mots ne pourra plus traduire son etat. Mais peut-etre qu’alors nous aurons mieux pu saisir la realite de sa finalite supreme et que nous en garderons comme un eblouissent interieur.
Voici que l’experience commence. Le relais est assure, le medium est branche ; ecoutons ce message qui nous parvient de l’autre bout de la vie : “ Quelles miseres physiques, quelles souffrances interminables secouent mon corps de quinze ans. Je suis si seule parmi cette douleur. Si seule et si abandonnee. Abandonnee, le suis-je ? Helas quelqu’un retient ma main, la serre, s’y accroche. Qui est-ce donc ? Ah oui, c’est ma mere. Elle souffre, la pauvre, mais cela m’est presque indifferent.
En somme, a quoi bon finasser, 9a y est, je vais mourir. La mort, mon Dieu, j’en ai peur. J’ai froid, j’ai peur. Que faire ? Ma mere peut m’arracher a ce froid, peut-etre. Oui, ma mere, mais je ne la trouve plus. Ma mere, ma mere. Comme j’ai froid, comme je deviens lourde, lourde. Je ne sens plus mon corps. Je n’ai plus mal ; ma mere a mal dans son creur, dans son ame, moi je n’ai plus mal, mon ame n’a plus mal.
J’ai froid, je n’ai que ce froid qui me gene. Ces sanglots aussi me genent. C’etait ma mere, pauvre mere. Tant pis, cela n’est plus a moi. J’etais sa fille, pauvre mere. Mais qu’a-t-elle a pleurer ? Comme c’est desagreable, qu’elle arrete, je ne veux plus l’entendre.
Ce corps froid, qu’il me pese, quel poids intolerable. Partir, partir, je veux partir. C’est terrible, pourquoi mes yeux sont-ils fermes ? Je suis prisonniere, je veux partir, je dois partir.
La, je monte, je monte. Enfin j’ai trouve l’issue de ma froide prison. Je monte, qui m’aide ? Quelqu’un m’aide. Je ne vois rien, mais je sens que quelqu’un m’aide.
Enfin, je me sens ailleurs, je n’ai plus froid, je suis mieux. On me soutient, je ne le sens pas, je le sais. C’est nouveau. On m’explique, je n’entends rien, je comprends. Oui, c’est nouveau. Tout se modifie, on dirait que je flotte. Mais je n’ai plus mes yeux pour voir. Comment voir, comment entendre ? Non, je n’ai pas peur ; oui, je saurai m’adapter.
M’adapter, m’adapter, qui m’a dit que je devais m’adapter ? Quelqu’un m’a dit : “ Ne crains rien, tu vas t’adapter ”. Mais puisque je n’ai plus d’oreilles, comment puis-je entendre ?
Oh, cela redevient desagreable. Qu’on me rende mon corps. Je veux voir, je veux entendre, comme tout le monde. Tout le monde ? Quel monde ? Comme je suis a nouveau mal a l’aise. Laissez-moi, il me faut m’adapter.
Quelle est cette clarte ? C’est tres leger, tres diffus. Ces sanglots encore. C’etait ma mere. Il parait que je vais mourir. Mais voyons, c’est plus simple, je suis morte deja. Bien sur, c’est l’evidence, je suis morte et je vais m’adapter.
On m’y aide. Deja j’aper9ois ce lit, ce corps vide de moi, ces gens prostres qui etaient mes parents. Ma sreur, en bas. Comme elle me ressemble ; je crois presque que c’est moi. C’est bien plus moi que ce corps etendu. Non, c’est elle. C’est ma sreur, mon pere est a cote. C’etait ma famille mais ce n’est plus ma famille.
Ces ombres verticales que je vois d’en bas comme si j’etais une tombe au pied de hauts cypres, ces ombres qui m’appellent et qui m’aident, voila ma vraie famille. Grace a elles je commence a m’adapter. Je les vois mais je suis immobile, allongee.
Pourquoi rester allongee ? Je voudrais les rejoindre. Je vais les rejoindre. Je monte encore, je monte. Elles m’aident. Je vois clair, je me sens bien. Enfin, je suis droite a mon tour et je me sens poussee.
Je suis accompagnee par ces formes. Qui sont-elles ? Je suis bien. Elles expliquent que je suis morte, que je suis pure, que je vais etre adaptee. Ce sont des ames claires et lumineuses. Moi aussi je suis une ame; je ne brille pas beaucoup, on dirait.
