entéléchie
Sommaire
·
[-] Français
o [×] Étymologie
o [+] Nom commun
o [×] Voir aussi
o [×] Références
Étymologie[modifier
le wikicode]
Emprunté au bas latin entelechia (« essence de l’âme
(au sens aristotélicien de principe vital) »), lui-même issu du grec
ancien ἐντελέχεια,
« énergie agissante et efficace (par opposition à la matière
inerte) » ou pour traduire littéralement :
ἐν - τελ -
έχε - ια ;
ἐν « dans »,
τελ=« limite », « termes »,
έχε=« avoir, tenir, garder » et suffixe -ια
Entéléchie signifie donc
littéralement : « fait de se tenir dans ses limites » ou
« action de conserver ce qu’on possède ».
Nom commun [modifier
le wikicode]
Singulier |
Pluriel |
entéléchie |
|
entéléchie \ɑ̃.te.le.ʃi\ féminin
1. (Philosophie) Réalisation de ce qui était en puissance, par laquelle l’être trouve sa
perfection (tradition aristotélicienne).
§
L’âme est l’entéléchie première
d’un corps naturel doué d’organes et ayant la vie en puissance. — (Aristote, De l’âme, II, I, § 5)
§
On pourrait donner le nom d’Entéléchies à
toutes les substances simples, ou Monades créées, car elles ont en elles une
certaine perfection (échousito entelés), il y a une suffisance (autarkeia) qui les rend
sources de leurs actions internes et pour ainsi dire des Automates incorporels.— (Leibniz, Monadologie, § 18)
2. (Littéraire) (Péjoratif) Choses
abstraites qui contentent l’esprit.
§
Estimez vous heureux de trouver un amateur qui, de votre
vivant, mettent en legs de cette X algébrique, de cette force galvanique ou de
polarisation, de cette entéléchie, de cette sotte chose, quelle
qu’elle soit, un prix très réel, le prix de votre ombre, auquel sont attachés
la possession de votre maîtresse et l’accomplissement de tous vos vœux ; — (Adelbert von
Chamisso, L’étrange histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a
vendu son ombre, 1813 ; traduit de l’allemand par
Hippolyte de Chamisso, 1822,
p. 77)
§
Quant à Rousseau, il n’a fait qu’habiller des
raisonnements et des systèmes. Julie et Claire sont des entéléchies,
elles n’ont ni chair ni os. — (Balzac, Illusions perdues,
1843)
§
Dès mon retour d’Italie, je fus pris par le service
militaire et envoyé à Nancy. Je n’y connaissais âme qui vive, mais
je me réjouissais d’être seul, car il apparaissait ainsi plus clairement à mon
orgueil d’amant et à Alissa que ses lettres étaient mon seul refuge, et son
souvenir, comme eût dit Ronsard, « ma seule entéléchie ». — (André Gide, La porte étroite,
1909, Le Livre de Poche, page 97)
Traductions[modifier le
wikicode]
±[Enrouler ▲]Notion philosophique
·
Allemand : Entelechie (de) féminin
·
Breton : entelekiezh (br) féminin
·
Occitan : entelequia (oc) féminin
·
Portugais : enteléquia (pt) féminin
PHILOSOPHIE
A.− TRADITION ARISTOTÉLICIENNE. Principe créateur de l'être, par lequel l'être trouve
sa perfection en passant de la puissance à l'acte; p. méton., l'être
lui-même en tant que réel et source d'action. Il [Dieu] est
ce qu'Aristote appelle une entéléchie (...) un être ayant en soi sa fin et sa
perfection (Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p. 158).
− P. ext. Chose ou être qui permet à l'esprit ou au cœur de
trouver son plein épanouissement. Ses lettres [à
Alissa] étaient mon seul refuge, et son souvenir, comme eût dit
Ronsard, « ma seule entéléchie » (Gide, Porte étr.,1909,
p. 550).
♦ Péj. Principe
abstrait. Quant à Rousseau, il n'a fait qu'habiller des
raisonnements et des systèmes. Julie et Claire sont des entéléchies, elles
n'ont ni chair ni os (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 425).