Je monte, c’est agreable d’etre poussee ainsi. Ce qui me pousse, je ne le sais pas. Je monte et mes amies m’entourent. II y en a une qui est si belle, si lumineuse, un peu bleutee. Elle me guide et elle m’aide. Je l’aime, elle est l’amie de mon ame. Comme tout est bon autour de moi. Quelle bonte m’environne. Je ne vois plus mon lit, ma chambre, ma maison. J’avais une mere, une famille. C’est fini tout cela. Pourtant je les aimais, ils etaient tout pour moi. A present c’est different. J’etais si seule, malgre eux, sur terre. Le royaume des cieux, on me dit que c’est la fin de la solitude, que c’est le bonheur absolu. Je dois seulement m’adapter. Je monte, je monte, je suis bien. La terre, je ne sais plus ou elle est. A present je suis si heureuse et tout est bon et beau et secourable. Je suis poussee vers le haut et on m’entoure. Je suis heureuse, jamais plus je ne serai seule. Mes yeux s’ouvrent mais ce ne sont pas des yeux. Mes mains touchent et je n’ai plus de mains. J’entends une musique suave et majestueuse. Qu’est-ce ? Ma grande amie me dit que c’est la terre dans l’espace qui engendre cette musique dans sa lente et incessante revolution. Je voudrais voir la terre, d’en haut. On m’explique que je le pourrai bientot, lorsque je serai adaptee.
On me pousse de plus en plus fort. On m’affirme qu’on ne me pousse pas, que c’est moi qui monte, toute seule. Mais je sais bien qu’on m’aide ; sinon pourrais-je ainsi monter ? C’est ma grande amie, elle doit me tirer et elle est si delicate qu’elle ne veut pas l’avouer. Comme je monte vite. Je ne vois que du bleu autour ce moi. Je ne comprends pas bien, c’est agreable, c’est frais et il y a toujours cette musique. Je veux m’adapter vite.
Et puis, on m’aide tellement. Merci, mes amies. Vous m’aimez et je vous le rends bien. Enfin je monte moins vite, je crois que je m’arrete. Je contemple. Il y a de grandes foules blanches et aucun bruit sauf la douce musique.
Les groupes sont nombreux et calmes. Toutes ces ames sont lumineuses et je crois que je suis comme elles. Pourtant je ne suis pas arrivee a destination. Il parait que je dois m’arreter ici et ensuite je monterai encore.
A nouveau voici ma grande amie. Elle m’expliquera tout en detail et elle m’aidera. Avec elle je ferai pelerinages et voyages. Elle me conduira aussi vers ma vraie place. Ici je suis entouree, fetee, tout le monde m’aime. Quel bonheur de n’etre plus seule. Merci, mon Dieu, de m’avoir fait quitter tous ces destins cruels qui furent les miens. Quelle joie d’etre delivree de ce corps et des servitudes qu’il m’imposait. Je suis parmi les elues et le moment venu je rejoindrai definitivement leur demeure. ”
Et Psyche continue son emouvante narration. Elle realise maintenant son etat et elle est loin, tres loin des agitations humaines. Tout ce qui nous semble essentiel lui apparait derisoire. Pourquoi nous attacher a tant de petitesses ? Comment le veritable sens de la vie peut-il a ce point nous echapper ? Pourquoi ne nous preoccupons-nous pas davantage de notre ame, puisqu’elle seule nous permet de survivre, puisqu’elle seule represente une valeur qui ne soit pas ephemere ? Pourquoi s’attacher a ce point a un corps ? Tellement de cadavres ont deja jalonne, pour chacun de nous, les etapes de l’odyssee terrestre. Pourquoi cette peur de l a mort hante-t-elle nos nuits ? Ne savions-nous pas deja, avant de renaitre quelque part sur cette sphere, que la mort est une delivrance, qu’une aube radieuse succede toujours au crepuscule pour se transformer en un midi brulant dont les chauds rayons embrasent l’etre d’une plenitude demesuree ? Par suite de quelle aberration collective notre jugement est-il ainsi fausse ? Les reflexes obscurs de la chair sont-ils donc a ce point meurtriers pour l’esprit ?
Psyche, enfin pure et delivree, sent ses conceptions anciennes se detacher de son mental et tomber comme de lourdes ecailles qui masquaient sa comprehension et pesaient sur l’essor de sa spiritualite. Une grande paix la baigne et les ames sreurs qui l’entourent irradient leur bonte universelle. La grande difference avec la vie terrestre, elle la comprend tres vite. Sur terre chacun s’aime egoistement et, malgre les aspects les plus trompeurs, chacun vit absolument pour soi seul. Il en resulte pour l’etre humain une grande solitude. Dans l’astral, et parmi les ames pures plus encore que partout ailleurs, un sentiment prime les autres : les formes qui entourent Psyche sont aussi elle-meme. Toutes sont identiques dans leur aspect, leur but. Les autres, c’est encore Psyche. En les aimant Psyche s’aime, s’identifie a elle-meme. Plus de calcul mesquin, plus de rivalite. Tout egoisme a disparu et avec lui la grande solitude morale de l’etre humain.
Durant cette premiere periode, Psyche a voulu se pencher sur son passe astral et revoir ceux qui furent sa famille terrestre dans sa derniere incarnation. Laissons-lui a nouveau la parole.
“ Il a fallu se brancher et c’est ma grande amie qui l’a fait car elle est plus habituee que moi. J’ai tout d’abord ressenti un tiraillement assez desagreable puis, dans un petit espace rond comme un faisceau d’ondes ou un rayon de lune, j’ai aperqu des astres en suspension dans l’ether. Un rayonnement cosmique a fait ensuite refluer vers moi les images des differentes couches de l’astral, leurs blanches formes et les decors crees par les desirs fantasques des entites. Puis, au fur et a mesure de la descente, les ombres devenaient grisatres, les decors moins heureux. Dans les basses couches une multitude de perisprits larvaires grouillaient, sans reflexes, comme endormis et des decors imprecis traduisaient les instincts primitifs et sombres. Puis ce fut le magma confus et opaque des ames groupes des regnes inferieurs animaux et vegetaux. Je percevais maintenant la terre, ses abords, son atmosphere. Des paysages fuyaient que je ne connaissais pas. Puis soudain un decor familier remonte jusqu’a moi, c’est ma ville, ma maison. Dans la chambre de mes parents qui sont couches, je contemple le visage de ma mere, creuse par les souffrances et les insomnies. Mon ame fond en pitie et tout a coup, avec fulgurance, tous les souvenirs de la terre m’assaillent. Mon pere, ma mere sont la, si pres et si loin a la fois. J’ai terriblement mal. Je souffre et me retrouve aussi fragile et incertaine qu’au moment de ma mort. Je sens que je vais perdre tout le benefice de mon adaptation si l’experience dure encore. Il est temps d’y mettre fin.
Les spectacles terrestres, nous le comprenons, retardant les desincarnes dans leur montee et presque tout est a refaire lorsqu’on laisse se retisser les sentiments qui les enserraient. Dorenavant, c’est vers d’autres horizons que partira Psyche.
Encadree d’ames sreurs elle glissera a travers l’espace, mollement balancee, pour visiter son nouveau domaine. Parcourant des milieux differents, partout elle sera comblee de musique, de bien-etre et de connaissances nouvelles. Tantot elle retrouvera les spectacles qu’elle avait jadis connus et ce revoir sera d’une grande douceur, tantot des entites accourront vers elle et elle se sentira transportee au paradis de l’altruisme. L’altruisme n’est-il pas le sentiment dominant des hautes spheres ?
Mais le champ magnetique de Tame pure a atteint son plus grand developpement, sa densite s’est allegee a l’extreme et son eclat est insoutenable. Il doit monter encore plus haut, jusqu’a son pole attractif.
L’heure a sonne pour Psyche de joindre sa place definitive dans la phalange des ames pures. Elle est parvenue au sommet de revolution, elle a termine sa periode d’adaptation et satisfait a toutes ses curiosites. Il ne lui reste plus qu’a s’integrer a la grande cellule pour ressentir la plenitude de l’altruisme et partant la plenitude de la sensation paradisiaque.
Entouree etroitement par ses semblables, identique a elles, vibrant a leur unisson, tout sentiment personnel eteint, elle entre fremissante en la divinite, devient divinite elle-meme. Elle s’est donnee sans retenue, s’est resorbee dans un elan de dernier sacrifice et cette negation definitive de l’ego, cet altruisme sans reserve, cette volition de s’aneantir pour s’offrir toute entiere lui font acceder a la beatitude supreme. Son intelligence, superieure et detachee de tout, embrasse le cosmos dans son ensemble. Perdant tout interet pour l’exterieur, elle s’abime dans une extase qui est la finalite de revolution. Tout l’univers qu’elle cree sans treve s’abolit pour ses sens. Elle est devenue la cause et ne sera jamais plus un effet.
Enfin liberee de ses chaines et oublieuse des meandres bourbeux de ce qui fut le fleuve de ses vies anterieures, la voici maintenant remontee a sa source, goutte pure qui se fond dans la grande vasque de cristal eclatant d’ou toute vie s’echappe, ou toute vie revient et que nous nommons Dieu.
II n’a pas ete numerise.