B.− DOCTRINE VITALISTE. ,,Force vitale distincte de la matière et gouvernant
par sa finalité propre les mécanismes qui conduisent à une adaptation
biologique`` (Thinès-Lemp. 1975). Les vitalistes
pensent à l'entéléchie comme à un tout vivant qui procrée et anime ses parties
(J. phys. et Radium,1935,p. 173D).D'après eux, [les
vitalistes] les processus responsables de l'unité de l'être vivant
étaient dirigés par un principe indépendant, une entéléchie, une idée analogue
à celle de l'ingénieur qui construit une machine (Carrel, L'Homme,1935,
p. 38).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃teleʃi]. Ds Ac. 1762. Étymol.
et Hist. Ca 1380 endelechie (J. Lefevre, trad. La
Vieille, 222 ds T.-L.); 1564 entelechie (Rabelais, Le Cinquième
Livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 69). Empr. au b. lat.entelechia «
essence de l'âme (suivant Aristote) », gr. ε ̓ ν τ ε
λ ε ́ χ ε ι α « énergie agissante et
efficace (p. oppos. à la matière inerte) ». Fréq. abs. littér. : 18. Bbg. Mat. Louis-Philippe.
1951, p. 287. − Rétif (A.). Anatole France et le dict. Vie
Lang
propriété,
qualité de l'être (l'Être)[Classe]
caractère,
état, propriété[Classe...]
caractère
d'une chose réelle[Classe]
science
philosophique[Classe]
métaphysique[ClasseHyper.]
philosophe
de la Grèce antique[Classe]
philosophe.[ClasseParExt.]
achèvement[Thème]
idéal[termes
liés]
notion
philosophique[DomainRegistre]
factotum
(en)[Domaine]
exists
(en)[Domaine]
philosophy
(en)[Domaine]
FieldOfStudy
(en)[Domaine]
geography
(en)[Domaine]
Human
(en)[Domaine]
existence - philo,
philosophie - grec,
grecque, grecques, Hellène - philosophe[Hyper.]
Aristote[Thème]
réalité,
réel[Propriété~]
véritable[CeQuiEst~]
existant - actuel - factuel - métaphysique - aristotélicien,
aristotélique, péripatéticien, péripatétique[Dérivé]
état
de ce qui est accompli, réalisé[Classe]
notion
propre à Aristote[Classe]
réalité,
réel[Hyper.]
métaphysique,
sciences métaphysiques - Aristote[Domaine]
entéléchie (n. f.) [histoire ,
philosophie]↕
Le Littré (1880)
1. Dans
le langage d'Aristote, qui est le créateur du mot, la force par laquelle un
objet passe d'un premier état à un second, de ce qu'il n'était pas encore à ce
qu'il est ; force considérée par rapport au but auquel elle tend.
• L'âme est l'entéléchie première d'un corps naturel doué d'organes et
ayant la vie en puissance (ARISTOTE De l'âme, II, I, § 5)
• Il y concevait [dans la matière] une certaine force qui n'est plus
une simple grandeur géométrique ; c'est la fameuse et obscure entéléchie
d'Aristote, dont les scolastiques ont fait les formes substantielles, et toute
substance a une forme selon sa nature (FONTEN. Leibnitz.)
• L'âme est une entéléchie, c'est-à-dire autant qu'on peut conjecturer,
le principe actif de tout ce qui se produit en nous (CONDILLAC Hist. anc. liv. III, ch. 21)
2. Synonyme
de monade, dans le système de Leibnitz.
• Il [Leibnitz] donnait le nom de monades ou d'entéléchies aux
substances simples bornées aux seules perceptions, et il réservait celui d'âme
aux substances simples douées de perception et de conscience (BONNET Oeuvres mél. t. XVIII, p. 90, note 5, dans POUGENS)
ÉTYMOLOGIE
Terme
grec provenant de deux mots se traduisant par : achevé (de en et fin), et
avoir.
·